Quand Logan Mailloux est débarqué à Saint-Louis, certains observateurs de la LNH, surtout du côté de Montréalm ont poussé un soupir de soulagement.
On s’était convaincu que le Canadien avait tourné la page sur un espoir compliqué à gérer. Un défenseur droitier qui arrivait en retard aux pratiques, qui avait fait parler de lui dans un after-party avec un garde du corps qu'il avait payé juste pour le suivre comme s'il était une vedette, qui s’était fait couper ses lacets dans le vestiaire par ses propres coéquipiers pour manque de discipline.
Bref, un projet risqué. Mais ce que Logan Mailloux a démontré depuis son arrivée avec les Blues est en train de transformer ce qui semblait être un coup de balai… en un potentiel vol qualifié.
Depuis le début du calendrier préparatoire, Mailloux épate. Il a été le défenseur le plus utilisé lors de ses deux premières rencontres.
Il a prouvé qu'il pouvait jouer plus de 25 minutes, il s’est imposé physiquement, a multiplié les bonnes lectures défensives, et surtout, il a gagné la confiance de Jim Montgomery, qui l’utilise désormais dans toutes les situations.
Le défenseur, qui a été échangé contre Zachary Bolduc cet été, est devenu l’un des meilleurs joueurs des Blues depuis le début du calendrier préparatoire.
Il a récolté quatre points, toutes des passes, en quatre matchs, tout en distribuant trois mises en échec dans chacun de ces affrontements.
Il s’est néanmoins vu confier un volume de jeu impressionnant, plus élevé que celui de vétérans comme Colton Parayko ou Cma Fowler.
« Mailloux a été très bon. Il a fait beaucoup de bons jeux en défense et en attaque. Ça se voit que c’est un excellent joueur de hockey, et il va nous aider dans le futur. »
Encore présent parmi les 23 derniers joueurs, Mailloux a clairement mérité sa place dans la formation. Il commencera la saison dans la LNH, et pour l’instant, tout ce qu’il touche semble tourner en or.
Les dirigeants de Saint-Louis croyaient en lui cet été. Ils lui ont donné sa chance. Il en a fait une mission personnelle.
Et pendant ce temps, à Montréal, Zachary Bolduc est blessé au bas du corps après un camp moyen, David Reinbacher est à l’infirmerie après un camp catastrophique, et Noah Dobson multiplie les performances mitigées. On peut sérieusement se demander si Kent Hughes n’a pas échangé le mauvais défenseur.
Le mot “futur”, dans la bouche d’un entraîneur-chef de la LNH, n’est pas banal. Il suggère un plan, un projet, une intégration graduelle. Or, dans le cas de Mailloux, ce plan pourrait être accéléré. Parce que ce qu’il montre, c’est qu’il est déjà prêt.
Ironiquement, tout ce qu’on reprochait à Mailloux à Montréal semble s’être évaporé à Saint-Louis. L’arrogance? Elle a laissé place à un calme professionnel.
L’indiscipline? Disparue. Celui qui portait des lunettes fumées en entrevue et attirait les critiques pour son attitude cocky est aujourd’hui concentré, sobre, lucide.
Ses coéquipiers chez les Blues l’encadrent bien. C’est un changement de ton frappant. Et ça fait mal à Montréal.
Pendant que Mailloux monte en flèche, Zachary Bolduc stagne. Celui que le Canadien a reçu en retour de Mailloux ne fait pas sa place.
Il a connu un camp d’entraînement difficile, a été souvent à bout de souffle lors des pratiques, et vient d’être déclaré blessé au bas du corps.
Il n’a même pas disputé un match préparatoire jusqu’ici. On parle de lui pour la première vague de l’avantage numérique, mais la réalité, c’est qu’il n’a encore rien démontré.
Il semble désynchronisé. L’adaptation est lente. Il ne s’impose pas physiquement, ni par sa créativité, et la pression commence déjà à peser.
Cette transaction commence donc à ressembler à un échange inégal. Un défenseur droitier comme Mailloux, qui peut jouer 23-25 minutes par match, est une denrée rare dans la LNH. Bolduc, lui, est encore en quête d’un rôle. Soyons patients... mais...
Ajoutons à cela l’énorme mise qu’a faite Kent Hughes sur Noah Dobson. En cédant les 16e et 17e choix au total pour mettre la main sur Dobson, Hughes a vidé une partie de son coffre d’avenir. Il s’est exposé. Et pour l’instant, le pari est loin d’être rassurant. Sans oublier qu'il a sacrifié Emil Heineman.
Dobson a connu un camp moyen. Il est mou dans ses décisions. On le sent hésitant, pas toujours en contrôle dans sa zone.
Son jeu en relance est correct, mais sans éclat. Les partisans, qui voyaient en lui un potentiel top-2, commencent déjà à se poser des questions. Ce n’est pas une catastrophe, mais ce n’est pas l’impact immédiat qu’on attendait.
Dans ce contexte, la question devient inévitable : Kent Hughes a-t-il misé sur le mauvais défenseur? Avait-il en main un Mailloux redressé, prêt à percer, et a-t-il préféré s’en départir par crainte de son passif? Est-ce que le DG du CH a tout simplement manqué de flair?
La dernière pièce de l’équation, c’est David Reinbacher. Hughes a refusé de l’inclure dans une transaction avec Anaheim pour obtenir Mason McTavish, un centre de 22 ans qui aurait stabilisé le top-6 offensif du CH pour une décennie.
À la place, il a gardé Reinbacher… qui n’a pas connu un grand camp. Le jeune Autrichien n’est pas prêt. Il manque de robustesse, son positionnement est hésitant, et les dirigeants savent déjà qu’il retournera en Europe ou à Laval pour poursuivre son développement.
Encore une fois, Hughes semble avoir misé sur un défenseur droitier au potentiel abstrait, alors qu’il en avait un autre, Mailloux, qui était en train de se transformer en valeur sûre.
Une erreur stratégique?
Dans un monde idéal, Mailloux, Dobson et Reinbacher auraient pu cohabiter dans l’alignement du CH. Mais Hughes a tranché.
Il a choisi Dobson et Reinbacher. Il a sacrifié Mailloux. Et aujourd’hui, la réalité du camp d’entraînement est cinglante : Mailloux est le seul des trois qui performe au niveau attendu. Il joue avec aplomb, domine physiquement, prend des décisions matures, et impressionne son coach.
C’est une gifle pour une direction qui prétend bâtir sur la base d’un “processus”. Parce que si le processus conduit à donner un défenseur droitier élite (Mailloux) pour un ailier, et à refuser un centre élite comme McTavish pour garder un défenseur fragile mentalement et physiquement (Reinbacher)… il y a de quoi s’inquiéter.
Mailloux, sans jamais le dire ouvertement, semble vouloir faire payer le Canadien de Montréal. Son attitude sur la glace est tranchante, déterminée.
Il joue comme s’il voulait fermer la bouche à tous ceux qui ont douté de lui. Il veut effacer l’étiquette de “joueur à problème” qu’on lui a collée. Et chaque minute jouée à Saint-Louis est une minute où Kent Hughes doit se demander s’il a commis une erreur historique.
Pendant ce temps, à Montréal, la ligne bleue manque de droitiers. Reinbacher n’est pas prêt. Dobson est seul avec Alexandre Carrier. Et Logan Mailloux, lui, est peut-être déjà un défenseur top-4… mais à Saint-Louis.
Et si Kent Hughes avait appuyé sur les mauvais boutons?