La phrase est tombée comme une tuile sur la tête de Nick Suzuki.
Sur le podcast 32 Thoughts, Elliotte Friedman a confirmé ce que plusieurs dirigeants d’Équipe Canada pensent désormais tout bas : Macklin Celebrini est assuré de faire partie de la formation canadienne pour les Jeux olympiques de Milan-Cortina.
« Il n’y a même plus de débat sur la possibilité qu’il soit de l’équipe canadienne. C’est une certitude qu’il a confirmé sa place au sein de l’effectif canadien »
Dans cette déclaration lourde de sens, un nom a brillé par son absence : celui de Nick Suzuki.
«Nous débattons toujours de la présence de Connor Bedard ou de Tom Wilson, mais il n’y a plus de débat concernant Celebrini. »
Plus la saison avance, plus une réalité inconfortable s’impose à Montréal : Nick Suzuki ne perd pas sa place au sein d’Équipe Canada parce qu’il joue mal, il la perd parce que la dynamique interne du pouvoir a changé.
Elliotte Friedman n’a pas seulement confirmé que Macklin Celebrini est assuré de faire l’équipe canadienne pour les Jeux olympiques de Milan-Cortina, il a aussi confirmé que certaines candidatures, pourtant solides, sont désormais secondaires dans l’esprit des décideurs. Et parmi elles, celle du capitaine du Canadien.
Ce n’est pas un hasard si Friedman parle de certitude lorsqu’il évoque Celebrini, tout en évitant soigneusement de mentionner Nick Suzuki.
Dans l’écosystème de Hockey Canada, ce genre de silence n’est jamais un détail. Il ne s’agit pas d’un oubli, mais d’un message. Celebrini est passé du statut de jeune prometteur à celui de pièce central du projet olympique, et ce glissement s’est fait sous les yeux, et avec la bénédiction de Sidney Crosby.
Quand Crosby dit qu’un joueur « a gagné le droit d’être dans la conversation », il ne fait pas de relations publiques. Il trace une ligne.
Depuis le Championnat du monde, Celebrini bénéficie d’un capital politique immense, bâti non seulement sur ses performances, mais sur le regard que portent sur lui les figures dominantes du vestiaire canadien.
Crosby le soutient. MacKinnon l’encadre. Le DG Doug Armstrong le suit de près. À partir de là, le reste devient presque mécanique.
Pendant ce temps, Suzuki fait exactement ce qu’on lui demande à Montréal. Il produit. Il stabilise son trio. Il joue contre les meilleurs. Il assume le leadership. Il est même le favori pour le trophée Selke au moment où l'on se parle.
Mais ce qu’il fait pour le Canadien ne se transpose pas automatiquement dans l’équation olympique. Parce que pour Équipe Canada, Suzuki n’est pas évalué comme un premier centre, ni même comme un moteur offensif. Il est évalué comme un joueur de rôle. Et plus précisément, comme un centre shutdown potentiel.
C’est là que ça se complique. Si tu prends Nick Suzuki dans une équipe remplie de McDavid, Crosby, MacKinnon, Point et compagnie, ce n’est pas pour lui donner des missions offensives. C’est pour gagner des mises au jeu clés, fermer le centre de la glace, jouer contre les meilleurs et accepter de passer du temps sans la rondelle.
Or, selon ce qui circule dans les coulisses, c’est précisément sur ce terrain que Suzuki aurait laissé des doutes lors des évaluations à New York, notamment sur les mises au jeu importantes, là où Hockey Canada est obsessionnellement exigeant.
Et le signal envoyé hier contre Connor McDavid est brutal. Suzuki a joué un bon match. Intelligent. Responsable. Mais il a joué moins que Jake Evans. Huit secondes de moins seulement, mais surtout sans être utilisé comme chien de garde contre McDavid.
Dans un contexte normal, ce détail passerait inaperçu. Dans un contexte olympique, il est dévastateur. Parce que si tu n’es pas celui qu’on envoie contre McDavid à Montréal, pourquoi le serais-tu contre Auston Matthews dans un alignement canadien rempli d’options spécialisées ?
C’est là que Celebrini devient une menace directe, même s’ils ne jouent pas exactement le même rôle sur papier. Celebrini offre quelque chose de rare : une polyvalence immédiate.
Il peut jouer au centre ou à l’aile. Il peut contribuer offensivement beaucoup plus que Suzuki sans déséquilibrer une ligne. Il peut jouer défensivement sans que ça nuise à son impact. Et surtout, il incarne l’avenir du hockey canadien.
Connor Bedard, blessé, reste dans la conversation par son statut de prodige. Tom Wilson est débattu pour son profil de "méchant protecteur". Robert Thomas est protégé par Armstrong et fait partie des candidats. Anthony Cirelli par Cooper. Celebrini par Crosby.
Et Suzuki, lui, n’a personne pour pousser publiquement son dossier. Il est seul avec ses performances, dans un système où les performances ne suffisent pas toujours.
C’est ça, la mauvaise nouvelle pour Nick Suzuki. Pas qu’il joue mal. Pas qu’il régresse. Mais qu’il est pris dans une zone grise, celle du joueur complet, fiable, discret, qui ne dérange personne, mais qui n’excite pas les décideurs.
Celebrini, lui, excite. Il symbolise quelque chose. Il raconte une histoire. Et Hockey Canada adore les histoires de passation de pouvoir, surtout quand elles sont validées par Crosby.
On peut tourner ça comme on veut, mais le message est clair : le train de Milan 2026 est en marche, et Celebrini est déjà assis en première classe.
Suzuki, lui, est encore sur le quai, avec un billet valide, mais sans garantie qu’on le laissera monter. Et dans ce jeu-là, ce ne sont pas toujours les meilleurs joueurs qui gagnent, mais ceux qui sont soutenus par les bonnes voix, au bon moment.
À Montréal, il va falloir l’accepter : Nick Suzuki joue contre des forces qui le dépassent. Et pour une fois, ce ne sont ni ses statistiques ni son engagement qui décideront de son sort.
C’est la politique interne d’Équipe Canada, et l’ombre immense de Sidney Crosby, qui pourraient lui fermer la porte.
