Propos déplacés: Cayden Primeau doit s'excuser à Martin St-Louis

Propos déplacés: Cayden Primeau doit s'excuser à Martin St-Louis

Par David Garel le 2025-10-05

Cayden Primeau, longtemps perçu comme l’héritier naturel du filet du Canadien de Montréal, n’est plus que l’ombre de l’espoir qu’il représentait.

Et aujourd’hui, au moment où les Hurricanes de la Caroline viennent de le soumettre au ballottage après un camp d’entraînement catastrophique, un constat brutal s’impose : Martin St-Louis ne lui a jamais rien volé. Au contraire, Primeau lui doit des excuses.

Le gardien américain, repêché 199e au total en 2017, a longtemps fait croire à une destinée dorée dans la LNH. À ses débuts avec le Rocket de Laval, son jeu solide, sa stature et sa discipline technique laissaient croire qu’il pourrait, un jour, voler le filet du CH.

Mais cette prédiction ne s’est jamais matérialisée. Et plutôt que de reconnaître ses propres limites, Primeau a préféré pointer du doigt son entraîneur, Martin St-Louis, pour justifier ses échecs répétés à s’imposer dans la grande ligue.

Durant la saison 2023-2024, Primeau a multiplié les critiques à peine voilées contre la gestion de Martin St-Louis. À de nombreuses reprises, il a laissé entendre que son instabilité mentale et son manque de constance étaient directement liés au manque de communication du coach.

« C’est plus facile d’avoir du rythme quand tu joues », disait-il, visiblement irrité de ne pas être informé à l’avance de ses départs. Il s’était plaint d’apprendre qu’il serait sur le banc en même temps que les journalistes, affirmant que ce traitement l’empêchait de performer.

Primeau avait également exprimé son ressentiment face à la hiérarchie du CH, soulignant qu’il n’avait jamais eu une véritable chance de s’établir à Montréal.

Il racontait avec amertume son parcours chaotique entre Laval et le Canadien, les multiples rappels, les blessures, la COVID, la pression… Tout était bon pour justifier son absence de progression. Mais jamais il ne s’est vraiment remis en question.

Il faut comprendre une chose : Cayden Primeau n’est pas le seul jeune joueur à avoir dû naviguer à travers l’adversité.

D’autres, comme Samuel Montembeault ont su saisir leurs opportunités malgré des contextes complexes. Et lorsque Jakub Dobes a été rappelé de Laval pour un premier départ en LNH, il a offert un blanchissage. Voilà la différence. Dobes n’a pas eu besoin qu’on lui tienne la main. Il a répondu présent.

Martin St-Louis, en bon communicateur, n’a jamais publiquement critiqué Primeau. Mais son langage non verbal et ses décisions en disaient long. Primeau n’était pas dans ses plans.

Et aujourd’hui, à voir l’échec du gardien en Caroline, une organisation pourtant reconnue pour sa stabilité et son développement, le verdict devient clair comme de l'eau de roche : ce n’était pas un problème de communication, c’était un problème de niveau.

Les Hurricanes ont soumis Primeau au ballottage les yeux fermés.

Pire encore, au lieu de lui accorder le poste de gardien numéro 3 dans leur système, ils ont préféré réclamer Brandon Bussi au ballottage, un autre portier laissé libre par les Panthers de la Floride.

Le message est clair : Primeau n’a pas convaincu. Même en dehors de Montréal. Même dans un marché où les attentes sont moindres. Même dans une structure solide.

Et le fait d'aller chercher un autre gardien indésirable prouve que les Cans n'ont même pas confiance en Cayden Primeau pour la ligue américaine.

C’est un désaveu total pour celui qui avait encore eu le luxe de signer un contrat garanti avec la Caroline. Il faut le dire : son agent a fait des miracles, mais la patience de la LNH, elle, a des limites.

Ce n’est pas Martin St-Louis qui est responsable de ses ratés. C’est Cayden Primeau lui-même. Et s’il y en a un qui mérite des éloges dans tout ce naufrage, c’est son agent.

Parce qu’il faut le faire : après une carrière marquée par l’irrégularité, des statistiques peu reluisantes et une présence quasi-fantomatique dans la LNH, Primeau a quand même réussi à décrocher deux contrats garantis coup sur coup.

À Montréal, il avait signé pour trois ans à 890 000 $ par saison, près de 2,7 M$ garantis, alors qu’il n’avait presque jamais joué dans la grande ligue.

Puis, en quittant le CH, il a encore obtenu un contrat à un volet de 775 000 $ avec les Hurricanes. C’est ahurissant. On parle ici d’un gardien qui, concrètement, a passé sa carrière entre les gradins et Laval, et qui continue à empocher des chèques garantis sans jamais s’être établi comme une option viable dans la LNH.

Un miracle signé par un agent qui, visiblement, vend mieux Primeau que Primeau ne s’est jamais vendu lui-même sur la glace.

Primeau aimait raconter que son développement avait été saboté. Qu’on ne lui avait jamais donné les bonnes conditions. Qu’on l’avait sacrifié en le lançant trop tôt dans la mêlée. Que la COVID avait tout faussé. Que la rotation à trois gardiens nuisait à son rythme. Mais à un moment, il faut arrêter les excuses.

À 26 ans, Primeau a eu sa chance. Il a eu des départs en LNH. Il a joué à Laval avec régularité. Il a reçu du soutien psychologique, des entraîneurs de gardiens compétents, des infrastructures de premier plan. Et malgré cela, ses statistiques sont restées médiocres. Son jeu est resté hésitant. Son positionnement, trop souvent approximatif.

Ce n’est pas Martin St-Louis qui est responsable de ses ratés. C’est Cayden Primeau lui-même.

Jusqu’à la fin de son séjour à Montréal, Primeau a entretenu cette idée qu’il avait été maltraité. Même lorsqu’il a été rétrogradé à Laval après avoir été soumis au ballottage, il a persisté :

« Je n’ai pas beaucoup joué depuis deux ans », a-t-il répété, insinuant que la responsabilité de son échec était partagée.

« J’avais peut-être peur de faire des erreurs », a-t-il avoué. Un aveu touchant, mais aussi révélateur de son incapacité à assumer ses responsabilités. À ce niveau, la peur n’est pas une excuse. La pression fait partie du métier.

Pendant que Primeau ressassait ses regrets, Jakub Dobes montait en flèche. Dès son premier match en LNH, le jeune gardien a livré une performance magistrale. Puis Jacob Fowler, le prodige comparé à Carey Price, se profile déjà comme le gardien de l’avenir. L’organisation du CH n’a pas eu besoin de le dire clairement : Primeau ne fait plus partie du plan.

Et pourtant, même devant l’évidence, Primeau persistait à croire qu’il avait été floué. Il évoquait la fatigue mentale, le manque de repères, la difficulté de jouer avec « la peur de faire des erreurs ». Mais la réalité est cinglante : à talent égal, c’est l’attitude et la capacité à saisir sa chance qui font la différence.

Dobes l’a compris. Primeau, non.

Il doit maintenant regarder la vérité en face : son parcours est en chute libre. Et s’il veut rebondir, ce ne sera pas en continuant à blâmer les autres.

Il est temps de faire preuve d’humilité. De reconnaître que Martin St-Louis, malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, avait peut-être raison. Primeau n’était pas prêt. Primeau n’avait pas le niveau. Primeau ne méritait pas davantage.

Le Canadien a tourné la page. Primeau devrait faire de même. En laissant derrière lui les rancunes inutiles, il pourrait peut-être sauver ce qui reste de sa carrière. Un passage réussi dans la Ligue américaine pourrait lui redonner une valeur minimale. Mais il ne faut pas rêver : son prochain contrat ne sera plus garanti. Et les équipes de la LNH ne lui feront plus de cadeaux.

La conclusion est cruelle, mais nécessaire : Cayden Primeau n’est pas victime de Martin St-Louis. Il est victime de ses propres limites.

Il est temps qu’il le reconnaisse. Et qu’il s’excuse.