Deux dépisteurs de Boston au Centre Bell... font jaser comme jamais...
Le retour du flirt entre le CH et les Bruins?
Dans tous les cas, on voit une galerie de presse bondée comme on n’en voit pas souvent un simple lundi d’octobre.
Et si la présence de quelques équipes adverses pouvait s’expliquer par le duel du soir entre Montréal et Buffalo, certains visages n’étaient pas là par hasard.
Deux dépisteurs des Bruins de Boston ont été aperçus, carnet à la main, regard attentif vers la glace. Et à en juger par les discussions dans les loges, Oliver Kapanen était clairement le joueur qu’ils étaient venus observer.
Le même Oliver Kapanen que Boston avait refusé il y a quelques mois dans une transaction potentielle.
Le même Kapanen qui, aujourd’hui, fait exploser les chiffres avec quatre buts en sept matchs (meilleur buteur des recrues de la LNH) pendant que Pavel Zacha, la cible du Canadien à l’époque, en récolte six points en sept matchs.
Une ironie du destin? Peut-être. Mais une ironie qui fait mal à Boston.
Rappelons les faits : l’été dernier, Kent Hughes avait approché les Bruins de Boston avec une offre audacieuse.
Une transaction potentielle autour de Pavel Zacha, en retour d’un trio de jeunes talents : Oliver Kapanen, Jayden Struble et Joshua Roy.
À l’époque, Boston avait dit non.
On estimait que Zacha, fraîchement stabilisé sur le premier trio, avait plus de valeur qu’un trio d’espoirs prometteurs, mais encore inconnus au niveau NHL.
Quelques mois plus tard, la donne a changé.
Kapanen est en feu à Montréal.
Struble, malgré son statut de septième défenseur, est vu à travers la LNH comme un top-4 potentiel dans plusieurs équipes.
Et Joshua Roy, même s’il se cherche encore, a le profil d’un ailier de middle-six productif à moyen terme.
S’il fallait refaire l’échange aujourd’hui, plusieurs observateurs à Boston reconnaissent qu’ils accepteraient immédiatement.
Mais voilà : l’offre n’est plus sur la table.
À Montréal, on savait qu’Oliver Kapanen avait du talent. Mais personne ne prévoyait une explosion aussi rapide.
Ses quatre buts en sept matchs sont plus qu’une statistique : ils traduisent un joueur qui s’impose comme une présence fiable, disciplinée et surtout, décisive.
Kapanen n’est pas spectaculaire. Il ne cherche pas les feintes impossibles.
Mais il joue un hockey efficace, compact, sans gaspillage de mouvement.
Ce que Martin St-Louis aime appeler « le hockey intelligent ».
Et c’est cette maturité de jeu qui a convaincu la direction du Canadien que le jeune Finlandais est désormais intouchable.
Hughes a confirmé à des proches collaborateurs que Kapanen ne serait plus inclus dans aucune transaction. Ni pour Zacha. Ni pour Mittelstadt. Ni pour personne.
Ce soir, la galerie de presse du Centre Bell ressemblait à un repaire de chasseurs.
Des représentants de 13 équipes de la LNH étaient présents.
Des dépisteurs de Columbus, Detroit, Los Angeles, New Jersey, Islanders, Philadelphie, et bien sûr Edmonton, qui a même dépêché deux observateurs, s’étaient déplacés. (pensaient-ils que Samuel Montembeault allait être en uniforme).
Mais c’est la présence des deux dépisteurs des Bruins qui a immédiatement capté l’attention.
Parce qu’elle relance une vieille tension commerciale entre Boston et Montréal, deux rivaux qui n’échangent presque jamais, mais qui se scrutent en permanence.
Dans le jargon de la LNH, quand une équipe envoie deux observateurs pour un seul match, c’est rarement anodin.
C’est un signe d’intérêt réel, d’évaluation ciblée, voire de préparation à une discussion officielle.
Mais cette fois, c’est Boston qui vient sonder.
Et Montréal qui tient les cartes.
Les Bruins sont dans une situation paradoxale.
Ils connaissent un mauvais début de saison avec 3 victoires et 4 défaires. La fenêtre de succès est fermée à double tour,
Leur noyau vieillit.
Et leurs jeunes ne percent pas au rythme espéré.
C’est pourquoi, selon plusieurs sources, Don Sweeney aimerait rajeunir sa ligne de centre.
Un joueur comme Kapanen, jeune, discipliné, déjà adapté au jeu nord-américain, correspond parfaitement à ce que cherche Boston.
Mais Montréal ne mordra pas à l’hameçon. On sent que Kent Hughes va offrir Owen Beck à la place avec Jayden Struble et Joshua Roy.
Et cela risque de ne pas être assez.
Ce que Boston a refusé il y a trois mois vaut le double aujourd’hui.
Kapanen s’est imposé. Struble est un défenseur NHL. Roy reste un projet intéressant. Montréal ne refera pas cette erreur deux fois. En fait, on peut se compter chanceux que Boston ait refusé.
Et les autres dépisteurs?
La présence massive d’observateurs ne concernait pas uniquement les Bruins.
Edmonton, avec deux recruteurs sur place, cherche désespérément un gardien, mais il y a lieu de se demander s'ils voulaient épier Samuel Montembeault avant de réaliser qu’il ne serait pas aligné.
Columbus et Dallas étaient également représentés, tout comme les Kings et les Flyers, dont Daniel Brière continue de chercher un défenseur gaucher robuste, une description qui correspond étrangement à Jayden Struble.
Bref, c’était un véritable marché flottant ce soir à Montréal.
Mais tous avaient les yeux sur les mêmes joueurs : Kapanen, Beck et Struble.
Et ces trois noms ont un point commun : ils sont liés à l’échange refusé pour Pavel Zacha. (Beck est aussi lié car il faisait partie d'une autre offre, aussi refusée par les Bruins).
Ce qui frappe dans tout ça, c’est que pour une fois, le Canadien a l’avantage dans les négociations.
Trop souvent, dans le passé, Montréal était le club qui devait offrir plus, compenser le manque de talent immédiat, ou se résigner à perdre un jeune prometteur.
Mais cette fois, Kent Hughes est en position de force.
Kapanen marque. Struble grandit. Roy reste une pièce d’avenir.
Et Zacha, bien qu’excellent, n’a plus le même attrait pour une équipe qui a déjà trouvé en interne ce qu’elle cherchait ailleurs.
Hughes a compris une chose essentielle : le développement, c’est la vraie monnaie d’échange.
Quand tes jeunes performent, le marché se renverse.
Et c’est exactement ce qu’on voit aujourd’hui.
Boston, longtemps perçu comme le modèle à suivre, regarde maintenant Montréal pour s’inspirer, observer, apprendre.
C’est un signe clair que la reconstruction du CH commence à inspirer le respect.
Ce soir, on a vu un club qui monte et un club qui surveille pour copier la reconstruction du CH.
Pour la première fois depuis longtemps, Montréal ne subit pas le marché, il le dirige.
Les dépisteurs affluent, les offres se multiplient, les jeunes explosent, et Kent Hughes ne cède rien.
Les noms de Kapanen, Struble, Beck et Roy circulent, mais dans un contexte où le CH peut enfin dire non sans trembler.
Et si Boston regrette déjà son refus, c’est parce que le rapport de force a basculé.
Le Centre Bell n'est pas pas seulement rempli de dépisteurs.
Il est rempli de preuves que le Canadien de Montréal est enfin redevenu une organisation enviée.