Le Canadien de Montréal tourne la page sur Kirby Dach et Patrik Laine

Le Canadien de Montréal tourne la page sur Kirby Dach et Patrik Laine

Par David Garel le 2025-10-20

L’image de ce lundi matin à Brossard restera marquée dans les esprits : sur la glace, Joe Veleno et Owen Beck, deux travailleurs silencieux venus combler les trous, pendant que Patrik Laine et Kirby Dach, encore absents pour cause de blessure au bas du corps, prolongeaient une séquence de mystère qui en dit long sur la direction du Canadien.

À ce stade, ce n’est plus du hasard. C’est une évidence : ces deux joueurs ne feront pas partie du futur de l’organisation.

Depuis quelques semaines, le doute grandissait déjà. Mais cette fois, les signes s’accumulent trop vite. Dach, encore à l’écart pour blessures, inquiète de plus en plus.

Ses séances de réhabilitation cet été, tenues loin du groupe, ont inquiété. Et voilà que sa nouvelle blessure se prolonge sans explication claire.

Et Laine, lui, a fini par devenir une énigme. Blessé, inefficace, isolé, il n’a plus rien du joueur vedette qu’on croyait relancer à Montréal. Il jouait comme un grand-père inquiet de se casser un ongle.

Il n'avançait déjà plus. Comment s'est-il blessé en ne s'impliquant pas, ni physiquement, ni mentalement, ni sportivement?

On ne le voit plus sourire, plus s’impliquer, plus exister dans cette équipe. Mais le voilà blessé. Misère.

Ce matin, dans la salle des médias, une phrase tournait sur toutes les lèvres : « C’est fini pour eux ».

Et tout le monde savait de qui il était question.

Deux absents, deux cas désespérés

Pour Kirby Dach, le constat est cruel. Son genou reconstruit n’a jamais retrouvé la même stabilité. Depuis ses cents blessures, il n’a jamais semblé à l’aise. Le Canadien l’a protégé, ménagé, presque couvé… mais rien n’y fait. Son corps ne suit plus. Et quand un joueur de 24 ans semble déjà user sa carrière à l’infirmerie, le message est brutal : Montréal va devoir tourner la page.

Quant à Patrik Laine, le malaise est encore plus profond. D’abord relégué sur le quatrième trio, puis invisible en avantage numérique, il a fini par quitter l’alignement sur blessure sans qu’on sache vraiment où il souffre.

Les images du match contre Nashville jeudi dernier ont fait le tour du web : Laine debout, regard vide, après avoir été cloué sur le banc alors que le Canadien luttait pour égaliser.

Il n’a même pas levé un bras pour célébrer la victoire des siens. On aurait dit qu’il aurait préféré une défaite, histoire que tout explose enfin. Une attitude qui a choqué jusqu’au sein du vestiaire.

Ce n’est pas un secret : Martin St-Louis n’a jamais vraiment su quoi faire de Laine.

Laine n’a jamais adhéré à la philosophie de travail du groupe. L’effort sans la rondelle, les replis, les détails du jeu… autant de mots qu’il n’a jamais voulu comprendre.

Et St-Louis, fidèle à son instinct, a fini par trancher. À Brossard, on raconte qu’il a dit en coulisses : « Je ne peux pas forcer un gars à aimer jouer au hockey. »

Depuis ce jour, tout s’est effondré Laine s’est refermé, les joueurs se sont éloignés, et Kent Hughes a cessé d’en parler comme d’un pilier.

Le vestiaire, lui, a tourné la page. Et sa blessure... vient de déchirer la page au complet...

Nick Suzuki et Cole Caufield incarnent la culture que St-Louis veut bâtir : des jeunes qui aiment le jeu, qui s’impliquent. À l’inverse, Laine est devenu un rappel permanent de ce que l’équipe veut fuir : le talent sans effort, l’individualisme, la nonchalance. Et le fragilité mentale comme physique.

Mais au-delà du jeu, il y a la réalité du calendrier.

Les deux joueurs arrivent en fin de contrat.

Kirby Dach deviendra agent libre avec compensation à la fin de la saison, mais Kent Hughes n’a aucune raison de lui offrir un nouveau contrat.

Il faudra lui soumettre une offre qualificative afin de ne pas le perdre pour rien. Et tenter de l'échanger pour des peanuts.

Quant à Patrik Laine, son dossier est encore plus clair : il sera libre sans restriction cet été. Et tout le monde dans la ligue le sait.

Il est fini... à la corde. Et on pense sincèrement que ce sera la fin de sa carrière dans la LNH.

Les contrats de Laine et de Dach ne sont pas de simples chiffres sur la masse salariale : ce sont deux erreurs de parcours qu’il faut effacer pour avancer.

Et l’ironie, c’est que la situation actuelle offre une porte de sortie facile au directeur général. Les blessures permettent d’éviter le scandale médiatique d’un envoi à Laval ou d’un congédiement brutal. Les deux hommes peuvent glisser vers la sortie sans bruit, sans vague, sans confrontation publique.

Mais dans les coulisses, le message est clair comme de l'eau de roche : ils ne seront pas de retour.

Même au sein du personnel médical, on parle de ces deux cas comme de dossiers « délicats ». Les blessures servent désormais d'excuse. La réalité, c’est qu’on ne croit plus à un retour productif, ni pour l’un, ni pour l’autre. Les entraîneurs planifient déjà les prochaines combinaisons sans eux.

Dach et Laine devaient être deux piliers du « nouveau Canadien » : le premier, un centre complet capable de porter le deuxième trio ; le second, un sniper élite venu relancer sa carrière dans un marché passionné.

Deux paris ambitieux, deux échecs cuisants.

Aujourd’hui, ils représentent le passé.

Dach, c’est la fragilité. Laine, c’est l’indifférence... et la fragilité...

Deux visages d’un même problème : celui de joueurs qui ne cadrent pas dans le système de Martin St-Louis, ni dans la culture que Kent Hughes tente de bâtir.

Le message envoyé à toute la ligue est clair : à Montréal, on ne veut plus de vedettes fatiguées ni de promesses fragiles. On veut des gars qui travaillent, qui aiment le hockey, et qui veulent grandir avec le groupe.

Le chapitre Laine-Dach va se refermer sans éclat, sans conférence de presse dramatique.

Mais leur départ symbolisera un moment charnière : la fin du doute, la fin des compromis.

Montréal n’a plus besoin de projets incertains.

Montréal veut des joueurs qui avancent.