Les Blue Jackets de Columbus étaient si fiers de sélectionner Cayden Linstrom.
Cela a sauvé le Canadien de Montréal d'un désastre qui aurait pu faire éclater le club de l'intérieur.
Ce qui a été confirmé à la Coupe Memorial de Rimouski, c’est ceci : si Columbus avait repêché Demidov, le Canadien aurait sélectionné Cayden Lindstrom au cinquième rang.
Ce n’est pas une théorie. C’est un fait. Les dirigeants du CH avaient bel et bien identifié Demidov comme cible principale, Lindstrom était l’alternative au 5e rang.
Et cette alternative aurait déclenché un véritable cauchemar à Montréal. Parce que Lindstrom, aussi prometteur soit-il, arrivait avec un dossier médical chargé.
Une hernie discale à 18 ans. Des doutes sur sa condition réelle. Et une agence qui, selon plusieurs, a joué un jeu trouble pour préserver sa valeur au repêchage.
À Montréal, ce genre de pari ne pardonne pas. Les partisans, les médias, la pression... tout aurait explosé. Et quand, quelques mois plus tard, Lindstrom a dû subir une opération au dos et rater la totalité de la saison 2024-2025, le chaos aurait été total.
Demandes de démissions. Appels à la tête de Bobrov. Soupçons sur les médecins. Réactions en chaîne. Et une ville en flammes.
Heureusement, tout cela ne s’est pas produit. Parce que Columbus a pris Demidov.
Et ce qu’ils croyaient être leur sauveur est rapidement devenu leur plus grosse erreur. Pendant que Demidov brûlait la KHL, devenait une vedette en Russie et s’apprêtait à faire ses débuts triomphaux au Centre Bell, Columbus gérait une crise.
Lindstrom ne jouait pas. Il ne patinait pas. Il souffrait. Et pendant ce temps, les partisans se demandaient pourquoi on avait passé sur Demidov.
Il y avait des doutes, des malaises, des rumeurs de manipulation. Et une question persistante : a-t-on repêché un joueur blessé en connaissance de cause ?
À Montréal, cette question aurait été une bombe. Elle aurait écrasé tout sur son passage.
Mais à Columbus, on a géré la crise avec calme. On a laissé le temps au colosse de se rétablir. Et après 399 jours d’absence, Lindstrom a finalement rejoué. Il a même bien fait, avec quatre points en quatre matchs en finale de la WHL, aidant les Tigers à se qualifier pour la Coupe Memorial.
Même lui l’a reconnu à Rimouski : « Je ressentais un peu de pression de l’extérieur. » Et c’était Columbus. Imaginez à Montréal.
On ne le dira jamais assez : le Canadien a évité une tragédie. Non pas parce qu’il a été plus intelligent. Mais parce que Columbus a trébuché juste avant. Et dans ce trébuchement, le CH a trouvé son miracle.
Ivan Demidov.
Un génie tombé du ciel.
Un prodige qui, sans même l’avoir provoqué, est arrivé dans les bras d’un club qui l’attendait comme on attend une étoile filante.
Et pendant que Demidov explose, pendant que le Centre Bell crie son nom, il est bon de se rappeler à quel point tout aurait pu basculer. Que la ligne entre la gloire et le désastre est mince. Qu’une seule décision, un seul rang de différence, peut transformer une organisation.
Et aujourd’hui, c’est Montréal qui vit dans la lumière. Et Columbus qui cherche encore comment réparer sa bourde.
Cayden Lindstrom pourra peut-être un jour devenir une bête de la LNH. Mais s’il avait mis les pieds à Montréal, il n’aurait jamais eu cette chance.
Il aurait été crucifié avant même de chausser les patins.
Columbus l’a sauvé. Et a sauvé Montréal, par accident.
Un échange de destin. Et une leçon pour les générations à venir.
Aujourd'hui, c’est dans l’aréna de la Coupe Memorial à Rimouski, à l’autre bout du pays, que Cayden Lindstrom a signé son retour en grâce.
Ce retour a eu l’effet d’un électrochoc. Non seulement pour les Tigers de Medicine Hat, mais pour tous les recruteurs, journalistes, et observateurs réunis pour le plus grand tournoi junior de la saison.
Lindstrom n’a pas simplement marqué. Il a imposé sa volonté, rappelant à tous pourquoi il avait été classé si haut au repêchage, et surtout, pourquoi tant d’équipes rêvaient de le voir rebondir.
Ses coéquipiers ne tarissent pas d’éloges.
« C’est un monstre sur la patinoire. Il joue dur et adore marquer des buts », confiait Oasiz Wiesblatt, le capitaine de l’équipe.
« C’est une bête ! Il est fort, rapide, il a de bonnes habiletés, il joue physique. Même après un an sans jouer, il change complètement l’allure d’un match », ajoutait Hunter St. Martin.
Et Gavin McKenna, le phénomène du tournoi, a renchéri : « Son impact a été immense. »
La rédemption est réelle.
Mais elle ne fait que souligner encore plus la chance du CH d’avoir évité la tempête. Parce que Lindstrom n’aurait jamais eu ce luxe à Montréal. Pas de retour progressif. Pas de couverture indulgente. Pas de patience. Pas de filet.
Il aurait été soumis à un régime de pression impossible. Les cris auraient été immédiats. Les comparaisons avec Galchenyuk et Kotkaniemi auraient fusé. Et son premier match — s’il avait un jour pu le jouer — aurait été accueilli avec plus de scepticisme que d’espoir.
Lindstrom l’a dit lui-même : cette année à Columbus l’a transformé. Dans son corps, dans sa tête, dans sa discipline. Il a compris l’importance de la routine professionnelle, du détail, de l’écoute de soi.
« Avant, je ne prenais pas autant soin de mon corps. Maintenant, je connais tout de mon corps… J’ai beaucoup appris », a-t-il confié avec humilité.
Il a observé les vétérans, vécu le quotidien d’une organisation de la LNH, bénéficié de l’encadrement de professionnels médicaux aguerris. Il a pu se reconstruire dans l’ombre, loin des micros, des caméras, et de la folie montréalaise.
Et ce n’est pas un hasard s’il revient maintenant plus fort, plus prêt, plus mature. Il a eu le droit à l’erreur. Le droit au silence. Le droit à la rééducation sans jugement. Ce que Montréal n’accorde jamais à ses jeunes espoirs fragiles.
À Columbus, Lindstrom a été protéger pour mieux exploser.
À Montréal, il aurait été exposer pour mieux exploser… en morceaux.
Il est maintenant clair que la trajectoire de Cayden Lindstrom aurait été brisée s’il avait été repêché par le Canadien de Montréal.
Le marché ne l’aurait pas épargné. Les attentes, les doutes médicaux, les comparaisons, les blessures, les rumeurs d’agence malhonnête… tout aurait été amplifié. Il aurait suffoqué.
Mais le destin — ou plutôt la mauvaise décision de Don Waddell à Columbus — a offert à Lindstrom une chance inespérée de grandir dans un marché secondaire. De renaître loin des projecteurs. De se former en silence. Et de revenir sous les applaudissements, non les accusations.
Et pour le CH ? Ce même moment a offert le cadeau d’Ivan Demidov, un joueur générationnel, dans les bras d’un club qui avait déjà vu ses derniers grands espoirs s’effondrer. Un miracle.
Le plus ironique ? Tout le monde est gagnant aujourd’hui.
Columbus a son colosse en santé. Montréal a son magicien. Lindstrom a évité la fournaise. Et Demidov a trouvé une ville qui va l’aimer comme elle n’a jamais aimé un joueur russe auparavant.
Heureusement, cette fois, le script a été réécrit à la dernière seconde.
Et Montréal, au lieu de s’effondrer, a trouvé l’étincelle qui pourrait tout changer.
Merci Columbus. Merci pour l’erreur. Et bon retour, Cayden. Juste… pas chez nous.