Ça chauffe sur les ondes de Cogeco.
Selon l'ancien coach de Carey Price, Stéphane Waite, la clé du casse-tête à trois têtes du Canadien ne s’appelle ni Jacob Fowler ni Jakub Dobeš, mais bien Samuel Montembeault, dont le début de saison, a-t-il rappelé sans pitié, a été « désastreux ».
Pour l’ancien entraîneur des gardiens du CH et l’homme qui a gagné une Coupe Stanley à Chicago, la solution n’est pas un débat philosophique : elle est mathématique.
« Si Samuel peut retrouver ses repères pour retrouver sa confiance, s’il peut retrouver son aplomb, ça règle un gros problème. Parce que là, on peut renvoyer le jeune Fowler à Laval, lui dire : “Casse-toi pas la tête, joue deux matchs sur trois, amène cette équipe-là le plus loin possible dans les séries.”
Et ça, ce serait le meilleur scénario possible. »
Cette phrase a frappé de plein fouet un Québec hockey profondément attaché à Fowler, ce gardien carré, stable, mature, dont la montée fulgurante a électrisé le public au point où plusieurs voient déjà en lui le vrai numéro un de demain... et peut-être même de maintenant.
Et pourtant, selon Waite, c’est lui qui deviendrait le dommage collatéral d’un retour en force de Montembeault. On se met alors à imaginer, avec une certaine gêne, l’état d’esprit de Fowler aujourd’hui : le jeune homme est destiné à devenir le filet du futur, l’évidence même, mais son avenir immédiat dépend ironiquement d’une bonne performance d’un vétéran qui joue sa propre survie devant un club qui l’a vu dérailler depuis octobre.
Impossible de ne pas croire qu’une partie de lui souhaite presque que Montembeault trébuche encore, non par manque de respect, mais parce que son propre destin à court terme repose sur la fragilité d’un autre.
Et pendant que ce duel psychologique s’installe, Dobeš, lui, devient l’ombre silencieuse, la troisième roue oubliée d’un triangle qui ne tourne plus rond, même si c’est lui qui a tenu le fort pendant l’effondrement de Montembeault.
Waite, pourtant, ne lui accorde même pas une seconde d’air : dans son scénario, ce n’est pas Dobeš, pourtant exempté du ballottage, qui descendrait à Laval, mais Fowler, ce qui crée une tension énorme dans l’entourage du club, car c’est un scénario que le Québec rejette catégoriquement.
On se retrouve donc à quelques heures d’un match qui pourrait réécrire la hiérarchie, alors que Montembeault affronte les Panthers fatigués d’avoir joué la veille, dans une soirée qui déterminera peut-être le sort non seulement de son propre avenir, mais de celui du gardien le plus prometteur que l’organisation ait eu depuis Carey Price.
Tout commence ce soir, dans la tête d'une gardien qui marche sur une corde raide.
Il faut mesurer à quel point la pression qui pèse sur Samuel Montembeault dépasse largement le simple cadre sportif. Pour lui, ce match n’est pas une rotation banale dans un ménage à trois : c’est une épreuve existentielle.
Depuis des semaines, il vit sous un microscope qui ne lui laisse aucun répit: les moqueries sur ses performances, sur son physique, les analyses cinglantes de ses statistiques, les insinuations sur sa préparation physique, puis les spéculations maladroites sur sa vie personnelle et intime après ses absences et la suppression de certaines activités sur les réseaux sociaux.
Quand La Presse a évoqué l’hypothèse d’un problème personnel, les rumeurs se sont emballées. Mais même si toutes ces rumeurs sont fausses, la fatigue émotionnelle qu’elles ont provoquée, elle, demeure, et Montembeault doit la trimballer ce soir au moment même où il dispute ce qui ressemble à un match de survie.
C’est pourquoi l’enjeu dépasse la simple performance technique. Le Québécois affronte son ancienne équipe, celle qui l’a mis au ballottage en 2021. Et voilà qu'il défend son poste dans une organisation qui hésite à le soumettre encore une fois au ballottage.
L'équation est simple: si Montembeault renaît, Fowler paie; s’il s’effondre, le Québécois risque d'être soumis au ballottage. Et Fowler ne jouera plus jamais dans la ligue améircaine.
On pourrait entendre une mouche voler dans le vestiaire.
