Négociations Montréal-Seattle: la transaction du destin

Négociations Montréal-Seattle: la transaction du destin

Par David Garel le 2025-12-16

Depuis quelques semaines, ce n’est plus un hasard si les recruteurs du Kraken de Seattle multiplient les présences autour du Canadien de Montréal.

Ce n’est pas de la simple curiosité. Ce n’est pas une tournée de routine. À Seattle, on sait exactement ce qu’on cherche… et on sait où le trouver.

Le Kraken a un problème clair et identifié depuis longtemps : le manque de robustesse à gauche de sa défense. Vince Dunn est un défenseur offensif, mais personne à Seattle ne le décrit comme intimidant.

Ryker Evans est un 6e défenseur léger. Ryan Lindgren est vaillant, mais il n’est pas un intimidateur naturel. Et il mesure aussi 6 pieds. Résultat : dans l’Ouest, Seattle se fait brasser. Et ça commence à irriter sérieusement l’état-major.

C’est là qu’Arber Xhekaj entre dans l’équation.

Selon ce qui circule à Seattle, le Kraken voit en Xhekaj exactement ce qui lui manque : un défenseur gaucher capable de changer la température d’un match, de faire hésiter les attaquants adverses, d’imposer un prix physique réel.

Pas un quart-arrière. Pas un spécialiste du jeu de puissance. Un joueur qui dérange, qui protège et qui frappe.

Le Kraken a besoin d'un boxeur intimidant.

Et contrairement à Nashville ou Calgary, Seattle ne cherche pas un complément en Xhekaj, eux qui voient le défenseur comme un simple throw-in avec le choix de 1re ronde 2026 de Kent Hughes, que ce soit dans les négociations pour Ryan O'Reilly ou Nazem Kadri.

Seattle cherche un élément identitaire.

Du côté de Montréal, le contexte est connu. Trop connu. Le Canadien déborde de défenseurs : Noah Dobson, Mike Matheson, Lane Hutson, Kaiden Guhle, Alexandre Carrier. Pour les deux dernières chaises, Xhekaj doit se battre soir après soir avec Jayden Struble, pendant qu’Adam Engström s’impose tranquillement comme un favori interne.

Et quand il sort de la niche de Martin St-Louis, Xhekaj joue peu, souvent moins de dix minutes, sans rôle clair, sans continuité.

Et c’est précisément ce qui fait de lui une monnaie d’échange crédible.

Brian Wilde l’a dit clairement : le Canadien n’a aucun intérêt à échanger Xhekaj pour des miettes. Pas un choix de deuxième ronde. Pas un projet lointain. S’il sort de Montréal, ce sera pour une valeur équivalente ailleurs sur la glace.

« Un choix de première ronde serait la seule chose qui ferait réfléchir l’organisation », a-t-il expliqué. Parce que Xhekaj n’est pas un défenseur ordinaire. Il est rare et utile quand il fait peur.

Seattle sait très bien que ce type de joueur ne court pas les rues. Surtout que Xhekaj serait un bien meilleur fit dans l'Ouest.

C’est ici que le nom de Shane Wright refait surface.

À Seattle, personne ne nie que Wright n’a pas répondu aux attentes associées à un joueur longtemps projeté premier choix au total. Trois saisons pour enfin jouer une campagne complète. Une production correcte la saison dernière (19 buts, 44 points), mais cette année, il déçoit officiellement (5 buts, 12 points en 30 matchs).

On est loin du statut de joueur franchise espéré. Et surtout, le Kraken a l'impression qu'il ne trouvera jamais sa place, ni son rôle, ni son rythme.

Pour le Canadien, le lien est évident. Le besoin numéro un à Montréal reste un centre top-6, et les solutions internes inquiètent.

Michael Hage est talentueux, mais pas dominant au cercle. Alexander Zharovsky ne sera pas à Montréal avant 2027.

Oliver Kapanen surprend, mais les indicateurs avancés suggèrent une régression. Kirby Dach est fragile. Et les options sur le marché sont rares, chères, ou temporaires. (Kadri, O'Reilly, etc)

Shane Wright, lui, coche plusieurs cases : âge, potentiel encore exploitable, responsable dans les deux sens de la patinoire.

D'accord, le joueur de centre ne serait pas la solution au centre à long terme sur le top-6 du CH. Mais quand on parle d'un attaquant "stop-gap", capable de bouger dans l'alignement et d'aider le CH, en attendant que Hage ou Zharovsky soit prêt, le pari semble intéressant.

Et surtout, il représente exactement ce que Montréal cherche en ce moment : un pari contrôlé, pas un vétéran en fin de cycle comme Kadri ou O'Reilly.

Évidemment, Seattle ne donnera jamais Wright pour Xhekaj seul. Personne n’est naïf. Mais ce qui change la donne, c’est que le Kraken est ouvert à brasser son noyau, et qu’il sait que Montréal possède ce qu’il n’a pas : un défenseurs, jeunes, NHL-ready, avec une identité physique claire.

Jayden Struble pourrait donc aussi les intéresser. Mais le Kraken semble vraiment avoir le shérif dans le viseur.

Et il y a un élément narratif impossible à ignorer. Shane Wright, ce regard lancé vers la table du Canadien en 2022 au Centre Bell, cette déception figée dans le temps de ne pas avoir été sélectionné premier au total.

Le hockey a parfois un sens cruel du destin. Un retour à Montréal, dans un rôle mieux défini, dans un marché affamé de centres, aurait quelque chose de presque inévitable.

La réalité est simple : le marché s’élargit pour Arber Xhekaj. Nashville. Calgary. Et maintenant Seattle. Plus il y a d’équipes sérieuses, plus la valeur monte. Mais plus Montréal attend, plus le risque augmente aussi : celui que son utilisation réduite finisse par faire douter les autres.

C’est pour ça que la fenêtre est réelle. Maintenant.

Parce qu’un joueur populaire comme Xhekaj, s’il doit partir, doit être transigé pour un nom qui va exciter les fans du CH.

Si Shane Wright est vraiment disponible… Kent Hughes doit trouver quel élément rajouter avec le shérif.

Imagibez le destin...