Il y a un malaise qui circule de plus en plus au Centre Bell. Une rumeur qui revient chaque semaine, dans les couloirs, chez les partisans, dans les médias : Carey Price serait destiné à devenir entraîneur des gardiens du Canadien de Montréal.
Et ce n’est pas une théorie inventée pour faire réagir. C’est Price lui-même qui a confirmé dans une entrevue la saison dernière qu’il avait reçu une proposition de Kent Hughes pour occuper un rôle dans l’organisation.
On ne parle pas d’un simple poste symbolique ou administratif. On parle d’un vrai rôle d’entraîneur. Un poste réel. Officiellement ouvert. Et c’est là que le nom d’Éric Raymond devient lourd à porter.
Parce qu’il est déjà en poste. Parce qu’il est déjà l’entraîneur des gardiens du club. Et parce que tout le monde comprend que s’il y a un rôle disponible pour Carey Price, c’est probablement le sien.
Éric Raymond vit avec cette pression depuis plusieurs mois, mais elle s’intensifie avec les résultats. Dès qu’un gardien connaît un mauvais match, son nom revient dans les discussions.
Si Samuel Montembeault connaît une saison en dents de scie, si Jakub Dobes n'améliore pas sa technique, si Jacob Fowler stagne dans son développement, la cible est toute désignée. Ce ne sera pas Martin St-Louis, ce ne sera pas Kent Hughes. Ce sera Raymond.
Et en coulisses, tout le monde le sait : Raymond est là en attendant que Price dise oui.
Dans son entrevue à La Presse, Price a été très clair. Il veut revenir dans le monde du hockey. Il veut faire partie du Canadien. Il n’a pas dit “peut-être”, il a dit “quand mes enfants seront plus vieux”. Autrement dit, la décision est déjà prise. Le moment n’est juste pas encore venu.
« Ils m’ont demandé si j’étais intéressé à un poste d’entraîneur ou dans le développement. Pour l’instant, je veux être avec mes enfants tant qu’ils sont en bas âge. Mais quand ce sera le bon moment, je serai intéressé. »
On ne peut pas être plus explicite. Et le Canadien ne cache même plus ses intentions. Il y a une chaise libre. Elle n’attend que lui.
Ce qui retarde la suite, ce ne sont pas les émotions ou l’indécision. C’est le contrat. Carey Price continue d’encaisser un salaire colossal. Il empochera encore 2 millions en salaire cette année (merci au Sharks de San Jose).
Tant que ces paiements sont en cours, Price ne peut pas officiellement devenir coach. Ce serait administrativement complexe et financièrement désavantageux. Il a donc tout intérêt à attendre encore un peu, le temps que tout soit encaissé. C’est ce qu’il fait. Il attend.
Mais entre-temps, il est déjà actif.
Il suit les matchs. Il commente les performances. Il donne des conseils aux jeunes. Il a récemment parlé de Patrik Laine, affirmant que son tir était l’un des meilleurs qu’il a vus dans sa carrière. Il envoie des textos aux anciens coéquipiers. Il garde un œil sur Jacob Fowler, qu’on compare déjà à lui. Il est encore dans l’univers du CH.
Et dès qu’il sera prêt, le retour sera automatique.
Si Price finit par accepter le poste, c’est Jacob Fowler qui sera le grand gagnant. Le jeune gardien est vu par plusieurs comme le successeur de Price à Montréal. Il est sérieux, talentueux, calme, structuré. Il a le profil d’un numéro un.
Et dans ce contexte, imaginez ce que ce serait pour lui d’avoir Carey Price comme entraîneur.
Ce serait un scénario idéal pour Kent Hughes, qui cherche à préparer l’avenir devant le filet. Fowler pourrait apprendre directement de la légende du club.
Ce serait aussi une excellente vitrine pour Price, qui pourrait tranquillement bâtir une carrière d’entraîneur, sans pression, en travaillant avec un jeune qu’il connaît bien.
Mais pour ça, il faut que Raymond quitte. Et pour que Raymond quitte, il suffit que la direction décide que le moment est venu.
Tout pointe vers ce scénario.
Raymond est dans une situation sans issue. Même s’il fait un bon travail, même si Montembeault performe, même si Primeau se stabilise… il reste l’homme qui bloque la voie à Carey Price.
Et le public ne pardonne pas ça. Les partisans veulent Price. Les médias veulent Price. Même certains joueurs seraient curieux de le voir intégrer l’organisation.
Dès que l’équipe traverse une séquence difficile, les questions reviennent :
« Pourquoi ce n’est pas encore Price qui s’occupe des gardiens? »
C’est injuste, mais c’est la réalité.
Carey Price n’est pas naïf. Il sait exactement ce qui se dit à Montréal. Il sait que son nom est sur toutes les lèvres. Il sait que dès qu’un gardien du Canadien accorde un but faible, son ombre refait surface. Il sait que le poste d’Éric Raymond est le seul qui pourrait lui revenir. Il sait que les partisans le réclament. Et il sait que Kent Hughes a déjà ouvert la porte.
C’est pour ça que, dans son entrevue à La Presse, Price a tenu à clarifier. Sans qu’on lui demande, il a pris soin de dire qu’il ne texte plus beaucoup les gars du vestiaire, que les anciens coéquipiers se font rares, qu’il les laisse tranquilles.
Un message subtil, mais clair : il ne veut pas déranger. Il ne veut pas avoir l’air d’un vétéran à l’affût. Il ne veut pas donner l’impression qu’il est prêt à prendre la chaise de quelqu’un.
Mais le rêve de le voir revenir est partout. Et tout le monde le sent.
Price a également évoqué le match préparatoire disputé par Marc-André Fleury, avec admiration, mais aussi avec un brin d’envie.
Il le dit lui-même : Fleury est “spécial”, il a encore le corps pour ça. Lui non. Pas physiquement. Mais dans ses mots, on lit une chose : il aurait aimé, lui aussi, revivre un moment comme ça.
Quand Price parle du mois de septembre, on sent la nostalgie à plein nez. Ce n’est pas juste un souvenir. C’est une frustration. Il le dit : l’automne a toujours été sa saison préférée. Septembre était son moment. Le camp. Le vestiaire. L’odeur de la glace. L’excitation. Aujourd’hui, il reste à Kelowna et reconduit ses enfants à l’école.
Jusqu’au jour où il dira oui pou revenir officiellement chez lui... au Centre Bell...