Jeff Gorton l’a appris comme tout le monde : dans les journaux russes.
En scrollant d’un œil fatigué les manchettes internationales, un nom a surgit comme une gifle en pleine face.
Ivan Demidov. Puis un autre. Igor Larionov. Puis cette citation assassine : « Je vais demander à ce qu’on me le prête pour une saison. »
À Brossard, on a entendu les murs trembler.
Personne ne s’attendait à ça. Larionov venait à peine d’être nommé entraîneur-chef du SKA que déjà, il tendait un piège médiatique au CH.
Une demande déguisée, insidieuse, impossible à ignorer.
Et pendant que certains en rient en surface, à huis clos, la panique s’est installée dans les couloirs du complexe d'entraînement.
Parce que ce n’est pas juste une déclaration. C’est une attaque frontale. Un test d’autorité.
Jeff Gorton a toujours été diplomate.
Mais là, il est furieux. Furieux qu’on ose remettre en question les plans méticuleusement élaborés pour faire de Demidov une vedette à Montréal dès la saison prochaine.
Furieux que la Russie, encore une fois, tente d’imposer son tempo à la LNH. Et furieux que Larionov, ce vieux renard des glaces, joue de son prestige pour semer la confusion.
On imagine que Kent Hughes et Jeff Gorton ont dû échanger sur le sujet en interne… mais pour l’instant, rien n’a fuité.
Mais tout ça n’empêche pas l’inquiétude de ronger l’état-major. Parce que dans le fond, ce que Larionov vient de faire, c’est créer un doute.
Et dans un dossier comme celui-là, le doute, c’est un poison lent.
Et si Demidov, séduit par la promesse d’un rôle de premier plan en Russie, décidait de prendre une année de recul? Et si l’influence de Larionov et la pression familiale faisaient dérailler le plan du CH? Et si... ?
Non. Gorton ne veut même pas envisager ce scénario.
Ce que les fans ne savent pas, c’est que ce genre de coups bas vient miner des mois de travail diplomatique.
Des rencontres, des engagements tacites, des garanties données à Demidov et à son clan. Tout ça mis en péril par une phrase lancée à l’improviste dans un média russe.
Et pendant que certains analystes se contentent de dire que « ça ne se fera pas », le Canadien, lui, n’a pas le luxe d’être naïf.
Jeff Molson, lui aussi, a été mis au courant. On parle ici d’un investissement stratégique.
Le plan Demidov fait partie du virage marketing du CH vers une équipe jeune, rapide, internationale.
Un visage pour l’après-Price, l’après-Weber, l’après-nostalgie.
On ne peut pas le perdre, même pour un an.
La réaction de Martin St-Louis? Un mélange de colère et de mépris. « Qu’il vienne ici lui parler, Larionov. On va lui montrer c’est quoi, développer un joueur. »
Ce que personne ne veut admettre publiquement, c’est qu’il y a une guerre de territoire qui couve entre la LNH et la KHL. Et cette fois, le champ de bataille, c’est Ivan Demidov.
Alors oui, à Brossard, l’ambiance est tendue. Jeff Gorton ne dort plus tranquille.
Et Larionov, lui, continue de faire la tournée des médias, calmement, stratégiquement, comme s’il savait déjà que le mal est fait.
Le Canadien n’a pas le choix. Il doit réagir. Vite. Fort. Et publiquement.
Parce que si Demidov ne débarque pas à Montréal cet automne, ce ne sera pas une déception. Ce sera une humiliation. Une de plus.
Et Jeff Gorton ne tolérera pas ça.
Et pendant que les rumeurs continuent d’éclabousser les réseaux, une vérité demeure incontestable : Ivan Demidov appartient Canadien de Montréal, et il l’a prouvé dès son arrivée.
Avec sa fougue, son flair offensif et sa capacité à renverser l’élan d’un match en une seule présence, le jeune prodige russe a instantanément injecté de l’électricité dans le vestiaire du CH.
Il a changé la dynamique. Il a réveillé une fanbase en mal de sensation.
Le problème? Demidov n’est plus un secret bien gardé, et plus personne ne le voit comme un projet à long terme.
On veut qu’il livre. Maintenant.
Tout de suite. Et c’est là que le danger guette.
Parce que si le Canadien tombe dans le piège de vouloir compétitionner trop vite, c’est l’enfant Demidov qu’on risque de sacrifier.
Son développement, sa progression, sa confiance… tout ça peut se faire écraser sous le poids des attentes et des mauvaises décisions à court terme.
Et pourtant, on a vu avec Juraj Slafkovsky que le Canadien en est capable. Capable de freiner la panique. Capable de bâtir patiemment. Capable d’épauler un jeune, même s’il était hué, même s’il peinait, même s’il doutait.
Aujourd’hui, Slafkovsky fait partie intégrante du top-6. Il a brillé en séries. Il a tenu son bout. Il a grandi sous Martin St-Louis.
Et c’est exactement ce qui attend Ivan Demidov.
Il ne joue plus en Russie. Il ne répond plus à Larionov. Il n’a pas été repêché pour être une vedette de KHL. Il est le joyau brut du Canadien, sculpté pour devenir une perle rare de la LNH.
Un joueur complet. Un joueur dominant. Un joueur responsable. Mais surtout… un joueur qui veut gagner.
Et dans cette mission-là, un seul homme détient la clé.
Martin. Saint. Louis.
À lui de le polir. À lui de l’endurcir. À lui de le libérer.
Parce qu’Ivan Demidov ne mérite rien de moins que de devenir un joueur générationnel.
À Montréal. Pour de bon.
AMEN