Pauvre Josh Anderson. On peut bien le critiquer, on peut bien rappeler à quel pointil est fini à la corde, mais hier soir, l’ailier du Canadien avait réellement envie de créer quelque chose, de briser la torpeur d’un match où Montréal s’éteignait minute après minute.
Et il faut lui rendre ça : pour un joueur confiné à un rôle de quatrième trio, il a disputé une bonne rencontre. Cinq mises en échec, un trio fonctionnel avec Jake Evans et Alexandre Texier, de l’énergie, de la volonté… bref, un joueur qui tente de survivre dans une équipe qui manque d’étincelles.
Mais c’est justement cette volonté qui a débouché sur un malaise profond : Anderson a voulu se battre… avec Trevor Zegras.
L’un des joueurs les plus "skill", les plus fins, les moins intimidants physiquement de toute la ligue. Un artiste de 6’0’’ et 185 livres, pas un géant bâti pour les duels de force le long des rampes
Anderson, lui, fait 6’3’’ et 226 livres. Et dans son élan désespéré pour provoquer quelque chose, il n’a pas seulement choisi le mauvais moment : il a choisi le mauvais adversaire.
Dans le vestiaire des Flyers, après le match, on riait carrément.
On se moquait de la scène : Josh Anderson qui veut "dropper" les gants contre Trevor Zegras, comme si quelqu’un avait écrit un sketch sur la confusion identitaire du Canadien.
Et les Flyers ne se sont pas gênés pour ajouter que Montréal est soft. Pas seulement hier. Soft, point final. Une équipe incapable d’assumer physiquement un match serré, incapable de changer le ton quand on a besoin de changer le momentum, incapable de répondre à la rudesse la plus basique.
Même Arber Xhekaj, supposément l’homme fort du groupe, a passé la soirée à éviter Nicolas Deslauriers.
Deslauriers n’attendait qu’un regard, une étincelle, un signe de courage. Rien. Xhekaj, malgré la piètre performance collective de son équipe, a refusé de jeter les gants pour créer une étincelle. Et ça aussi, ça a fait rire les Flyers.
Comme si ce n’était pas assez, on s’est aussi payé la tête du Canadien en voyant Ivan Demidov, qui n’a rien d’un bulldozer, aller défier Rasmus Ristolainen, l’un des défenseurs les plus brutaux de la ligue.
Une inversion totale des rôles qui ne fait qu’accentuer l’impression que Montréal ne sait plus qui doit faire quoi, ni comment répondre physiquement à l’adversité.
Ce qui rend toute la scène encore plus embarrassante pour Montréal, c’est l’attitude de Trevor Zegras lui-même.
Plus tôt dans le match, il avait réagi avec une arrogance à peine voilée à la mise en échec monstrueuse de Rasmus Ristolainen sur Juraj Slafkovsky, un contact pourtant parfaitement légal qui a envoyé le grand Slafkovsky sur le derrière après une passe suicide atroce d’Adam Engström.
Slafkovsky n’a vraiment pas aimé cette passe et a visé son jeune coéquipier d'un regard accusateur.
Mais c’est le petit sourire narquois de Zegras qui a mis le feu aux poudres. Un sourire qui disait tout : pour lui, pour les Flyers, pour plusieurs équipes dans la ligue, le Canadien est devenu une équipe qu’on peut bousculer sans jamais craindre la réplique.
Quand on lui a demandé ce qu’il avait pensé du retour au jeu de Ristolainen et surtout de sa mise en échec sur Slafkovsky, Trevor Zegras a simplement répondu, avec un petit sourire baveux :
« C’était phénoménal. Il est une bête. C’est vraiment un orignal sur la glace. Et cette mise en échec-là était incroyable. Oui, c’était excellent. »
Ce sourire-là résumait parfaitement la perception externe du CH : on rit, on provoque, on teste leurs nerfs… parce qu’on sait très bien qu’ils ne feront rien pour nous faire payer.
Revenons à Anderson, parce que tout part de là.
Ce joueur, en ce moment, est au bord du précipice. On sent qu’il veut tellement bien faire qu’il finit par s’enfoncer davantage.
Son désir de provoquer du rythme, de prouver qu’il peut encore être utile, le pousse vers des décisions incompréhensibles.
Et hier, l’image est devenue presque triste : un gars de 226 livres voulant se battre avec un artiste de 185 livres, alors que les vrais clients de l’autre côté (Deslauriers, Ristolainen et compagnie), n’ont même pas eu besoin de lever un sourcil.
Ce n’est pas du courage. Ce n’est pas du leadership.
C’est de la confusion.
Et ce n’est surtout pas avec une mentalité aussi douce, aussi hésitante, aussi déconnectée de la réalité physique de la LNH que le Canadien va accomplir quoi que ce soit en séries.
Les Flyers l’ont compris, et c’est pourquoi ils riaient : Montréal ne sait plus comment se tenir debout. Les joueurs qui devraient imposer le respect se réfugient dans le silence, tandis que ceux qui devraient être protégés se retrouvent à affronter les monstres adverses.
Anderson, lui, essaie. On le voit. On le sent. C’est presque touchant.
Mais hier soir, malheureusement, c’était gênant. Et la ligue l’a vu.
