Ce soir, Jacob Fowler a semblé humain pour la première fois depuis son arrivée à Montréal.
Non pas parce qu’il faut le blâmer ou l’écorcher dans cette défaite de 504 en tirs de barrage contre le Lightning.
Personne ne lui jette la pierre, ni dans le vestiaire, ni sur le banc. Mais le timing de cette soirée imparfaite ouvre un chapitre que Samuel Montembeault attend depuis des semaines.
Fowler n’a pas connu une catastrophe. Il n’a pas implosé. Il n’a pas offert un de ces matchs qui brûlent la confiance. Mais il a offert quelque chose d’encore plus significatif : de la normalité.
Le petit manque de contrôle sur les retours.
Le tir qu’il voudra revoir en vidéo demain.
Les échappées qu’il n’a pas pu sauver.
Et surtout, ce moment en fusillade où, pour la première fois, on a vu les limites liées à sa morphologie, alors qu'il semblait petit devant son filet.
En temps réglementaire, il a encore tenu l’équipe dans le match par séquences, mais en tirs de barrage, ce laboratoire brutal pour les gardiens, la différence physique a sauté aux yeux.
Fowler est intelligent, discipliné, explosif… mais il est aussi compact, plus compact que la moyenne des gardiens modernes, et la télévision n’a rien fait pour lui.
Même les commentateurs du Lightning l’ont remarqué immédiatement : il paraissait petit devant son filet.
Il s’avançait, il tentait de couper les angles, mais ce n’était pas naturel, pas encore. On sentait un instinct qui cherchait ses repères, une mécanique encore trop neuve pour la fusillade.
C’est normal. c’était sa première. Mais dans une ville où chaque millimètre compte, le fait que Fowler perde son match change tout pour Samuel Montembeault.
Le Québécois a enfin une fenêtre pour rejouer. Voilà l'occasion parfaite pour jouer contre les Panthers de la Floride mardi soir prochain... et stopper la tempête personnelle autour de lui.
Depuis trois semaines, la rumeur enfle : il se passe quelque chose dans sa vie personnelle. La Presse l’a laissé entendre, les réseaux sociaux se sont enflammés, et les spéculations se sont multipliées au point où l’on ne distingue plus le vrai du fantasme.
Le gardien, qui jadis multipliait les publications sur les réseaux sociaux, a supprimé ou mis en veille son compte Instagram, un geste rare et lourd de sens dans une époque où les athlètes s’expriment d’abord par leur image.
Ce silence a nourri toutes les interprétations, parfois bienveillantes, souvent malicieuses, et chaque jour d’absence amplifiait l’impression d’un homme qui se bat sur plusieurs fronts à la fois.
Pendant que Fowler gagnait, pendant que Dobeš luttait, Montembeault recevait des moqueries, des détournements, des commentaires sur son sa méforme physique, sur sa campagne McDonald’s, sur tout ce qui dépassait l’aspect du sport.
Mardi soir, il jouera contre les champions de la Coupe Stanley... mais surtout contre la version de lui-même que Montréal a construite sans lui depuis un mois.
Pendant ce temps, le Canadien a arraché un point miraculeux, à trois secondes de la fin, un point qui vaut de l’or dans un calendrier aussi serré.
Mais ce point a aussi changé le narratif : Fowler n’a pas perdu son match en temps réglementaire. Il a simplement cessé d’être indestructible.
Et dans une organisation qui tente désespérément de relancer un gardien en détresse psychologique et technique depuis deux mois, cette nuance change tout.
Il ne s’agit pas d’enterrer Fowler. L’équipe croit en lui, les statistiques avancées continuent de le placer dans le peloton de tête des gardiens de la LNH, et personne ne remet en question son statut de futur numéro un, mais il fallait un prétexte pour renvoyer Montembeault devant le filet.
Ce prétexte vient d’arriver. Dans deux jours... contre les champions de la Coupe Stanley...
Le 30 décembre appartient désormais à Montembeault
Montembeault jouera en Floride. Une chance précieuse de prouver qu’il mérite encore de faire partie des deux gardiens que Martin McGuire annonce déjà pour 2026. (le journaliste de Cogeco affirme que le ménage à droit sera brisé après le jour de l'an et que Montembeault est assuré de rester à Montréal: ce sera donc entre Dobes et Fowler pour savoir qui prend le chemin de Laval).
Il ne faut pas sous-estimer le contexte. Montembeault a été soumis au ballottage par les Panthers, lui qui a été réclamé par le CH en 2021-2022.
L’occasion de sauver son statut à Montréal : un rendez-vous avec le destin
Et si Montembeault livre ?
S’il gagne ?
C’est peut-être même le moment où se décidera quel duo gardera les buts du Canadien en 2026.
Et ce soir, pour la première fois depuis des semaines, le scénario parfait existe pour Samuel Montembeault.
À lui de ne pas le laisser filer.
