Cauchemar au Centre Vidéotron: tout s'effondre à Québec

Cauchemar au Centre Vidéotron: tout s'effondre à Québec

Par David Garel le 2025-05-25

On célèbre cette année les 30 ans du départ des Nordiques de Québec. Trente longues années d’humiliation. Trente ans à se faire rappeler que la ville n’est pas capable de soutenir une franchise professionnelle.

Et comme pour souligner cruellement cet anniversaire tragique, Québec vient de s’offrir une double dose de honte en grande pompe : un Centre Vidéotron déjà désuet à seulement 10 ans… et un stade de baseball municipal incapable de garder ses lumières allumées sous la pluie.

Samedi soir dernier, devant 2500 spectateurs au Stade Canac, un match des Capitales de Québec a dû être interrompu en 5e manche.

Pourquoi? Parce que les nouvelles lumières LED installées… ont flanché. 

C’était un match dit professionnel. Avec un arbitre ayant déjà œuvré dans les ligues majeures, et un lanceur visiteur en plein match sans point ni coup sûr tel que raconté par le journaliste du Journal de Montréal, Jean-Nicolas Blanchet.

Et soudain, noirceur. L’éclairage venait d’être remplacé… deux jours seulement avant le début de la saison. À la va-vite.

Sans tests. Sans précautions. Et dès la première semaine, c’est le chaos. Les lumières clignotent sans prévenir. Elles s’éteignent. Les tours d’éclairage ne sont même pas assez hautes pour couvrir les estrades et les abris. Les voltigeurs perdent les balles dans la pénombre. Un joueur des Capitales a échappé une chandelle… qu’il n’a littéralement jamais vue.

Et ce n’est pas tout. Le système de son a planté en plein match d’ouverture, pendant la présentation des joueurs. On parle ici d’un fiasco de 2,4 millions $ en fonds publics.

De l’argent qui aurait pu être investi ailleurs. Mais non. La Ville de Québec a jugé bon de bâcler les deux premières étapes de sa soi-disant “modernisation” du stade Canac : l’éclairage et la sonorisation. Deux désastres complets.

Charles Demers, président des Capitales, était furieux :

« C’est gênant pour les spectateurs, pour l’autre équipe, pour la ligue. »

Et il a raison. C’est une claque en pleine figure. Pas seulement pour son organisation, mais pour toute la ville de Québec. Une ville qui se vante de rêver à la LNH… mais qui n’est même pas capable de garder un stade de baseball semi-pro en état de marche.

Et pendant ce temps… le Centre Vidéotron s’effondre.

L'amphithéâtre, inauguré en grande pompe en 2015 pour accueillir (un jour peut-être) une équipe de la LNH, est déjà en fin de vie technologique.

Un audit d’ingénierie a révélé que le système de contrôle d’accès des portes et des ascenseurs est en fin de vie utile.

Résultat : l’agglomération a dû débloquer 350 000 $ pour une mise à jour d’urgence. Dix ans seulement après l’ouverture.

Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Des travaux routiers ont été nécessaires pour sécuriser l’accès piétonnier à l’amphithéâtre. La sonorisation et l’éclairage doivent être modernisés.

L’environnement autour du site est toujours en transformation, comme si l’on tentait de cacher la misère derrière un écran de fumée.

Ce que peu de gens réalisent aussi, c’est que le Centre Vidéotron a été livré avec des systèmes technologiques déjà sur le bord de l’obsolescence dès son ouverture.

Les systèmes informatiques de billetterie, de sécurité vidéo, de ventilation et de contrôle d’éclairage ont été choisis avec des contraintes budgétaires si rigides que plusieurs fournisseurs avaient à l’époque déjà exprimé leur inquiétude sur leur durabilité.

Résultat : on se retrouve aujourd’hui avec une coquille flambant neuve à l’extérieur, mais un squelette dépassé à l’intérieur.

Les mises à jour logicielles sont devenues problématiques, plusieurs interfaces sont incompatibles avec les nouveaux systèmes, et le réseau de fibre optique interne nécessite déjà un remplacement partiel. Bref, on a construit un amphithéâtre de la LNH… avec une structure intérieure de niveau collégial.

Et pourtant, ce centre devait être le joyau de la renaissance sportive de Québec. Aujourd’hui, c’est un géant aux pieds d’argile, qui prend déjà des rides, sans jamais avoir servi à son but premier : accueillir une équipe de la LNH.

Un mirage à 400 millions.

Car oui. Il faut rappeler que le Centre Vidéotron a coûté environ 400 millions de dollars. Pour quoi? Pour accueillir… une équipe junior.

Un amphithéâtre de calibre LNH construit avec des fonds publics, qui vieillit mal, et qui n’a jamais hébergé autre chose que des spectacles, des tournois de hockey junior, ou quelques matchs hors-concours de la LNH.

Pas d’équipe. Pas de rêve accompli. Juste un gouffre financier, encore entretenu à coups de subventions et d'impôts. 

La capitale nationale des rendez-vous manqués.

On aime rire de Pierre Karl Péladeau, du Centre Vidéotron et de ses promesses non tenues. Mais la vérité est encore plus accablante : la ville de Québec, collectivement, n’a jamais su prendre soin de ses infrastructures sportives.

C’est une ville qui rêve de grandeur, mais qui échoue dans l’exécution la plus basique. Même l’éclairage d’un stade de baseball est une épreuve insurmontable.

Et pendant ce temps, Salt Lake City a accueilli une équipe de la LNH comme des champions. Atlanta veut revenir. Houston cogne à la porte. Québec? Elle est toujours là à réparer des LED qui fuient l’eau et à remplacer des ascenseurs avant qu’ils tombent en panne.

Et le pire, c’est que le plus gros du problème n’est même pas encore arrivé. D’ici cinq à dix ans, si rien n’est fait, le Centre Vidéotron va littéralement s’écrouler technologiquement.

Les systèmes actuels — ventilation, sécurité, contrôle d’accès, réseaux internes, éclairage intelligent — seront tous complètement incompatibles avec les standards nord-américains des amphithéâtres modernes.

Les mises à jour deviendront impossibles. Le soutien technique sera interrompu. On devra recommencer à zéro pour plusieurs infrastructures critiques, à grands coups de millions. Et tout ça pour un bâtiment qui n’aura jamais rempli sa mission première : accueillir une équipe de la LNH.

Si Québec ne pose pas les bons gestes maintenant, elle ne sera même plus en mesure d’accueillir un tournoi junior ou un championnat mondial dans une décennie. On ne parle plus d’un retard à rattraper. On parle d’un naufrage annoncé.

Trente ans après le départ des Nordiques, Québec n’a jamais été aussi loin de retrouver sa place dans le sport professionnel.

Elle s’enlise dans les erreurs de gestion, les contrats bâclés, les travaux de dernière minute. Le Stade Canac est une farce municipale. Le Centre Vidéotron est un amphithéâtre qui s'effondre déjà à l'interne.

Et à la fin, ce sont les partisans qui paient. En argent, en espoir… et en humiliation.

Il est peut-être temps d’arrêter de rêver à une équipe de la LNH. Il faudrait peut-être commencer par apprendre à changer une ampoule correctement.