Séparation entre Martin St-Louis et Samuel Blais: le courant n'a jamais passé

Séparation entre Martin St-Louis et Samuel Blais: le courant n'a jamais passé

Par David Garel le 2025-10-05

Samuel Blais avait beau garder sa voix posée et regarder par terre quand les journalistes lui parlaient hier, tout le monde l’a vu.

Dans les couloirs du Centre Bell, son visage en disait plus long que n’importe quelle déclaration officielle : il était profondément déçu, et même un peu en colère. 

Comme s'il avait que la sentence allait tomber le lendemain.  

L’annonce... est tombée.

Le Québécois allait être soumis au ballottage. Une décision qui a eu l’effet d’un coup de massue pour un joueur qui croyait encore, il y a une semaine à peine, avoir sécurisé sa place au sein du groupe.

« J’espère que je vais avoir ma chance… Ce sont des décisions qui ne me reviennent pas. J’ai eu un bon match ce soir et je pense que j’ai fait la job », a-t-il lancé avec une tension perceptible dans la voix.

Un discours poli en surface, mais une colère évidente derrière les mots. Blais venait de disputer ce qu’il qualifie lui-même de meilleur match du camp, et pourtant, son sort semblait scellé d’avance.

Ce qui frappait, c’était le ton presque résigné de Samuel Blais. À plusieurs reprises, il insiste sur le fait qu’il a « tout laissé sur la glace » et qu’il est « vraiment content » de sa performance, comme s’il voulait envoyer un message à Martin St-Louis.

« Ce soir, on a vu le vrai Samuel Blais physique, capable de faire de bonnes choses offensivement aussi », a-t-il affirmé d’une voix ferme, le regard perçant.

Mais derrière ces mots se devinait une lucidité froide : il savait qu’il venait probablement de jouer son dernier match préparatoire avec le Canadien. Comme un candidat à une entrevue d’embauche qui sait que la décision est déjà prise.

« C’est le genre de joueur que je suis… j’ai remporté ma bataille ce soir », a-t-il ajouté, comme pour convaincre une dernière fois l’état-major. Tout dans son langage corporel disait qu’il pressentait le couperet.

La différence d’attitude entre lui et Joe Veleno était d’ailleurs frappante. Veleno, tout sourire, savait qu’il venait d’assurer sa place dans la formation. Blais, lui, avait le regard sombre de celui qui pressent une douche froide.

Cette déception n’est pas tombée du ciel. Elle s’est construite tout au long du camp d’entraînement, mais surtout lors de l’épisode de Québec qui a laissé des marques profondes.

Samuel Blais, originaire de la région, avait invité toute sa famille au Centre Vidéotron, persuadé qu’il allait disputer au moins un match préparatoire devant les siens.

Il s’attendait à une célébration discrète mais significative, une façon de boucler la boucle après une carrière parsemée d’embûches.

Or, Martin St-Louis a décidé autrement. Le vétéran n’a pas été inséré dans l’alignement. Résultat : des dizaines de proches dans les gradins…40 au total... et aucun Blais sur la glace.

Un moment crève-cœur. Ce jour-là, il a compris que le courant ne passait pas entre lui et l’entraîneur-chef.

Ce n’est pas qu’une question de performance. Les chiffres sont là : quatre mises en échec, deux tirs bloqués, de l’énergie sur chaque présence. Blais a joué son rôle de treizième attaquant parfait, celui qu’on sort du chapeau en cas de blessure, qui apporte du grit et une présence physique constante.

Mais Saint-Louis, lui, ne l’a jamais « adopté ». Quand on lui a demandé samedi soir s’il estimait que Blais en avait fait assez pour rester dans l’équipe, il a été sans pitié.

« On va prendre des décisions demain », a-t-il simplement répondu, l’air peu convaincu. Le message était clair.

Il faut dire que Martin St-Louis a choisi de rouler avec une formation à 13 attaquants. Une décision stratégique pour maximiser la flexibilité salariale et garder de la marge sous le plafond.

Dans cette équation serrée, Blais devient une variable qu’on peut effacer sans trop de conséquences. Joe Veleno, en revanche, a gagné la confiance du staff en multipliant les bonnes présences et prouver qu'il pouvait dépanner sur le quatrième trio et ailleurs si on lui demandait.

Oliver Kapanen, lui, est désormais solidement installé dans le top-9 avec Demidov et Newhook. Résultat : Blais se retrouve coincé entre des jeunes à potentiel et des vétérans qui remplissent mieux les besoins immédiats.

Et c’est là que ça fait mal. Blais n’a pas démérité. Il a fait exactement ce qu’on attend d’un treizième attaquant. Mais la chimie entre lui et Martin St-Louis n’a jamais pris.

Comme dans certaines relations professionnelles, parfois, ça ne clique tout simplement pas. Si ça avait cliqué, jamais St-Louis ne lui aurait fait le coup de Québec. Jamais il ne l’aurait laissé sur la touche avec toute sa famille dans les gradins. Ce genre de geste parle fort dans un vestiaire.

Ce dimanche, quand son nom est apparu sur la liste des joueurs soumis au ballottage, Blais avait le cœur lourd. Ce n’est pas juste une rétrogradation administrative. C’est une mise à l’écart symbolique. Un message que sa présence n’est pas jugée indispensable dans la construction de l’équipe.

Et quand on connaît son parcours, champion de la Coupe Stanley avec les Blues de St-Louis, un retour au Québec comme joueur d’énergie respecté, c’est une gifle difficile à encaisser.

À 29 ans, Blais sait qu’il n’a plus beaucoup d’occasions de prouver sa valeur dans la LNH. S’il n’est pas réclamé, il rejoindra Laval… loin du rôle qu’il croyait occuper en début de camp. Et s’il est réclamé, ce sera la fin abrupte de son aventure montréalaise, une aventure qui aura duré à peine un camp d’entraînement.

Dans une équipe où des jeunes comme Owen Beck, Florian Xhekaj et Adam Engström sont retournés sans surprise à Laval, la situation de Blais est différente.

Ce n’est pas une question de développement. C’est une question de fit humain et stratégique. Et visiblement, le fit n’y était pas.

Un joueur honnête, combatif, populaire dans le vestiaire… mais qui n’a jamais trouvé sa place dans les plans de Martin St-Louis.