Pauvre Michael Pezzetta...
Le plombier est en train de vivre un naufrage qui ressemble à un téléroman sportif. L’attaquant au grand cœur, adulé par certains pour son énergie et ses combats, pensait avoir trouvé la terre promise à Toronto.
Jamais il n'aurait cru se retrouver au ballottage dans le but d'être rétrogradé dans la ligue américaine.
Aujourd’hui, son histoire est celle d’un rêve brisé, d'une carrière brisée, d’une réputation entachée et d’une famille qui regarde, impuissante, l’homme qu’ils aiment se transformer en « goon jetable ».
Tout a commencé par ce qui aurait dû rester privé. Lors d’une entrevue au balado « Cam & Strick » avant d'entamer sa dernière année à Montréal, Pezzetta a révélé, avec légèreté, qu’il était à nouveau célibataire.
À la question sur la vie de joueur à Montréal, il a lancé :
« Depuis que j’étais avec Montréal, j’avais une blonde. Alors j’ai hâte de voir comment la saison se passera maintenant que je suis célibataire. »
Pour Mireille Boutin, influenceuse fitness et ex-compagne du joueur, cette annonce publique fut une humiliation. En quelques secondes, leur relation est devenue un spectacle.
Elle s’est retrouvée projetée dans l’arène des commentaires et des ragots. Son image d’influenceuse résiliente est passée au test de l’exposition médiatique la plus brutale.
À Montréal, Pezzetta avait déjà un pied dehors.
Martin St-Louis le laissait moisir sur le banc, préférant même des "AHLers" comme Lucas Condotta ou d’autres jeunes.
Pezzetta se défonçait aux entraînements, mais rien n’y faisait. Chaque match non disputé l’éloignait un peu plus d’un avenir en LNH.
Sa famille, en Ontario, voyait le drame se jouer. Les coups encaissés, les commotions, les migraines. Tout cela pour quoi ? Pour rester assis dans les gradins du Centre Bell.
Quand il a signé à Toronto, Pezzetta s’est cru sauvé. Enfin une ville qui comprend son style ! Enfin une chance ! Surtout que c'était l'équipe de son enfance.
Mais le conte de fées a tourné court. La même semaine, les Leafs ont acquis Dakota Joshua. Plus gros, plus fort, plus jeune, meilleur. Un profil quasi identique, mais supérieur sur toute la ligne.
Soudain, Pezzetta est redevenu un figurant. Un corps de plus dans une équipe qui cherche désespérément à « changer son identité » sans savoir où elle va. L’arrivée de Joshua a anéanti le peu d’espace qu’il espérait occuper.
En parallèle, Pezzetta continue d’encaisser. Son style de jeu est une roulette russe. Chaque combat est peut-être un de trop. Tout le monde se souvient de son duel contre Andreas Englund qui avait glacé le sang des partisans : des coups directs à la tête, sans riposte, un Pezzetta titubant mais restant debout par fierté. Une exécution publique.
Les scientifiques le disent depuis des années : les traumatismes répétés mènent à la CTE, l’encéphalopathie traumatique chronique.
Les noms de Derek Boogaard, Wade Belak ou Steve Montador hantent ce rôle de « goon ». Mais il continue d'aller au front, comme si sa santé était une variable négligeable.
Aujourd’hui, Michael Pezzetta n’est plus seulement un joueur en difficulté : il est un symbole. Celui d’un hockey qui sacrifie encore ses soldats pendant que les stars vivent dans une bulle. Il est aussi un avertissement pour les jeunes qui rêvent de la LNH.
Son entourage le sait. Ses parents, ses proches, voient la pente se raidir. Ils s’inquiètent. Combien de coups encore avant que les dommages deviennent irréversibles ? Combien de migraines, de trous de mémoire, de nuits blanches avant que le diagnostic tombe ?
Toronto, de son côté, n’est pas le paradis qu’il imaginait. C’est un club en panique qui signe tout ce qui bouge pour « changer d’ADN » après avoir perdu Mitch Marner pour un plombier (Nicolas Roy).
Les Leafs croient se bâtir une équipe « de papier sablé », mais tout ce qu’ils récoltent, ce sont des joueurs rejetés ailleurs. Dans ce contexte, Pezzetta n’est pas une priorité : il est un pion sacrifié dans un plan improvisé.
Normal qu'il se retrouve au ballottage.
Cette histoire est plus qu’une simple transaction sportive. C’est celle d’un homme qui a cru à son rêve et qui, aujourd’hui, se retrouve broyé par la machine. C’est celle d’une famille qui voit leur fils risquer sa santé pour un rôle qui n’existe plus vraiment. C’est celle d’un couple brisé, exposé sans pudeur dans un balado.
Dans le monde cruel des médias sociaux, il n’y a pas de place pour la nuance. Pezzetta est devenu un « mème », un joueur caricaturé pour son style old-school et son absence de points. Mais derrière le casque et les cheveux longs, il y a un être humain qui encaisse tout : les coups, les critiques, les humiliations.
À 27 ans, Michael Pezzetta peut au moins de consoler à l'idée que son agent lui ai sauvé le derrière en trouvant un contrat de deux et 812 500 dollars par année.
Reste que pour Toronto, cette saga est une farce sportive. Pour Pezzetta, c’est une tragédie. Les Leafs voulaient changer d’image et se retrouvent avec un vestiaire d’indésirables. Pezzetta voulait relancer sa carrière et se retrouve encore plus coincé.
Dans un monde idéal, on le sortirait de cette spirale destructrice. On le protégerait, on lui donnerait une vraie chance ou on lui conseillerait de penser à son après-carrière. Mais ce monde n’existe pas dans la LNH de 2025.
Michael Pezzetta est un survivant. Mais survivre a un prix. Chaque combat, chaque mise en échec, chaque humiliation publique est une pierre de plus dans le mur qui se referme sur lui.
Son rêve est en train de se transformer en cauchemar. Et à moins qu’un dirigeant, quelque part, ait le courage de dire « stop », ce cauchemar risque de se conclure par une fin brutale.