Cauchemar pour Jacob Fowler: un journaliste s'en prend à lui

Cauchemar pour Jacob Fowler: un journaliste s'en prend à lui

Par Marc-André Dubois le 2025-05-17

Jacob Fowler découvre le Québec… le vrai.

Pas celui des applaudissements faciles, des banderoles d’espoir et des slogans marketing sur son avenir glorieux.

Non. Vendredi soir, dans le filet du Rocket, Fowler a découvert à quel point les médias québécois pouvaient être sans pitié. Une première, mais certainement pas la dernière.

Car pour la première fois de sa jeune carrière professionnelle, Jacob Fowler a goûté à la violence du Québec médiatique, à cette capacité qu’ont certains journalistes d’ici à écorcher vif sans vraiment blesser, mais toujours avec le sourire en coin.

C’est Simon-Olivier Lorange, de La Presse, qui a planté la première flèche. Une analyse froide, chirurgicale, mais surtout impitoyable.

Ce n’est pas tant que Fowler a coûté la victoire dans cette défaite de 5-3 contre les Americans de Rochester qui égalise la série 1-1.

Non. Mais son déplacement douteux sur certains jeux, ses retours imprécis et surtout son incapacité à voler un match dans une soirée où ses coéquipiers étaient invisibles, ont alimenté la critique.

Le timing est cruel.

Fowler, c’est le gars qu’on vendait déjà comme l’élu. Celui qui allait forcer Kent Hughes à échanger Montembeault avant la fin de son contrat. Celui dont l’arrivée au Rocket rappelait Carey Price en 2007 à Hamilton. Celui qui n’avait jamais perdu en séries. Jusqu’à hier.

Et le pire dans tout ça? Ce n’est même pas de sa faute.

Le Rocket a été dominé sur tous les fronts. Aucun soutien défensif. Des unités spéciales atroces. Un échec avant inexistant. Des surnombres à répétition, et une équipe qui a joué comme si elle croyait déjà au miracle. Et c’est Jacob Fowler qui mange les critiques.

« Il s’est fait battre d’un tir de loin sans écran sur le premier but des Americans. »

« Il a raté son déplacement sur le but égalisateur. »

« Il a laissé plusieurs retours. »

– Simon-Olivier Lorange, La Presse

Des phrases sèches. Précises. Sans pitié.

Surtout pour un gardien de 19 ans, débarqué en pleine gloire universitaire, à qui tout réussissait depuis deux semaines. Surtout pour un gars qui, la veille, était encore vu comme la révélation du printemps dans l’organisation du CH.

Mais c’est ça, le Québec.

Un jour, t’es le sauveur. Le lendemain, tu mérites les tomates.

La comparaison est cruelle, mais réelle. Un but mal paru, un déplacement en retard, et soudainement, Cayden Primeau redevient une option. Pascal Vincent n’a rien confirmé, mais a laissé toutes les portes ouvertes pour le match 3 à Laval.

« Il n’y aura aucune controverse si Primeau revient mercredi. » 

Ouch.

C’est ce genre de phrase qui peut détruire un jeune mentalement instable. Heureusement, Fowler n’est fragile dans sa tête. Il a répondu comme un pro. Froidement. Calmement.

« Il faut passer au prochain match. »

Pas de dramae. Pas d’excuse. Il a encaissé, comme un homme.

Mais ce qui reste, ce n’est pas seulement l’humilité. C’est le choc. Fowler découvre l’envers du décor. Il découvre le « Québec hockey », celui qui construit des héros pour mieux les enterrer dès qu’ils trébuchent.

Il n’a pas été mauvais. Il a été ordinaire.

Mais dans un Québec où l’ordinaire ne suffit jamais, ça devient un défaut.

Ce match, et surtout l’analyse brutale de La Presse, servira de test psychologique. Pour Fowler, oui, mais aussi pour l’organisation.

Car s’il faut retenir une leçon de cette nuit d’enfer à Rochester, c’est que Jacob Fowler est encore un projet. Un projet excitant. Mais un projet quand même.

Pas une garantie.

Pas encore.

Et pour tous ceux qui veulent brûler Montembeault cet été pour laisser la place à Fowler… rappelons qu’un match comme hier, Montembeault en a vécu 100. Et il en a survécu.

Fowler, lui, vient d’avoir sa première. Et ce ne sera pas la dernière.

Bienvenue dans la jungle. Bienvenue au Québec.

Reste que le Rocket a trahi son identité. Et Fowler a été laissé seul.

Pascal Vincent ne l’a pas dit en ces mots, mais c’était clair comme de l’eau de roche : le Rocket a joué un match de paresseux.

Pas d’échec avant. Pas de vitesse. Pas d’intensité. Pas de respect du plan de match. Juste un groupe qui, pour une raison inexplicable, s’est présenté à Rochester comme si c’était un mardi soir de novembre.

« Ce n’est pas la façon dont on joue habituellement », a tranché Pascal Vincent.

« On essayait de faire des jeux devant leurs défenseurs. On n’a pas créé de vitesse. »

Et pendant que ses défenseurs prenaient des risques inutiles, Jacob Fowler devait avaler les surnombres. Trois échappées. Trois. Toutes stoppées.

Mais on préfère parler du but de loin, ou du retour mal géré en fin de match. On oublie que le Rocket a passé 60 minutes à jouer contre nature. On oublie que Fowler, lui, a fait ce qu’il a pu.

« Dès qu’ils touchaient à la rondelle, c’était parti de l’autre bord. »

Les mots de Pascal Vincent ne laissent aucun doute. Il pointe l’état d’esprit de ses joueurs. Un groupe qui a cru que le deuxième match allait être plus facile. Une équipe qui a oublié que les séries, ça ne pardonne pas.

Et que les journalistes, eux non plus, ne pardonnent pas.

Les unités spéciales? Désastre.

0 en 4 en avantage numérique pour Laval. 2 en 4 pour Rochester.

La discipline? Inexistante.

Le capitaine lui-même, Lucas Condotta, n’a pas mâché ses mots :

« Nous devons être plus disciplinés. On ne peut pas prendre autant de punitions. »

« Il faut frapper pendant tout le match. Pas juste pendant 15 minutes. »

Et pendant ce temps-là, Jacob Fowler doit répondre à des questions comme s’il avait coûté le match.

Pas une fois Vincent ne l’a blâmé. Pas une fois Condotta n’a levé le sourcil vers le gardien. Parce qu’ils savent. Ils ont regardé la même game que nous. Et ils ont vu un Rocket méconnaissable.

Vincent va profiter de cette pause de quatre jours pour faire des ajustements. Il n’aime pas cette pause. Mais il va la prendre. Et il va mettre son équipe devant le miroir.

« Il y a plusieurs choses à régler. Et le lien entre toutes, c’est l’état d’esprit. »

Et si jamais Cayden Primeau obtient le départ mercredi, ce ne sera pas une sentence pour dire que Fowler a coûté le match,

Fowler n’a pas été mauvais.

Mais dans ce monde, ne pas être exceptionnel… c’est parfois suffisant pour que le vent tourne. Le Québec médiatique est sans pitié. Et Fowler vient de le réaliser.