Depuis l’annonce de l’arrivée d’Ivan Demidov à Montréal, une étrange pression collective s’est abattue sur Alex Newhook.
Avant même que le jeune prodige russe n’ait disputé son premier match, les spéculations fusent de toutes parts sur l’identité de ses futurs compagnons de trio. Et pour Newhook, ces discussions tournent de plus en plus au cauchemar.
L'attaquant vit sans doute l’un des moments publics les plus inconfortables de sa jeune carrière à Montréal.
Ce n’est pas la première fois qu’un joueur talentueux est pris entre deux feux – coincé entre les attentes d’un marché passionné et la pression d’une nouvelle super-vedette montante.
Mais rarement aura-t-on vu un athlète subir une telle vague de remise en question publique, sans avoir rien fait de mal.
Le dernier à alimenter ce flot d’incertitudes : Maxime Lapierre. Lors de son passage à l’émission JiC, Lappy a clairement exprimé ses doutes quant à l’aptitude de Newhook à jouer aux côtés de Demidov et Patrik Laine.
« Il doit se retrouver avec un joueur de centre stable qui ne commet pas d’erreurs sur la patinoire. Si ce n’est pas Suzuki, ça peut être Dvorak ou Jake Evans.
Mais Newhook, ce ne serait pas le cadre parfait pour un jeune qui arrive, même s’il travaille fort. »
Des propos lourds de conséquences, surtout pour un joueur qui a justement été acquis pour sa vitesse, son potentiel offensif et sa polyvalence.
Newhook n’est pas un vétéran rouillé. Il est jeune, en développement lui aussi, et le traiter comme un problème à contourner dans la structure actuelle de l’équipe soulève de sérieuses questions.
Ce qui rend la situation encore plus délicate, c’est le timing. Newhook veut prouver qu’il pouvait être un centre fiable. Et voilà que, dans l’euphorie collective entourant l’arrivée de Demidov, il se retrouve pointé du doigt comme l’élément « pas assez intelligent » pour accompagner la nouvelle coqueluche.
C’est dur. Et c’est injuste.
Alex Newhook est un joueur qui donne tout. Il ne triche pas. Il s’applique dans les deux sens de la patinoire. Il a encore des choses à apprendre, c’est vrai.
Mais le traitement qu’il subit actuellement, à travers les médias et l’opinion publique, s’apparente à une condamnation hâtive. Comme si son avenir était déjà scellé, comme si son potentiel n’avait plus d’importance.
Certains avancent que Christian Dvorak serait un meilleur partenaire de trio pour Demidov. Dvorak est un joueur efficace défensivement, mature, discret, avec une vision fiable du jeu. Surtout, il n’a pas la vitesse de Newhook.
Ce qui est troublant dans cette analyse, c’est qu’elle ne laisse aucune place à la progression. Comme si Newhook n’était pas digne de confiance, comme s’il n’était bon que pour combler les trous.
Or, Demidov n’a pas encore joué un seul match en Amérique du Nord. Qui dit que la chimie ne pourrait pas exister entre deux jeunes dynamiques, fougueux et rapides? Pourquoi exclure Newhook aussi brutalement?
Ce que vit Alex Newhook actuellement, c’est une tempête silencieuse. Il n’y a pas eu de déclaration-choc de sa part, aucun mot plus haut que l’autre.
Il continue de travailler, de s’entraîner, d’écouter son entraîneur. Mais dans le fond, il est sûrement bien conscient de ce qui se dit sur lui.
Il lit. Il entend. Il sent la tension.
Et il mérite mieux.
Ce joueur, qui a encore tout à donner au Tricolore, devrait pouvoir évoluer dans un climat de soutien, pas sous la menace constante d’un remplacement.
Le Canadien a investi pour aller le chercher. Il faut maintenant investir dans sa confiance, pas dans son exclusion.
L’arrivée d’Ivan Demidov est un événement majeur dans l’histoire récente du CH. Mais elle ne doit pas se faire au détriment d’un autre jeune talent.
Montréal est un marché passionné, intense, parfois cruel. Mais il peut aussi être juste, patient et intelligent.
Alex Newhook mérite qu’on lui laisse une chance. Une vraie.
Car dans cette grande aventure qu’est la reconstruction du Canadien, il n’y a pas de place pour des verdicts trop rapides ni pour des jugements fondés sur des perceptions temporaires. Il faut donner du temps au temps. Et offrir à chacun la place de grandir.
Il n’y a pas si longtemps, Christian Dvorak traînait une étiquette peu flatteuse dans l’univers montréalais. Blessé à répétition, discret, coûteux (4,45 M$ par saison), son avenir avec le Canadien semblait plus incertain que jamais.
Certains analystes voyaient déjà Kent Hughes tenter de se débarrasser de son contrat cet été, dans une transaction de type « salaire contre choix ».
Il était le prototype du joueur oublié, coincé entre les promesses de jeunesse et les ambitions de renouveau.
Mais comme souvent à Montréal, le script a changé.
Dvorak joue le meilleur hockey de sa carrière montréalaise. Efficace en repli défensif, solide dans les cercles de mises en jeu, intelligent dans sa lecture du jeu, il est soudainement devenu un élément précieux dans un moment critique de la saison.
Il est même vu comme le partenaire idéal pour protéger Ivan Demidov dans ses premiers pas en LNH.
Ce revirement n’est pas anodin. Le Canadien entre dans une phase où chaque détail compte, chaque présence sur la glace peut faire basculer un match.
Et dans ce contexte, un centre fiable, mature, responsable, qui ne cherche pas les feux de la rampe mais qui fait le travail dans l’ombre… devient un luxe. C’est exactement ce que Dvorak incarne en ce moment.
C’est aussi pour cette raison que Maxime Lapierre a affirmé que Dvorak, pas Newhook, serait le meilleur choix pour jouer avec Demidov.
L’ancien joueur du CH parle ici avec la perspective d’un gars qui sait ce que c’est d’entrer dans la LNH sous les projecteurs. Il comprend que Demidov aura besoin d’un cadre rassurant, pas d’un trio expérimental. Et pour lui, Dvorak incarne cette stabilité.
Ce qui rend cette situation fascinante, c’est l’équilibre délicat que Martin St-Louis devra trouver. Nick Suzuki est intouchable au centre du premier trio, entouré de Caufield et Slafkovsky.
Dvorak, pour l’instant, semble le choix naturel pour stabiliser Demidov sur une deuxième unité. Ce qui pousse Newhook dans une position fragile.
Mais ce serait une erreur de penser que l’émergence de Dvorak comme homme de confiance pour Demidov signifie automatiquement la fin du rôle de Newhook dans le top 6.
Au contraire, cela pourrait libérer Newhook pour exprimer sa vitesse et sa créativité dans un autre rôle, un rôle plus fluide, peut-être même à l’aile dans certaines séquences.
L’histoire de Christian Dvorak, c’est celle d’un joueur qu’on croyait fini à Montréal, mais qui, par son professionnalisme et sa discrétion, est tranquillement en train de faire mentir tout le monde.
Ce sont des revirements comme celui-là qui font la beauté du sport : ceux qu’on écarte reviennent parfois plus fort que jamais.
Et si le Canadien parvient à entrer en séries et à y surprendre, ce ne sera pas uniquement grâce à des noms glamour comme Suzuki ou Demidov.
Ce sera aussi grâce à un Christian Dvorak retrouvé. Un centre fiable, respecté par ses coéquipiers, prêt à faire le sale boulot pour que les vedettes brillent.
Et si Alex Newhook, lui aussi, trouve son moment de rédemption dans les semaines à venir… alors Montréal aura prouvé que dans cette équipe, rien n’est figé.
Que chacun peut avoir son heure de gloire et surtout, qu'il ne faut jamais enterrer un joueur trop vite...