C’est une véritable bombe qui tombe sur la scène montréalaise en ce lundi de novembre où tout le Québec attend la première tempête de neige.
Selon Chris Johnston (TSN/The Athletic), le Canadien de Montréal serait l’une des équipes qui surveillent de très près la situation du joueur de centre David Kämpf, suspendu sans salaire par les Maple Leafs de Toronto après avoir refusé de se rapporter à leur club-école, les Marlies.
Cette affaire inattendue secoue Toronto et pourrait avoir des répercussions directes à Montréal, où Kent Hughes cherche toujours un centre gaucher fiable capable de stabiliser les trios de Martin St-Louis.
Les faits sont simples : David Kämpf, 30 ans, a été suspendu sans salaire après avoir choisi de quitter les Marlies. L’attaquant tchèque, frustré de ne pas avoir été rappelé par les Leafs malgré un bon camp d’entraînement, aurait demandé du temps pour « réfléchir à son avenir ».
Elliotte Friedman a confirmé que Kämpf refusait de retourner dans la Ligue américaine, convaincu qu’il mérite un poste permanent dans la LNH.
Les Leafs ont ainsi libéré 1,25 million $ sur leur masse salariale en le suspendant, mais le geste révèle une fracture entre le joueur et la direction.
Pour plusieurs observateurs, il s’agit d’une déchéance totale pour un vétéran qui, il n’y a pas deux ans, représentait la stabilité du quatrième trio torontois.
Le problème, selon Chris Johnston et Friedman, remonte à 2023, lorsque le DG Brad Treliving a accordé à Kämpf un contrat de quatre ans à 2,4 M$ par saison, assorti d’une clause de non-échange à 10 équipes. (entante valide jusqu'à l'été 2027).
Un luxe insensé pour un centre défensif. Depuis, Kämpf a perdu la confiance de son entraîneur, Craig Berube, et n’a disputé qu’un seul match en séries l’an dernier.
Cette extension, qualifiée par plusieurs comme « la pire erreur de Treliving », est aujourd’hui un véritable boulet : aucun club ne voulait absorber ce contrat sans compensation, et Toronto s’est retrouvé coincé. Le joueur devait recevoir un bonus de signature de 1,35 M$ le 1er juillet prochain, ce qui complique toute transaction.
Mais c’est ici que tout devient intéressant. Dans son balado, Chris Johnston a lancé le nom du Canadien de Montréal comme destination possible :
« Une équipe comme le Canadien, sans centre gaucher établi à part Jake Evans, ne peut pas se permettre d’ignorer un joueur comme lui. Kämpf a les attributs que cette organisation recherche. »
Cette phrase, prononcée hier, a fait bondir les partisans montréalais. Johnston ne jette jamais un nom au hasard. Il laisse entendre que Montréal aurait déjà manifesté de l’intérêt et que les deux équipes auraient échangé des informations préliminaires.
Le CH cherche depuis le début de la saison un centre gaucher pouvant jouer entre 13 et 16 minutes par match, fiable défensivement et efficace en désavantage numérique. Or, Kämpf répond exactement à cette description.
Martin St-Louis aime les joueurs responsables et capables de jouer sans la rondelle. Kämpf, c’est ça : un centre gaucher de 6 pi 2 po, 200 lb, fort dans le cercle des mises au jeu, utile sur les deux unités spéciales et respecté dans le vestiaire.
Son profil rappelle celui que le CH aime chez Jake Evans, mais avec plus de taille et d’expérience. Il serait un complément parfait à Suzuki, Dach, Evans et Kapanen, permettant à St-Louis d'avoir une profondeur au centre, surtout du côté gauche.
Toronto, de son côté, veut se débarrasser du dossier rapidement. L’équipe ne peut pas se permettre un joueur suspendu et insatisfait dans son système. Et même si le contrat est lourd, le Canadien a la marge salariale nécessaire pour absorber tout ou partie de son salaire.
Le DG du Canadien pourrait proposer un échange mineur (les fameuses considérations futures), voire une résiliation mutuelle suivie d’une signature à Montréal si Kämpf et Toronto s’entendent pour rompre leur contrat.
Ce scénario n’est pas farfelu : les discussions à ce sujet sont actives et la séparation pourrait se régler dans les prochains jours.
Ce dossier illustre parfaitement la désorganisation interne des Maple Leafs. Après le départ de Mitch Marner à Vegas et l’arrivée de Nicolas Roy pour combler le vide au centre, Kämpf a perdu toute utilité. L’équipe a aussi acquis Scott Laughton de Philadelphie la saison dernière, rendant sa présence encore plus inutile.
Selon plusieurs journalistes torontois, Kämpf a senti qu’on l’humiliait en le renvoyant dans la Ligue américaine, alors que d’autres vétérans moins efficaces (comme Calle Järnkrok) sont restés avec le grand club.
Le geste de quitter les Marlies a été vu comme une rupture émotionnelle définitive avec l’organisation.
Pour Montréal, c’est une occasion en or. Un centre gaucher expérimenté, encore sous contrat à prix raisonnable, disponible pour une bouchée de pain. Toronto voudra simplement tourner la page.
Connaissant Kent Hughes, il aimerait mieux que le contrat soit résilié entre le joueur et les Leafs, afin de le signer pour des peanuts.
Mais il sera très difficile pour Kämpf de dire non à 4,8 M$ garantis sur les deux prochaines années.
Kämpf n’est pas une star, mais il peut devenir le Phil Danault des pauvres de ce vestiaire : un joueur sobre, travailleur, efficace dans les petits détails et capable de changer le ton d’un match par sa rigueur.
Ce qui paraissait impensable hier devient aujourd’hui plausible. Le Canadien n’a toujours pas trouvé son équilibre au centre, et Toronto veut liquider un dossier embarrassant.
David Kämpf, malgré la polémique, reste un joueur de calibre LNH, frustré mais fier, prêt à prouver qu’il a encore sa place. Montréal a les moyens, le besoin et le contexte pour lui tendre la main.
Et s’il y a bien un joueur qui a soif de revanche, c’est lui.
