C’est officiel.
Le couperet est tombé.
RDS et TSN viennent d’annoncer une entente historique à long terme avec le Canadien de Montréal, scellant un partenariat qui redéfinit le paysage médiatique du hockey au Québec.
Sous le nouveau contrat, RDS diffusera 45 matchs par saison, tandis que TSN en présentera 50. Et le tout sera aussi disponible en direct sur les plateformes numériques du réseau: TSN.ca, RDS.ca, l’application TSN, et bien sûr, les outils de diffusion en continu de Bell Média.
Autrement dit : le hockey du Canadien reste à la maison… chez Bell.
Et pour TVA Sports, c’est la fin du monde.
Cette entente monumentale, dévoilée conjointement par Bell Média et le Groupe CH, confirme la place de RDS au centre de la diffusion régionale du Canadien.
Après des années à jouer les seconds violons derrière le titre de diffuseur exclusif de la LNH détenu par TVA Sports, la chaîne sportive de Bell demeure le diffuseur officiel du Tricolore dans sa région désignée par la LNH, le Québec et les provinces de l’Atlantique.
Et même si RDS passe de 60 à 45 matchs, parions qu'ils sont soulagés de demeurer majoritaire par rapport à TVA Sports.
« Nous avons la chance de pouvoir compter sur TSN et RDS comme partenaires de longue date, et nous sommes ravis de prolonger officiellement cette collaboration pour les années à venir », a déclaré France-Margaret Bélanger, présidente du secteur sports et divertissement du Groupe CH.
« Que ce soit à travers la diffusion en direct ou les émissions connexes, cette entente permettra aux fans de profiter de leurs Canadiens sous toutes les formes, avec la meilleure production de l’industrie. »
Cette phrase, prononcée sans trembler, scelle le sort de TVA Sports.
Le message est limpide : le CH mise sur Bell.
Bell Média ne cache pas sa joie. Dans le communiqué, Shawn Redmond, vice-président des sports à Bell Média, parle d’un « partenariat fort et réussi » :
« Le Canadien de Montréal est une franchise emblématique avec une base de partisans parmi les plus passionnées du sport.
Avec cette nouvelle entente à long terme, nous avons hâte de continuer à offrir les matchs du Canadien aux abonnés de TSN et de RDS.
Nous remercions l’organisation du Canadien pour la confiance qu’elle continue de placer en notre équipe afin d’offrir la meilleure couverture en direct. »
Bell ne cache pas son triomphe.
RDS garde la couronne, TSN étend sa domination, et le Groupe CH confirme son virage stratégique vers un modèle multiplateforme.
Les amateurs pourront suivre les matchs en télé linéaire sur RDS et TSN2, mais aussi en continu sur les plateformes numériques de Bell, TSN.ca, RDS.ca et leurs applications mobiles. C’est l’écosystème complet de Bell qui est désormais arrimé à la machine du Canadien.
Ce partenariat s’inscrit dans une stratégie beaucoup plus large du Groupe CH, amorcée avec Crave, la plateforme de diffusion en continu de Bell.
Souviens-toi : la série La reconstruction : Inside the Montreal Canadiens a fracassé tous les records en 2024.
C’est devenu la série documentaire la plus populaire au Québec, et même au Canada, dans la catégorie non-fiction, selon les chiffres internes de Bell.
Narrée par Marc-André Grondin en français (et George Stroumboulopoulos en anglais), la série a propulsé Crave dans une nouvelle ère.
« La saison 2 a attiré encore plus de visionnements que la première », s’est vantée France-Margaret Bélanger.
Et pour cause : le Canadien a ouvert ses portes, ses coulisses, ses blessures et ses frustrations à Bell.
Le résultat : un produit exclusif, immersif, ultra-modernes, et zéro minute diffusée sur TVA Sports.
Cette collaboration avec Crave n’était pas anodine : c’était un test grandeur nature du futur modèle de diffusion du CH. Et à en juger par les chiffres, le test est plus que concluant.
Pendant que Bell et le Canadien célèbrent, à Québecor, c’est la stupeur.
Le scénario que redoutaient les employés de TVA Sports depuis deux ans se réalise : le réseau n’a toujours aucune entente, aucune confirmation et un avenir en suspens.
Les couloirs de TVA Sports sont remplis d’inquiétude. Les caméras tournent encore, mais plus personne ne sait jusqu’à quand. La question n’est plus si la chaîne va survivre, mais combien de temps encore elle va respirer.
Car il faut bien le dire : la guerre du hockey, celle que Pierre Karl Péladeau avait lancée contre Bell, est officiellement perdue.
Et ce n’est pas une défaite ordinaire : c’est une défaite historique.
Depuis 2014, TVA Sports s’était autoproclamée “le nouveau foyer du hockey au Québec”.
Douze ans, 300 millions de dollars de pertes cumulées, et des milliers d’heures d’antenne plus tard, le château de cartes s’effondre.
Il faut rappeler que RDS n’a jamais digéré la perte des droits nationaux en 2014.
À l’époque, TVA Sports avait pris tout le gâteau: les séries, les samedis soirs, le prestige.
Aujourd’hui, la roue tourne.
RDS demeure dans la grande porte, avec 45 matchs officiels et le soutien total du Canadien.
Mieux encore : Bell renforce son emprise à travers toutes ses plateformes: RDS pour la télé, Crave pour le streaming, et TSN pour l’expansion anglophone.
L’empire Bell renait là où Québecor s’effondre.
C’est le retour du roi.
Du côté de Québecor, c’est le mutisme total.
Aucune déclaration officielle. Aucune réaction publique.
Pas un mot de Pierre Karl Péladeau.
Ce silence en dit long.
Car cette annonce RDS-TSN-CH est la pire nouvelle possible pour TVA Sports.
Elle confirme que Bell a verrouillé la majorité des accès. Que le Canadien n’a plus besoin de TVA pour exister médiatiquement. Et qu’à défaut de miracle, les “miettes” que pourraient garder TVA ne seront que de la poudre aux yeux.
L’ère des exclusivités TVA est terminée.
Le communiqué de Bell est sans pitié :
« Ce nouvel accord à long terme assure que TSN et RDS demeureront la maison du Canadien pour les années à venir. »
Ces quelques mots tuent toute ambiguïté.
“Pour les années à venir.”
Pas une saison. Pas deux.
Un bail de plusieurs années, qui scelle le destin du hockey francophone pour une décennie entière.
Et pour TVA Sports, cela veut dire qu’il ne restera plus grand-chose à négocier, à espérer, à diffuser.
Bell laisse quelques miettes : les matchs, les plateformes, les séries, les documentaires, les exclusivités, tout est verrouillé.
Une victoire symbolique et commerciale.
En gardant le Canadien, Bell fait coup double :
Il renforce la pertinence de ses chaînes RDS et TSN, menacées par le “cord-cutting”. (le fait de couper la câble)
Il propulse Crave dans la cour des grands, avec un contenu exclusif, local et rentable.
Pour les investisseurs, c’est un chef-d’œuvre stratégique.
Pour Québecor, c’est une tragédie industrielle.
RDS redevient ce qu’il a toujours été : le pilier du hockey québécois.
Et TVA Sports, ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un rêve ruiné par la réalité.
Chez Québecor, on serre les dents. TVA Sports n'est pas mort, mais pas fort. Il faudra attendre de voir si la station arrive à récupérer quelques matchs.
Pendant ce temps, au siège de Bell, on sabre le champagne.
France-Margaret Bélanger l’avait laissé entendre il y a quelques jours :
« Le sport ne se regarde plus seulement à la télévision… il se vit à travers les plateformes numériques. »
Elle ne parlait pas dans le vide.
Elle annonçait, sans le dire, la transformation irréversible du hockey québécois.
Bell s'est adapté? Voyons voir si Pierre-Karl Péladeau peut sortir un dernier lapin de son chapeau.
À suivre...