Ça sent la fin au 98,5 Sports: Patrick Lagacé a coûté cher

Ça sent la fin au 98,5 Sports: Patrick Lagacé a coûté cher

Par David Garel le 2025-11-25

Rien ne va plus au 98,5 FM. Ce qui devait rester la fierté radiophonique du Québec est en train de se transformer en gouffre financier et en symbole d’un empire à la dérive.

Selon nos informations, Cogeco Média prévoit une perte nette de cinq millions de dollars en 2025, un chiffre vertigineux pour un réseau qui se voulait le cœur battant de la radio parlée montréalaise. Et le problème n’est pas seulement comptable : il est culturel, structurel... et générationnel.

Car pendant que Cogeco s’enferme dans son image de radio « woke », moralisatrice et déconnectée de la réalité des gens, QUB Radio vient de lui administrer une leçon d’humilité historique.

Les dernières données internes de Numeris l’ont confirmé : Mario Dumont a officiellement dépassé Patrick Lagacé dans la case matinale, Benoît Dutrizac fait la leçon à Marie-Ève Fournier (10h-midi), Richard Martineau attire une audience fidèle qui échappe complètement à Cogeco, et l’équipe du 99,5 FM (QUB) a désormais pris la deuxième place du marché montréalais, derrière ICI Première.

Et comme si la défaite ne suffisait pas, c’est l’un des visages les plus redoutables de QUB Radio, Benoît Dutrizac, qui est venu enfoncer le clou, en direct à la radio, avec un message aussi cinglant que triomphant. Voici ses propos, qui ont enflammé les réseaux sociaux :

« C’est tellement cool ce qui se passe. C’est tellement cool. On est tellement en train de torcher 98,5. Qu’est-ce qu’ils disent ? Il y a juste les vieux schnocks qui écoutent 98,5. Il y a juste les vieux ringards qui sont pas foutus de tourner le piton pour un poste, t’sais, pour le 99,5. Fait que je les laisse là, t’sais, c’est correct, mais ça, ça vend pas de tickets, ça donne rien. Restez là. Si vous aimez ça, vos vieilles habitudes plates, je peux pas vous soigner, mais de voir autant de gens au rendez-vous, c’est extraordinaire.

Alors, je vous le dis, quand vous me parlez, moi, je l’entends, puis je fais pas comme certains de l’autre radio: est-ce qu’on se connaît ? Si on se connaît pas, je comprends pas pourquoi on se parle. Non, non, moi, ça me fait plaisir, puis c’est toujours sympathique. Hier, c’était vraiment le fun. Ils disent qu’ils aiment l’émission, puis ils essaient de jaser avec toi. »

@qub_radio On est en train de torcher le 98,5 ! 🎙️💙 #radio #QUB #cogeco #FM #radiocanada #guerredesondes #actualité #benoitdutrizac #imbullshitable #public #discussion #pourtoi #tiktokquébec #tiktokquebec #tiktokqc ♬ son original  - qub_radio

Des mots durs, mais révélateurs. Dutrizac n’a pas seulement célébré un succès : il a publiquement enterré le 98,5 FM. Et dans une industrie aussi codée que celle de la radio, c’est un geste d’une portée symbolique énorme.

Car pour un réseau qui demeure le diffuseur officiel du Canadien de Montréal, être publiquement tourné en dérision par la concurrence, c’est une humiliation.

Quand une station perd la main, c’est tout un écosystème qui s’effondre. Les commanditaires, les annonceurs, les ententes sportives : tout s'écroule.

Le 98,5 FM détient encore les droits exclusifs de diffusion radio du Canadien de Montréal, un contrat renouvelé en 2023 à grands frais, présenté alors comme un gage de stabilité. Mais aujourd’hui, ce contrat est un fardeau. Trop coûteux, trop long, trop peu rentable.

Les revenus publicitaires liés aux matchs du CH sont en chute libre. Les jeunes n’écoutent plus le hockey à la radio : ils le regardent en ligne, en rattrapage, ou directement sur les plateformes numériques de la LNH. Et dans les couloirs du 98,5, même les voix historiques comme Danny Dubé et Martin McGuire sentent la pression monter.

Eux ne sont pas responsables de la chute, mais ils la subissent. Les pertes de cinq millions de dollars prévues pour 2025 ne s’effaceront pas par magie.

Et quand une entreprise cherche à équilibrer ses comptes, elle regarde d’abord les postes les plus coûteux. Les droits du Canadien, les salaires des analystes vedettes, les équipes techniques des soirs de match : tout pourrait être remis en question.

Le triomphe de QUB Radio ne doit rien au hasard. En moins de deux ans, Québecor a transformé une radio numérique marginale en véritable machine de guerre médiatique.

En s’alliant à Leclerc Communication pour diffuser sa programmation sur 99,5 FM, l’entreprise de Pierre Karl Péladeau a contourné les contraintes réglementaires du CRTC sans violer la loi. Résultat : QUB est désormais accessible partout, gratuitement, et avec un ton qui colle à son époque : provocateur, humain, décomplexé.

La victoire réglementaire de Québecor devant le CRTC, face à la plainte de Cogeco et Bell, n’a fait qu’accélérer la chute.

L’organisme a confirmé que QUB Radio pouvait continuer de diffuser sur 99,5 FM, estimant que Leclerc restait propriétaire de la fréquence. Une décision qui a renvoyé Cogeco au tapis.

Et pendant que Patrick Lagacé s’enferme dans ses éditos moralisateurs, Mario Dumont et Benoît Dutrizac engrangent des parts de marché.

La fameuse radio « woke » de Montréal est devenue un symbole de ce que le public rejette : une antenne qui sermonne plus qu’elle n’écoute.

Le choc est tel que plusieurs chroniqueurs internes du 98,5 FM admettent, sous le couvert de l’anonymat, qu’ils ne reconnaissent plus leur station.

« On ne sait plus à qui on parle, » confie l’un d’eux.

« On a perdu notre identité, et on fait semblant que tout va bien. »

Le 98,5, autrefois le modèle à suivre dans la francophonie, devient le contre-exemple parfait : un empire trop lourd, trop sûr de lui, incapable de sentir le pouls du public.

La grande question, maintenant, n’est plus “combien Cogeco va perdre”, mais “que va-t-elle devoir sacrifier pour survivre ?”.

Et dans ce calcul, les droits radio du Canadien de Montréal pourraient devenir la première variable d’ajustement.

Car si QUB Radio continue son ascension, pourquoi Québecor ne viserait-elle pas ces droits ? L’entente actuelle entre la LNH et Sportsnet, qui encadre aussi la présence de TVA Sports, se termine en 2026.

Québecor cherche déjà à renouveler certains volets francophones, mais la facture est astronomique. En revanche, les droits radio du CH représentent une cible abordable et hautement symbolique.

Imaginez : les soirs de match, le Canadien sur les ondes de QUB Radio, animé par les figures du groupe Québecor, diffusé à la fois sur FM et sur les plateformes numériques, avec l’appui de TVA Sports (si Péladeau arrive à grapiller quelques matchs du CH) et du Journal de Montréal. Une synergie parfaite, une revanche médiatique totale. Et un cauchemar pour Cogeco.

Au fond, tout part du même point : l’échec de Patrick Lagacé. L’homme devait incarner la relève d’Arcand, la continuité du 98,5 FM. Il est devenu son talon d’Achille. L’émission Lagacé le matin n’a jamais trouvé son ton. Le public ne s’y est pas attaché. Les audiences chutent, la crédibilité s'est brisée.

Les dirigeants ont tout tenté : changement de producteur, retour d’anciens cadres, refonte du contenu. Rien n’a fonctionné. Et aujourd’hui, tout le monde paie la facture : les recherchistes, les techniciens, les chroniqueurs, les équipes sportives. Le mot “réduction” circule dans les corridors. Et plus personne ne rit.

Le 98,5 FM, jadis intouchable, est devenu le symbole d’un modèle qui s’effondre. En 2025, Cogeco Média brûle cinq millions de dollars par an, se fait humilier publiquement par ses rivaux, et s’accroche à des droits sportifs dont elle ne peut plus payer le prix réel.

Pendant ce temps, Québecor avance. QUB Radio s’impose. Et les auditeurs tournent le bouton.

Si rien ne change, ce n’est pas seulement un réseau qui va s’éteindre, mais toute une époque de la radio québécoise.

Celle où le 98,5 était synonyme de prestige, de stabilité, d’autorité.

Aujourd’hui, il n’est plus qu’un mirage d’autrefois, pendant que la nouvelle génération s’informe, rit et débat… ailleurs.