Caleb Desnoyers s’effondre sur la glace de Rimouski

Caleb Desnoyers s’effondre sur la glace de Rimouski

Par David Garel le 2025-05-28

C’était censé être son moment. Son tournoi. Son couronnement.

Mais à Rimouski, sous les projecteurs de la Coupe Memorial, Caleb Desnoyers est en train de s’effondrer. Littéralement.

Arrivé au Bas-Saint-Laurent avec l’étiquette flatteuse de potentiel choix top 5 au repêchage de la LNH, Desnoyers était attendu comme la vedette du tournoi.

Caméras, micros, flashs : tout était braqué sur lui. Il avait le look, la réputation, les statistiques de saison régulière… et la pression d’un futur sauveur d’organisation.

Trois matchs plus tard?

ZÉRO. Nada. Rien.

Pas un but. Pas une passe. Pas même une étincelle.

Dans un tournoi où les projecteurs brûlent et où les agents regardent chaque présence avec des jumelles d’observateur en chef, Desnoyers est invisible.

Et ce n’est pas juste une question de production offensive. Ce n’est pas un de ces cas où le joueur joue bien sans récolter de points. Non. Il ne joue pas bien, point.

Contre Rimouski, alors que l’on attendait qu’il prenne le contrôle du match, il s’est effacé, comme un fantôme glissant sur la glace. Pire encore, lors de ce match de Moncton remporté 6-2, il n’a pas inscrit un seul point. Même pas  de passe secondaire. Même pas un tir dangereux.

C’est un effondrement en direct.

Un crash boursier à la Connor Bedard inversée.

Et le plus troublant dans tout ça? Ce n’est pas nouveau. Des observateurs attentifs avaient déjà noté que Desnoyers pouvait être extrêmement inconstant.

Il avait eu des séquences difficiles, semblait nerveux, crispé, en manque de solutions offensives. Mais personne ne pensait que le crash serait aussi violent une fois rendu à la Coupe Memorial.

Le problème n’est pas seulement statistique. Il est mental, psychologique, émotionnel. On le voit dans son langage corporel. Il baisse les épaules. Il tourne au banc les yeux dans le vide. Il cherche, mais ne trouve rien. Il est dépassé.

Et les recruteurs? Ils prennent des notes. Des longues. Des très longues. Parce qu’un joueur qui s’effondre dans un tournoi de cette importance, avec autant d’attention médiatique, c’est un drapeau rouge fluo.

Oui, Desnoyers a du talent. Oui, sa saison fut impressionnante. Mais le repêchage ne se fait pas sur les statistiques seules. Il se fait sur le moment de vérité.

Et ce moment, il est en train de le rater.

Moncton a beau avoir gagné ce soir pour se qualifier en vue de la demi-finale contre les Knights de London, tout le monde s'inquiète pour Caleb.

Ses coéquipiers performent. Mais lui, le joueur censé porter l’équipe sur ses épaules, est celui qui la ralentit. Il ne joue pas comme un futur top 5. Il ne joue même pas comme un premier tour. Il joue comme un prospect perdu dans sa propre tête.

Le monde du hockey est cruel. Et la mémoire des recruteurs est longue. Ce tournoi restera collé à Desnoyers comme une tache sur une fiche autrement impressionnante. Chaque match sans point est un clou de plus dans son dossier de sélection. Chaque présence inefficace est une ligne de moins sur la feuille de confiance.

Et pourtant, il reste une chance. Un match. Peut-être deux. Mais la pression est maintenant décuplée. Il ne s’agit plus de se faire remarquer. Il s’agit de sauver la face. De sauver sa réputation. De sauver son rang.

Desnoyers n’a plus le choix. Le prochain match, c’est sa carrière qui se joue. Ou du moins, sa place au sommet du repêchage. Parce que pour l’instant, il est en train de passer de top 5 à à un choix de 1ère ronde beaucoup plus tard.

Et à Rimouski, tout le monde regarde.

Même ceux qui ne le voient plus sur la glace.

Il y a à peine quelques semaines, le nom de Caleb Desnoyers circulait à tue-tête dans les corridors du Centre Bell.

Certains "insiders" parlaient même d’un plan audacieux. Le Canadien, selon plusieurs sources, envisageait sérieusement de “monter” au repêchage pour aller chercher Desnoyers, quitte à sacrifier des atouts importants.

C’était la grande théorie : Nick Bobrov était “en amour” avec le joueur. Martin Lapointe, lui aussi, semblait convaincu qu’il s’agissait d’un talent générationnel, le genre de centre complet et intelligent qui cadrerait parfaitement dans la structure établie par Kent Hughes et Jeff Gorton.

Les partisans en parlaient avec exaltation. “Imaginez un duo Suzuki-Desnoyers pour les 10 prochaines années!” lançait-on dans les émissions sportives, comme si l’affaire était presque faite.

L’idée était claire comme de l'eau de roche : le CH avait assez de munitions (deux choix de première ronde, des jeunes espoirs, des défenseurs en surplus) pour bondir dans le top 5 et voler Desnoyers sous le nez des autres équipes.

Mais aujourd’hui?

Tout s’écroule.

Parce que le Desnoyers qu’on voit à la Coupe Memorial n’a rien du messie promis.

C’est un Desnoyers méconnaissable, qui traverse le tournoi avec "zéro passion" pendant que lui coule sous la pression, les espoirs du Canadien changent d’horizon. Le discours interne a déjà évolué. L’idée de sacrifier des ressources pour grimper devient un non-sens.

Desnoyers a raté son moment. Et il a aussi, dans le même souffle, fait capoter tout un plan.

Les murmures se font déjà entendre. Certains parlent de “red flag mental”. D’autres évoquent un profil de joueur qui n’a pas su gérer l’attention. 

Quand tu n’es même pas capable de t’imposer contre une équipe de la LHJMQ dans un match de haut niveau, comment vas-tu réagir quand Connor McDavid te regarde dans les yeux?

Et c’est là que le Canadien a, peut-être, évité une catastrophe.

Car oui, si les performances de Desnoyers s’étaient alignées avec le battage médiatique, Montréal aurait peut-être tout donné pour lui. Un jeune défenseur comme Logan Maiiloux? Bye. Un choix de première ronde en plus? Assurément. Un échange impliquant le choix 16 ou 17? Envisagé sérieusement.

Mais maintenant? C’est terminé.

Le camp Desnoyers, lui, garde le silence. On tente de contenir les dégâts, de ramener le focus sur la “globalité de la saison”. Mais c’est inutile. La Coupe Memorial est ce que tout le monde regarde. C’est là que se forge la dernière impression. Et pour Desnoyers, cette dernière impression est catastrophique.

Ce qui devait être un tremplin est devenu un boulet.

Et le CH, qui avait placé Desnoyers au sommet de sa liste dans l'optique de s'avancer au repêchage, doit désormais revoir toute sa stratégie. Il y a d’autres options. D’autres joueurs qui brillent sous les projecteurs. D’autres talents qui, eux, élèvent leur jeu quand l’enjeu est colossal.

Le cas Caleb Desnoyers est devenu un avertissement en temps réel pour les équipes de la LNH. On ne repêche pas un joueur pour ses statistiques de saison. On le repêche pour son mental, son impact dans les grands moments, sa capacité à respirer quand l’air devient rare.

Et à Rimouski, l’air est devenu suffocant pour Desnoyers.

Desnoyers est en train d’apprendre, de la façon la plus cruelle qui soit, que le hockey est impitoyable. Que les attentes peuvent broyer un jeune homme qui n’est pas prêt. Que la gloire et la chute ne sont séparées que par quelques présences manquées.

Et surtout : qu’on ne devient pas un choix top 5… simplement parce qu’on a été bon en janvier.

À Rimouski, Desnoyers n’est plus un phénomène. Il est une énigme. Un “et si?” Une étoile filante dont la trajectoire s’est éteinte sous le regard des recruteurs.

Et pour le Canadien de Montréal, le rêve se termine ici.