Triste conclusion à Montréal: Jacob Fowler doit être séparé d’Éric Raymond

Triste conclusion à Montréal: Jacob Fowler doit être séparé d’Éric Raymond

Par David Garel le 2025-12-17

Peut-on cesser de faire semblant.

À un moment donné, la vérité s’impose d’elle-même, qu’on veuille ou non la voir. Depuis trois ans, un fil rouge relie toutes les chutes, toutes les régressions, toutes les erreurs inexplicables commises par les gardiens du Canadien, et ce fil porte un nom : Éric Raymond.

Chaque fois qu’un jeune arrive à Montréal avec une mécanique propre, une confiance intacte, un style clair, une lecture naturelle du jeu, ce style s’effondre au même rythme que son temps passé avec le coach des gardiens.

Et ce qui est arrivé à Jacob Fowler hier soir n’est pas une anecdote à ranger dans la catégorie des erreurs de recrue. C’est le dernier symptôme d’un problème profond, installé, structurel, qui avale tous ceux qui passent entre les griffes du système.

Fowler est arrivé dans la LNH avec une fraîcheur mentale qu’on ne voit presque jamais à cet âge. À Pittsburgh, il avait le regard d’un "kid" qui ne connaît pas la peur, la naïveté magnifique de celui qui avance sans calculer.

À New York, il avait moins cette légèreté, cette liberté intérieure qui fait les grands. Il a finalement accordé 5 buts sur 27 tirs.

Et hier, à Montréal, une seule séquence, une seule hésitation derrière le filet a suffi pour révéler un malaise qu’on pressentait depuis son rappel : en l’espace d’une semaine dans l’environnement d’Éric Raymond, Jacob Fowler a commencé à ressembler à tous les autres gardiens que Raymond a “coincés” avant lui.

On avait pourtant fait le parallèle souvent au cours des dernières années.

On l’avait vu avec Primeau : un jeune qui lisait bien le jeu, puis soudain incapable de gérer la profondeur. On l’avait vu avec Montembeault : un gardien solide qui avait trouvé un équilibre, puis qui s’est mis à douter de chaque décision, chaque déplacement, chaque contact avec la rondelle.

Que dire de Jakub Dobes qui est arrivé à Montréal en feu... pour devenir un gardien tout croche...

Et maintenant, c’est Fowler qui, à peine entré dans le système, est déjà en manque de repères. Quand un gardien intercepte une rondelle derrière son filet et qu’il se retrouve soudain incapable de déterminer si ses défenseurs montent, attendent ou se déploient, ce n’est pas de l’inexpérience : c’est une rupture dans la communication, dans les automatismes, dans la confiance envers les micro-structures qu’on lui a enseignées.

La vérité, c’est que ce genre de défaillance n’arrivait jamais à Fowler avant son passage prolongé avec Raymond. La vérité, c’est qu’on l’a déjà vu mille fois. Le jeune débarque à Laval, il est encore « neuf », encore vierge du fiasco technique que le coach tente d’imposer à tout le monde.

Il joue avec instinct, vitesse et intelligence. Puis il arrive à Montréal, il passe trois jours à absorber des conseils contradictoires, des ajustements forcés, des micro-détails qui parasitent la prise d’information, et son jeu se complexifie à un point tel qu’il n’arrive plus à faire ce qui est naturel pour lui.

Et c’est là que tout se brise : l’instinct se remplace par l’hésitation, le réflexe par l’analyse excessive, la fluidité par la paralysie.

Ce n’est pas un hasard si Montembeault s’est effondré à partir du moment où Raymond a commencé à « retravailler ses angles » et à « réajuster sa posture bas-haut ».

Ce n’est pas un hasard si Dobes, qui était un gardien instinctif depuis l’âge de dix ans, s’est retrouvé avec une mécanique lourde, des déplacements exagérés et une lecture tardive.

Et ce n’est pas un hasard si Fowler, qui était l’un des jeunes gardiens les plus fluides et les plus confiants de sa génération, a soudain offert une séquence digne d’un gardien qui a perdu le fil de ce qu’il doit faire.

La réalité, c’est que dans l’organisation du Canadien, les mêmes erreurs reviennent parce que les mêmes méthodes demeurent.

Et tant qu’on continuera à s’acharner à défendre un coach des gardiens qui répète le même modèle, qui impose la même philosophie rigide à des gardiens qui n’ont pas du tout le même style, la même morphologie, la même lecture du jeu, Montréal va continuer à broyer ceux qu’elle prétend développer.

Hier soir, on a vu Fowler s’en vouloir d’une manière qui nous a convaincu de sa mentalité de gagnant. On a vu un jeune de 21 ans porter la responsabilité du match entier sur ses épaules, assumer publiquement que « c’est ma faute, je n’ai pas fait mon travail », refuser l’excuse facile, refuser d’invoquer la nervosité, la situation, le contexte.

Et pendant que ce jeune-là se blâmait, pendant qu’il assumait la totalité du poids, la question que tout le monde évite résonnait dans les coulisses : qui l’a mis dans cette position? Qui, dans cette organisation, transforme encore un gardien fluide en gardien hésitant?

Le problème n’est plus technique. Il n’est plus individuel.

Le problème est systémique.

Et tant que le CH refusera d’admettre que son coach des gardiens fracture tous ceux qui lui passent entre les mains, l'organisation continuera d'être dans le trouble avec ses gardiens.

Et le pire, c’est qu’on le sait déjà.

On l’a vu.

On le revoit encore.

Et hier, ça nous a explosé au visage.