Jacob Fowler perd… et c’est là qu’on découvre sa vraie nature...
Car il existe des défaites qui révèlent davantage qu’une victoire. Des soirs où un jeune joueur, fraîchement débarqué dans la LNH, dévoile non pas son talent, mais son âme. Jacob Fowler vient d’en vivre un. Et le frisson collectif qu’il a provoqué n’avait rien à voir avec un arrêt spectaculaire, un déplacement parfait ou un score final.
Ce qui a glacé une province entière, c’est sa réaction après la défaite.
Ce regard brûlant, rageur, habité. De quoi nous donner des frissons dans le dos.
On voyait le regard d’un gardien qui n’a pas seulement perdu un match, il a perdu quelque chose de personnel.
Ce kid de 21 ans a parlé comme un vétéran qui a vécu dix printemps éliminatoires. Mais surtout : comme un homme qui refuse de se cacher derrière la moindre excuse.
Il aurait pu dire que l’équipe n’a pas généré d’attaque.
Il aurait pu dire que la défensive manquait Matheson.
Il aurait pu dire que la malchance lui a collé au dos.
Il a choisi l’inverse.
« Je vais apprendre de cette erreur. J’ai presque jamais donné des buts comme ça dans ma carrière. J’espère que c’est le dernier. »
Sa voix ne tremblait pas. Son visage ne mentait pas. La déception était intens et authentique
Ce n’était pas le discours d’un joueur qui se protège.
C’était le discours d’un gardien qui assume pleinement d’avoir coûté quelque chose à son équipe et qui se voit déjà, le lendemain matin, en train de corriger le geste, la lecture, le moment où tout a basculé.
Ce qui s’est produit derrière son filet, ce disque laissé mourant, récupéré par Michkov, immédiatement transformé en but par Brink, restera dans les montages d’erreurs de la semaine. Et Fowler est le premier à le savoir.
Mais au lieu de s’effondrer, il s’est dressé devant les médias pour affronter la musique.
Au lieu de détourner l’attention, il l’a attirée sur lui.
Au lieu de dire « c’est une erreur de jeunesse », il a dit :
« C’est ma responsabilité. Je n’ai pas fait mon travail. »
Dans un marché où l’on cherche depuis dix ans un successeur spirituel à Price, cette phrase-là a résonné plus fort que n’importe quel arrêt.
Ce qui distingue les grands : c'est perdre comme un champion
Il y avait une intensité presque inquiétante dans la manière dont Fowler répétait qu’il n’était pas satisfait.
Il a dit simplement :
« Je dois faire ces arrêts-là. Même les jours où je n’ai pas mon A game. »
C’est le genre de phrase que les entraîneurs adorent et que les coéquipiers respectent instantanément.
C’est le genre de phrase qui sépare les gardiens qui survivent… de ceux qui marquent une organisation. Sans parler de sa classe humaine.
Dans le chaos de sa propre défaite, Fowler aurait pu ignorer l’éléphant dans la pièce. Il ne l’a pas fait.
Montembeault venait d’être rétrogradé à Laval pour des fins de conditionnement, geste qui a fait exploser Montréal.
Une humiliation nationale et un choc pour tout le vestiaire.
Et Fowler, lui, au lieu de se concentrer sur son propre moment difficile, a tenu à parler de Samuel.
« Sam a été incroyable avec moi. Dobie aussi. On a tous le même but : aider cette équipe à gagner. »
À 21 ans, Fowler comprend déjà une vérité que beaucoup de vétérans prennent des années à assimiler : la fraternité entre gardiens est sacrée.
Cela donne un ton très particulier à son discours.
On sent qu’il admire Montembeault, qu’il refuse de participer au narratif de remplacement, qu’il sait que ce qui arrive à Sam est délicat, douloureux, complexe.
Et pourtant, il ne se laisse pas distraire.
Il reste obsédé par une idée :
« Je n’ai pas fait mon travail. Je dois être meilleur. »
17 arrêts... un but gaffé.
Un Centre Bell silencieux à plusieurs moments.
Un adversaire qui a joué un match d’école défensivement.
Un match où même 12 lancers en troisième période n’ont rien généré.
Et pourtant, la seule chose dont Montréal parle ce soir, c’est ce jeune gardien de 21 ans qui a pris la défaite comme si le destin du club reposait entièrement sur ses épaules.
Il aurait pu sortir du vestiaire secoué, hésitant, fragile. Il en est sorti fâché, blessé dans son orgueil, mais jamais dans sa confiance.
Montréal n’a pas seulement découvert un jeune gardien talentueux. On vient de découvrir une mentalité rare, violente... gagnante dans la défaite.
La mentalité d’un numéro un.
La mentalité des grandes dynasties.
La mentalité des gardiens qui finissent par définir une ville.
