Cauchemar dans un restaurant louche: Kent Hughes doit intervenir

Cauchemar dans un restaurant louche: Kent Hughes doit intervenir

Par David Garel le 2025-05-31

Le Flyjin n’était que le début. Ce qu’on découvre aujourd’hui sur le restaurant Palma dépasse l’entendement. Un repaire chouchou des joueurs du Canadien de Montréal, où l’on croise vedettes, mannequins, et membres du côté sombre de Montréal.

Le tout au cœur d’une tentative de paiement louche filmé et documentée. Et pendant ce temps, Kent Hughes reste muet. Chantal Machabée, en charge des relations publiques du CH, pourrait bien être la prochaine victime collatérale d’un laxisme organisationnel inquiétant.

Car si rien n’est fait, l’image du Canadien va s’enliser dans un tourbillon de réputation entachée et de relations douteuses.

Situé sur la rue Wellington, en plein cœur de Griffintown, le Palma se voulait un resto-bar chic, où se côtoient l’élite montréalaise, les influenceurs et… les joueurs de la LNH. Dès son ouverture en 2022, l’endroit devient un aimant pour les vedettes du Canadien.

Ce n’est pas un secret : tout le vestiaire sait que le Palma, c’est “the place to be” après les matchs. Mais derrière les cocktails raffinés, le chaos n'est jamais bien loin.

Selon un rapport explosif du SPVM exposé par journaliste d'enquête à La Presse, Daniel Renaud, cinq coups de feu sont tirés dans les vitrines du Palma en juillet 2024. Et ce n’est que le début. Le lendemain, un jeune homme entre dans le restaurant avec un sac à la main, demande à parler au gérant, et lui tend le sac en prétendant qu’il s’agit d’un « cadeau ».

Dans ce sac : une bouteille vide remplie d’essence. Le message est clair : « Paye 10 000 $ par mois ou on fait exploser ton restaurant. »

C’est toute une opération d’extorsion digne d’un film de mafia qui est mise au jour. Le SPVM, dans ses documents déposés devant la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), ne mâche pas ses mots.

Le restaurant Palma a été visité par jusqu’à 60 criminels en une seule soirée, incluant des membres de la mafia montréalaise, des Hells Angels, des gangs de rue, et des figures notoires du crime organisé libanais.

Les rapports sont accablants : 137 présences confirmées d’individus criminalisés depuis l’ouverture. Une agression présumée qui disparaît dans le néant, faute d’images conservées. 

Deux bagarres violentes, dont une avec des portiers blessés. Et une surcharge de clients dépassant largement les limites autorisées. Bref, le chaos organisé règne au Palma, et tout le monde le sait.

Lors d’une des deux bagarres signalées par la section Moralité du SPVM, les portiers ont refusé de porter plainte, et les images des caméras de surveillance n’ont jamais été remises aux autorités.

Dans l’autre cas, les caméras ne fonctionnaient tout simplement pas — un « bris technique » curieusement fréquent au Palma, selon les rapports policiers. 

Une culture du silence semble avoir été instaurée entre les murs de ce restaurant, empêchant toute transparence, même lorsque des actes violents se produisent sous les yeux de dizaines de clients.

Le Palma est aussi une source d’irritation constante pour le voisinage. Pas moins de 38 plaintes officielles ont été déposées au SPVM pour bruit excessif entre octobre 2022 et juin 2024.

À plusieurs reprises, les policiers ont constaté que la capacité maximale autorisée était largement dépassée, notamment durant les week-ends du Grand Prix, où plus de 250 clients s’entassaient dans une salle prévue pour 145 personnes. Ces débordements répétés ont renforcé le sentiment de perte de contrôle autour de l’établissement.

Ce qui choque le plus? C’est que le vestiaire du Canadien est un client fidèle de ce repaire trouble. Plusieurs témoins affirment avoir vu plusieurs joueurs du CH au Palma lors de soirées très tardives, notamment durant le week-end du Grand Prix — justement l’un des moments les plus surveillés par l’escouade Éclipse, spécialisée dans la criminalité organisée.

On parle ici de noms bien connus, photographiés dans des circonstances qui, aujourd’hui, soulèvent de sérieuses questions.

Et ce n’est pas tout. Des équipes adverses de passage à Montréal s’y retrouvent également. Le Palma est devenu une escale incontournable pour les millionnaires de la LNH. Ce n’est donc plus un simple resto tendance. C’est un champ de mines relationnel pour le CH.

Rappelons que ce n’est pas la première fois qu’un établissement chéri par les joueurs du Canadien se retrouve au cœur d’une enquête criminelle.

Le Flyjin, bar du Vieux-Montréal, a récemment été la cible d’un incendie volontaire d’une rare violence, alors que des jeunes cagoulés ont tenté de brûler le lieu, confondant le bar avec le petit café voisin Micro Espresso.

Un des suspects, âgé de seulement 18 ans, a été grièvement brûlé par les flammes qu’il a lui-même déclenchées, et arrêté à l’hôpital.

Le Flyjin appartient au même groupe que le Fitzroy, dont la devanture avait été criblée de balles en mai. Un cocktail explosif d’intimidation, d’extorsion, et de fréquentations très mal vues.

Et comme par hasard, le Flyjin était le bar préféré de Juraj Slafkovsky, dont la copine Angélie Bourgeois-Pelletiery travaillait comme barmaid.

Le jeune Slovaque y passait souvent ses soirées jusqu’à 4h du matin, non pas sous l’influence de substances, selon nos informations, mais par jalousie, incapable de quitter sa dulcinée des yeux.

Mais l’image est là : le jeune espoir du CH plongé dans des lieux louches, avec un personnel menacé et des établissements ciblés.

À quoi joue le CH? Quand on voit l’omerta autour de ces fréquentations, la direction semble effrayée. Pourtant, les conséquences sont lourdes. 

L’image publique du Canadien, déjà fragile après plusieurs saisons en dents de scie, pourrait s’effondrer à la vitesse d’une vidéo virale. Il suffit d’un joueur filmé en train de fraterniser avec les mauvaises personnes, d’un incident de trop dans un lieu compromis, ou d’un article-choc comme celui de La Presse… et le feu prend.

Et dans cette poudrière, Chantal Machabée est seule. Seule à porter le fardeau de la communication, seule à colmater les brèches, seule à se débattre avec les demandes de clarification des journalistes, les rumeurs, les captures d’écran, les photos volées.

Il est temps que Kent Hughes sorte de son mutisme. Le DG du Canadien n’est pas seulement responsable de bâtir une équipe gagnante. Il est aussi le garant de la discipline, de la cohésion interne, et surtout de la réputation de son organisation.

Il doit imposer un code de conduite clair, interdire la fréquentation de certains lieux identifiés comme problématiques par le SPVM, et encadrer les jeunes joueurs qui, laissés à eux-mêmes, deviennent des proies faciles dans les rues de Montréal.

Il n’est pas interdit de sortir. Ce que Kent Hughes doit encourager, c’est une certaine forme d’encadrement intelligent.

Pourquoi ne pas orienter les joueurs vers des établissements sécuritaires, bien vus et fréquentés par une clientèle professionnelle, comme L'Osso — le restaurant coup de cœur du directeur général lui-même? (voir la photo de l'article)

Situé à Montréal, ce restaurant n’a jamais été associé à quelque enquête que ce soit, ne fait l’objet d’aucune plainte et jouit d’une excellente réputation dans les cercles d’affaires comme chez les gastronomes montréalais.

Ce serait un exemple à suivre, une oasis de civilité dans un contexte où les apparences peuvent faire déraper une carrière.

Ce n’est pas une question de puritanisme. C’est une question de protection d’image, de sécurité, et de responsabilité sociale. Le CH est une institution, pas une agence de nightlife.

Le Canadien doit :

Publier une directive interne interdisant toute fréquentation d’établissements faisant l’objet d’enquêtes policières ou de sanctions de la RACJ.

Organiser des séances de sensibilisation auprès des jeunes joueurs avec des membres de la SQ ou du SPVM.

Appuyer Chantal Machabée avec des ressources supplémentaires en gestion de crise et communication stratégique.

Faire preuve de transparence auprès des partisans et des médias en reconnaissant les risques actuels.

Car si rien n’est fait, le CH risque de devenir la risée de la LNH, un club où les scandales éclipsent les performances, où les soirées arrosées pèsent plus lourd que les matchs.

L’affaire du Palma n’est pas un fait divers isolé. C’est un révélateur du laisser-aller structurel qui ronge le Canadien de Montréal. C’est une bombe à retardement que seule une prise de position ferme de Kent Hughes peut désamorcer.

Le moment est venu de protéger l’institution, de restaurer la confiance du public, et surtout d’éviter le désastre de relations publiques qui menace chaque jour un peu plus.

Sinon, ce ne sera plus le CH qui fera la une. Ce sera des scandales qui le touchent invonlontairement.