Cauchemar pour TVA Sports à l’aéroport de Toronto: Ivan Demidov sans pitié

Cauchemar pour TVA Sports à l’aéroport de Toronto: Ivan Demidov sans pitié

Par David Garel le 2025-04-11

C’est une scène qui résume à elle seule toute la folie, toute la démesure, mais aussi toute l’ironie tragique du moment que vit TVA Sports.

Alors que le Canadien de Montréal nage dans un tourbillon d’espoir, porté par l’arrivée tant attendue d’Ivan Demidov sur le sol canadien, le réseau TVA Sports a vécu, lui, un véritable cauchemar professionnel et symbolique à l’aéroport Pearson de Toronto.

Il faut comprendre le contexte. En pleine tourmente financière, TVA Sports lutte pour sa survie. Pour l'instant, le réseau est privé de droits de diffusion de la LNH à partir de 2026, exclu des sous-licences, et accusé par la Banque Nationale de ne même plus pouvoir se payer quelques matchs du Canadien la saison prochaine.

Malgré tout cela, dans un dernier souffle de passion, TVA Sports a envoyé sur place un de ses meilleurs journalistes, Nicolas Coutier, à Toronto. U

Coutier était là, caméran à ses côtés, micro prêt, mandat clair : décrocher quelques mots d’Ivan Demidov à son arrivée. Une brève entrevue. Une réaction. Une image exclusive. Un petit miracle pour un réseau qui en a désespérément besoin.

Mais voilà : ce miracle s’est transformé en cauchemar glacial.

Demidov, escorté par des gardes de sécurité professionnels, est passé comme un coup de vent, loin du de la folie, loin des fans, loin des caméras. Et surtout, loin de TVA Sports.

Le jeune Russe, probablement épuisé par son long vol depuis Istanbul, accompagné de sa conjointe, a souri à peine, salué de la main et s’est engouffré dans une grosse fourgonnette noire sans dire un mot.

Aucun regard, aucun mot, aucun geste vers les journalistes présents. Pas de déclaration. Pas d’interview. Pas même un clin d’œil vers le micro tendu de Nicolas Coutier.

Et encore moins vers les jeunes partisans émus qui avaient préparé des pancartes, espérant au moins un autographe.

C’était le roi Demidov. L’élu. Le seigneur du Centre Bell. Intouchable.

Et pour TVA Sports, ce fut un dur rappel : quand tu es en chute libre, quand tu n’as plus de poids institutionnel, quand tes ressources sont à sec, même ta présence sur place ne garantit rien. Tu es invisible.

Il faut donner le crédit à TVA Sports pour avoir tenté le coup. Envoyer un journaliste à Toronto, en avion, avec per diem, équipement, frais d’hôtel — dans la situation actuelle du réseau, c’est noble...mais coûteux...

Une tentative désespérée de démontrer à Rogers leur pertinence, leur capacité à couvrir le Canadien avec intensité et proximité.

Mais une chose est claire : on ne peut plus couvrir l’équipe comme dans les années fastes des médias traditionnels.

Le contraste avec les grandes années du journalisme sportif est frappant. Réjean Tremblay a raconté comment il avait obtenu l’exclusivité de l’arrivée de Saku Koivu en 1995.

Un contact à Air Canada. Une vérification du numéro de siège. Un billet acheté en vitesse pour Toronto. Tremblay s’est glissé dans le siège 5C, juste à côté de Koivu, avant de lui adresser la parole dans les airs.

Le lendemain, La Presse publiait un article exclusif. Pendant que les autres médias attendaient à Dorval… pour rien.

C’est toute la différence entre une couverture passive et une couverture active. Réjean Tremblay avait compris le jeu : il ne suffisait pas d’être là, il fallait y être mieux. Mieux informé. Mieux connecté. Plus rapide. Plus rusé.

Aujourd’hui, les journalistes doivent demander la permission à Chantal Machabée. Et pendant que Jean-Charles Lajoie suivait en direct le vol Istanbul-Toronto, d’autres espéraient seulement filmer une porte d’arrivée. Ce n’est pas une question de professionnalisme. C’est une question d’accès. De pouvoir. Et TVA Sports, aujourd’hui, n’en a plus.

On ne peut pas continuer à lancer des équipes sur le terrain alors que les employés vivent dans l’incertitude, se demandant s’ils auront encore un emploi en juin 2026, lorsque le contrat avec la LNH prendra fin.

Ce fiasco de Toronto est une métaphore cruelle du sort qui attend TVA Sports si rien ne change. Un réseau qui continue d’essayer, de se débattre, de croire au miracle.

Mais qui se heurte à une réalité implacable : sans droits de diffusion, sans argent, sans influence, même la meilleure volonté journalistique ne suffit plus.

Pendant ce temps, le monde s’enflamme pour Ivan Demidov. Les fans pleurent de joie. Les fillettes pleurent de déception. Le Canadien devient une religion. Et TVA Sports, qui a contribué pendant des années à nourrir cette passion, regarde ce spectacle de plus en plus de l’extérieur.

Le paradoxe est douloureux. D’un côté, l’avenir radieux d’un espoir générationnel. De l’autre, la lente agonie d’un réseau qui a tant donné à ce sport et qui n’a plus rien à offrir… que ses micros muets.

La présence de Nicolas Coutier sur le tarmac de Toronto, impuissant, n’est pas un détail anodin. Elle résume tout : le professionnalisme résiduel d’une rédaction qui s’accroche, l’orgueil d’un réseau qui veut encore croire à sa place dans l’écosystème du hockey, mais surtout l’échec d’une stratégie d’entreprise qui a mené TVA Sports au bord du précipice.

On parle de pertes cumulées de plus de 200 millions de dollars. Certains évoquent même 300 millions. Des salaires exorbitants maintenus trop longtemps. Une programmation éclatée. Des erreurs de gestion. Et maintenant, une chaîne YouTube lancée dans l’urgence, en 2025, comme s’il s’agissait d’un éclair de génie… alors qu'il fallait la sortir il y a 10 ans.

Le choc Ivan Demidov devait être un moment de lumière pour TVA Sports. Il est devenu une claque. Une preuve éclatante qu’en dehors du cercle rapproché du Canadien, TVA n’a plus d’accès, plus de pouvoir, plus de voix.

Et si même les images d’aéroport deviennent inaccessibles, alors il ne reste plus rien.

Pas de matchs. Pas d’exclusivités. Pas d’avenir.

Il reste Nicolas Coutier, à Toronto, qui a tout fait pour remplir son mandat. Il reste les employés qui continuent de travailler malgré la menace constante de voir le rideau tomber.

Mais ce qu’il reste surtout, c’est une vérité qui frappe fort : sans un revirement spectaculaire, sans un changement de cap immédiat.

Lla prochaine fois qu’un journaliste de TVA Sports sortira son micro dans un aéroport… espérons qu'ils s'arrangent avec l'agent du joueur au préalable pour avoir une entrevue.

L’arrivée d’Ivan Demidov à l’aéroport Pearson de Toronto n’avait rien d’un simple événement sportif. C’était un véritable délire collectif, un phénomène social.

C’était le débarquement d’une rock star dans un pays qui n’avait plus vibré ainsi pour un joueur de hockey depuis l’arrivée de Saku Koivu ou le retour de Patrick Roy.

Une quarantaine de partisans du Canadien, drapés dans les couleurs du CH, agglutinés aux portes des arrivées internationales, pancartes à la main, les yeux brillants d’excitation.

Parmi eux, les petites Taylor Patry, 11 ans, et Evie Côté, 10 ans, avaient traversé une partie de l’Ontario avec leurs parents, entre deux matchs d’un tournoi de hockey mineur.

Elles avaient pris le temps de fabriquer des affiches, d’écrire à la main « Welcome Ivan » avec des cœurs, des flocons et le logo du Canadien. Elles y croyaient. C’était LE moment.

Taylor a pleuré quand Demidov l'a ignoré. Devant les caméras. Les images sont déchirantes. Elle ne comprenait pas. Personne ne comprenait. Pas les fans. Pas les journalistes. Pas TVA Sports.

Rien.

C’est cruel. Mais c’est surtout symbolique. TVA Sports est devenu invisible, même dans les moments les plus visibles.