Brent Burns. Un nom qui, à 40 ans, ne devrait plus circuler autant sur le marché des joueurs autonomes.
Et pourtant, à l'aube du 1er juillet, l'ancien des Sharks et des Hurricanes est au cœur des rumeurs les plus folles. Et cette fois, c'est à l'intérieur même de la division atlantique que ça s'agite : Montréal, Toronto et Détroit seraient tous sur le cas.
Le lien avec Montréal est aussi étonnant que fascinant. Selon ce qui circule dans les coulisses du Tricolore, Kent Hughes serait prêt à envisager l'option Burns advenant l'échec de la piste Noah Dobson ou d'un autre défenseur droitier. Un plan D? Peut-être. Mais un plan D stratégique.
Brent Burns est un droitier. Une denrée rare. Et au sein du CH, la seule promesse à ce poste est Logan Mailloux. Mais l'avenir de Mailloux est flou : soit il est échangé dans une transaction, soit il monte à Montréal pour de bon. Et dans ce dernier cas, Brent Burns serait un mentor idéal pour l'aider à apprivoiser les responsabilités d'un défenseur de la LNH.
Burns, en entrevue de fin de saison à Raleigh, n'a pas parlé de retraite. Au contraire. Il a même affirmé vouloir jouer encore « tant que je me sens utile ». Et avec 82 matchs joués cette saison, une utilisation de plus de 20 minutes par soir, six buts et 29 points, il reste très utile.
Ce qui retient l'attention à Montréal, c'est que Burns cherche un endroit tranquille. Il a déclaré qu'il veut « un endroit où les gros médias ne dirigent pas tout ».
Brent Burns est arrivé devant les journalistes, calme mais visiblement chargé d’émotions. Après une longue saison, ponctuée de hauts et de bas, le vétéran n’avait pas encore statué sur son avenir.
« Rien n’a vraiment changé », a-t-il lancé dès le début.
« Je n’ai pas trop voulu y penser cette année. »
L’an passé, il avait souffert d’une blessure qui l’avait mené à une chirurgie, ce qui a affecté sa saison sur les plans physique et mental. Mais cette année?
« Je me sentais bien physiquement. Mon corps allait bien. »
Même s’il ne voulait pas se projeter trop loin, Burns a reconnu à quel point il s’était plu à Raleigh. La ville, les gens, la routine, la famille : tout rentre dans une formule qui semble parfaite pour lui.
« C’est un endroit spécial. On a une vie de famille ici. Les journalistes sont très gentils et nous laissent tranquilles. Le trajet vers l’aréna prend 30 à 45 secondes. Peu importe les feux rouges. »
À ce moment-ci de sa carrière, ces petits détails prennent une grande importance.
« C’est une grande ville qui a l’âme d’une petite ville. »
Côté hockey, Burns a accepté un rôle différent cette saison, plus défensif, plus effacé. Loin de le voir comme une rétrogradation, il en a plutôt parlé comme d’un défi stimulant.
« J’ai aimé ça. C’était différent, mais c’était plaisant. »
Aux côtés de Jaccob Slavin, il a affronté les meilleurs trios adverses chaque soir.
« Si tu fais une erreur, c’est une occasion en or pour eux. C’est stressant, mais c’est ce qui rend ça aussi excitant. »
La question de la Coupe Stanley est inévitable à ce stade de sa carrière. Burns en est bien conscient. Il sait à quel point les occasions sont rares et précieuses.
« Il faut que tellement de choses s’alignent pour que ça fonctionne. Tu regardes les autres séries, et tu vois des équipes incroyables éliminées rapidement. Il faut une chimie spéciale. »
C’est pourquoi il chérit ce groupe des Hurricanes :
« C’est une équipe spéciale. Les gars rient ensemble, travaillent fort. »
Il a aussi parlé avec tendresse de son entraîneur, Rod Brind’Amour. Ce qui nous fait dire qu'il adorerait Martin St-Louis, car on parle du même genre d'entraîneurs.
« Il a un respect automatique. Il sait ce que c’est, parce qu’il l’a vécu comme joueur. Quand il te parle, tu sais qu’il comprend ce que tu vis. »
Burns a souligné combien ça fait une différence au quotidien.
« C’est plus facile de recevoir une critique quand elle vient de quelqu’un qui a été à ta place. »
Enfin, lorsqu’on lui a demandé s’il voyait un retour à Raleigh, il a été clair :
« On adore être ici. On aimerait que ça fonctionne. »
Il a cependant reconnu qu’il avait besoin de temps, que beaucoup d’éléments entrait en jeu, notamment la famille, les enfants, leur scolarité.
« En ce moment, je fais juste conduire les enfants à leurs activités et penser à changer mes pneus », a-t-il lancé avec humour.
Est-ce qu'il aurait la patience de gérer l'hystérie de la Place Bell, de RDS, de TVA Sports et de la chambre bondée du Centre Bell? Difficile à croire. Mais s'il accepte un rôle de mentor sur la deuxième paire, avec des responsabilités réduites, il pourrait trouver une forme de paix au sein d'une jeune équipe montante.
Toronto, de son côté, semble prêt à lui offrir une réelle chance de gagner la Coupe. Brad Treliving veut changer l'âme de son vestiaire. Mais Toronto est aussi pire que Montréal, point de vue médiatique.
Brent Burns serait une bouffée d'air frais, un leader excentrique mais respecté, et surtout un arrière capable de relancer l'avantage numérique des Leafs.
Avec ses compétences de quart-arrière, sa vision et son "slapshot", il offrirait un soutien immédiat à Morgan Rielly. Il pourrait jouer en deuxième duo, prendre la place de Klingberg, et transformer le vestiaire.
Mais les Leafs ne sont pas seuls. Détroit est à surveiller. Steve Yzerman a besoin d'un vétéran à droite pour encadrer Moritz Seider et Simon Edvinsson.
Burns pourrait y voir un beau projet de transmission, et une équipe en progression rapide, à la recherche d'une première participation aux séries depuis 2016.
Et puis, il y a les Hurricanes. Rod Brind'Amour adore Burns. Il l'a défendu publiquement en fin de saison :
« Il est phénoménal. Il a su adapter son jeu. Il nous a donné un excellent rendement, surtout en infériorité numérique. Il peut encore jouer à haut niveau ».
Mais les Hurricanes veulent rajeunir. Et son contrat étant terminé, ils ne semblent pas prêts à lui offrir une prolongation.
Ce qui rend l'option Montréal plausible, c'est la possibilité d'un contrat très court, à bas prix. Burns veut jouer, pas faire sauter la banque.
Pour Kent Hughes, c'est une rare occasion de régler un problème à droite, sans briser la banque ou sacrifier de jeunes actifs. Un contrat d'un an, 2 ou 3 millions, et le tour est joué.
Reste que la médiasphère Montréalaise n'est pas faite pour tout le monde. Et Burns, avec ses barbes, ses reptiles exotiques et son obsession pour la tranquillité, pourrait vite déchanter.
Mais si l'appel de la métropole québécoise est assez fort, il pourrait devenir l'un des mentors les plus fascinants de la LNH. Et offrir à Logan Mailloux le modèle parfait pour apprendre sans pression.
D'ici là, son nom circule. De plus en plus fort. Et quand un nom comme Brent Burns résonne jusqu'à Montréal, ce n'est jamais pour rien.