C’est fini pour Carey Price : la dernière bougie s’est éteinte dans l’indifférence

C’est fini pour Carey Price : la dernière bougie s’est éteinte dans l’indifférence

Par André Soueidan le 2025-06-08

Dix ans. Dix longues années depuis que Carey Price avait réalisé l’impossible, l’impensable, l’inimaginable pour un gardien moderne : remporter le trophée Vézina ET le trophée Hart.

Une saison de feu où il avait traîné le Canadien de Montréal sur son dos jusque dans les entrailles du printemps, à une époque où l’espoir était encore permis dans la métropole.

Ce moment-là, c’était devenu un mythe. Un souvenir sacralisé. Le dernier véritable exploit d’un gardien habillé en tricolore.

Et pourtant. Il aura suffi d'une photo floue, d’un leak comme seule la LNH peut en offrir, pour que tout bascule.

Pour que le trône de Carey Price soit officiellement secoué, voire même détrôné.

Car ce que l’on voit dans cette image prise au bord d’un plan d’eau, c’est Connor Hellebuyck, gardien des Jets de Winnipeg, posant fièrement avec les deux trophées dans les bras : le Hart et le Vézina.

(voir la photo au bas de l’article)

Bang. Fin du règne. Fin du monopole Price.

La fuite est tout sauf banale. Là où la LNH prévoyait annoncer officiellement le gagnant lors du gala du 12 juin, elle se retrouve maintenant, une semaine plus tôt, avec une bombe sur les bras.

Une image qui fait le tour des réseaux, qui relève le rideau sur une vérité que personne n’était prêt à avaler.

Oui, Hellebuyck l’a fait. Il a fait LE doublé. Le fameux.

Celui qui appartenait jusqu’à maintenant à Carey Price (2014-2015) et à José Théodore (2001-2002) avant lui.

Un doublé que seulement neuf gardiens dans toute l’histoire de la LNH avaient réussi à obtenir. Et à présent, un dixième nom s’inscrit à l’encre indélébile dans le livre des dieux masqués.

Une saison de 47 victoires. Une moyenne de buts alloués de 2.00. Un pourcentage d’arrêts de ,925. Huit blanchissages.

Et l’image même d’une équipe de Winnipeg incapable de survivre sans lui. Peu importe ce que l’on pense de ses performances en séries, tout le monde sait que les votes sont comptabilisés AVANT les séries.

Et donc, oui, Hellebuyck est récompensé. Et Price, lui, se fait déjà oublier.

Ce n’est pas une tragédie. C’est pire. C’est une forme de glaciation historique.

Le règne de Carey Price comme dernier véritable « MVP masqué » vient de s’éteindre. Et on s’en doute : ce n’est pas ce que la LNH voulait comme conclusion.

C’est une ligue qui adore les narratifs calculés, les galas bien emballés, les surprises émouvantes filmées à 12 caméras.

Mais là, ce n’est pas un producteur qui a volé le show. C’est un fan, un photographe ou peut-être même... un membre de la famille Hellebuyck.

On y voit Connor, les deux bras grands ouverts, souriant avec la retenue d’un homme qui sait ce que ça veut dire.

Car il sait, lui aussi, ce qu’a fait Carey Price. Il sait à quel panthéon il accède maintenant. Il entre dans un cercle fermé. Un club très select où le masque ne fait pas que bloquer des rondelles : il couronne des élus.

Et à Montréal? Rien. Silence. Silence radio.

Pas une réaction du CH. Pas une pensée pour Carey Price. Pas de comparatif. Pas d’article. Pas d’hommage.

Comme si tout le monde avait déjà tourné la page. Comme si l’ère Price était maintenant classée au rayon nostalgie, juste après les VHS de Patrick Roy et les cassettes audio de Maurice Richard.

Mais ça fait mal. Parce que ce n’est pas juste une nouvelle. C’est une date symbolique. 10 ans jour pour jour après le sacre de Carey Price, voilà que son héritage est réécrit en direct.

Comme si le livre d’histoire avait changé d’auteur en pleine nuit.

Et attention, ne vous méprenez pas : Connor Hellebuyck mérite tout. Il mérite la gloire. Il mérite les honneurs.

Mais à Montréal, on est attaché à l’idée qu’un jour, peut-être, Price allait retrouver son trône. Qu’il allait le garder.

Qu’il allait mourir avec. Mais le hockey moderne n’a pas de patience pour la nostalgie. Il dévore, il réinvente, il efface.

Et maintenant? Maintenant, c’est Winnipeg qui peut se pavaner. C’est le Manitoba qui peut s’accrocher à son héros silencieux, à son poête des filets, à son Price à eux.

Mais à Montréal, les fans du CH, eux, avalent de travers.

Parce que oui, c’est un autre pan de la grandeur de Price qui se fait dérober.

Et comme pour chaque grand joueur qui quitte la scène sans Coupe, la réécriture est cruelle. On l’avait sanctifié.

Maintenant, on le désanctifie. Un leak. Un cliché. Et c’est tout l’équilibre historique qui est chamboulé.

Et quand la LNH annoncera officiellement le gagnant le 12 juin? Il n’y aura plus détonation.

Il n’y aura que la confirmation d’un transfert de pouvoir. Et dans les chaumières du Québec, on se souviendra de Price, pas pour ses trophées... mais pour ce qu’il était : l’ultime rempart d’une époque révolue.

Et maintenant, cette époque vient d’être effacée d’une photo floue.

Triste fin. Triste déclin. Triste justice.

Misère ...

C’est fini pour Carey Price : la dernière bougie s’est éteinte dans l’indifférence