C’est la fin à Laval pour Pascal Vincent

C’est la fin à Laval pour Pascal Vincent

Par Marc-André Dubois le 2025-04-21

Le Rocket de Laval vivra un été de transition.

Car même si les séries éliminatoires approchent à grands pas et que tous les projecteurs sont tournés vers la Coupe Calder, un autre chapitre s’écrit déjà en coulisses : celui du départ inévitable de Pascal Vincent.

Le couperet n’est pas tombé, mais l’évidence est là.

La Ligue américaine de hockey a annoncé aujourd’hui que Vincent est le récipiendaire du prix Louis A.R. Pieri, remis à l'entraîneur de l’année dans la AHL.

Un honneur amplement mérité pour celui qui a transformé le Rocket en une machine de guerre, qui a fait progresser presque tous ses joueurs, et surtout, qui a redonné ses lettres de noblesse au développement à Laval.

Mais soyons honnêtes : Pascal Vincent est un entraîneur de la Ligue nationale. Il le sait. Tout le monde le sait. Et Daniel Brière, directeur général des Flyers de Philadelphie, est prêt à lui donner les clés.

Pascal Vincent, ce n’est pas un crieur, un tyran ou un adepte de la peur. C’est un pédagogue. Un entraîneur moderne, qui comprend ses joueurs, qui s’adapte, qui enseigne.

Le contraire parfait de John Tortorella, qui a essoré mentalement le vestiaire des Flyers au cours de la dernière année. L’organisation de Philadelphie cherche un renouveau. Une voix calme. Une vision. Une structure.

Et dans ce contexte, Vincent incarne tout ce que Daniel Brière veut bâtir.

L’homme est respecté dans tous les cercles du hockey. Il a survécu au chaos des Blue Jackets de Columbus, il a redoré son blason à Laval, et il a su faire grandir un groupe de jeunes joueurs sans jamais tomber dans l’arrogance ou le favoritisme. Il a donné un sens au mot mérite, il a créé une culture, il a uni son groupe.

En fait, Vincent a tout simplement gagné.

Le Rocket trône au sommet du classement général de la LAH. Ses gardiens dominent. Son vestiaire est uni. Son système est respecté.

Et surtout, Vincent a mené cette équipe sans jamais flancher, même après la perte de plusieurs joueurs au profit du grand club.

C’est le moment parfait pour partir. Pas en fuyant. Mais en s’élevant.

Il ne pourrait rêver d’un meilleur timing. Et les rumeurs sont plus que des murmures. Daniel Brière a coché son nom tout en haut de la liste pour succéder à Brad Shaw ou à un autre entraîneur intérimaire à Philadelphie.

Et il ne s’en cache plus. La reconstruction des Flyers a besoin d’un vrai bâtisseur. Et personne n’incarne mieux cette idée que Pascal Vincent.

Et si la rumeur veut que Vincent s’envole vers Philadelphie, une autre prend de l’ampleur avec elle : celle de Cayden Primeau.

Le gardien du Rocket vit peut-être ses derniers moments dans l’organisation du Canadien. Il est dominant dans la LAH. Il le sait. Son entraîneur le sait.

Le directeur général du Rocket le sait. Mais à Montréal, il est coincé derrière Samuel Montembeault, et il voit déjà Jacob Fowler lui souffler dans le cou. Pire encore : il sent que le public ne croit plus en lui.

Vincent, lui, n’a jamais douté. Il l’a protégé. Valorisé. Et maintenant qu’il a fait la démonstration que Primeau est un gardien de calibre LNH, pourquoi ne pas le suivre dans son prochain chapitre?

Kent Hughes, le DG du Canadien, ne perdra pas Primeau pour rien. Le gardien deviendra joueur autonome avec compensation, et le CH lui soumettra sans doute une offre qualificative.

Mais tout cela ne sera qu’un prélude à une transaction. Primeau a trop de valeur aujourd’hui pour être laissé à lui-même. Il a retrouvé sa forme, son calme, sa technique.

Et si Vincent obtient le poste à Philadelphie, Brière aura toutes les raisons du monde d’en faire sa priorité pour solidifier son filet à long terme.

Les astres sont alignés. Vincent à Philadelphie. Primeau avec lui. Une organisation en reconstruction, prête à miser sur un entraîneur québécois calme, structuré, exigeant mais juste. Et sur un jeune gardien qui rêve de retrouver ses racines.

Rappelons-le : Cayden Primeau est le fils de Keith Primeau, légende des Flyers. Il connaît la ville. Il y est respecté. Il y est attendu. L’émotion serait forte. L’impact médiatique aussi. Et l’histoire serait belle.

Vincent, pour sa part, représenterait une rupture totale avec l’ère Tortorella. Ce ne serait pas un simple changement de personnel. Ce serait un changement de philosophie. De culture. De message.

Et si la Ligue nationale cherche à ouvrir ses portes à plus de diversité derrière les bancs, donner la chance à un entraîneur québécois, formé ici, respecté partout, deviendrait un geste hautement symbolique.

Pascal Vincent ne sera plus à Laval la saison prochaine. Et c’est très bien ainsi.

Il aura fait le travail. Il aura marqué l’histoire du Rocket. Il aura bâti un groupe, élevé des carrières, redonné espoir à une ville passionnée.

Mais maintenant, il est temps de grimper.

Et si Daniel Brière lui tend la main, si les Flyers s’offrent comme la prochaine étape logique, alors tout indique que Vincent et Primeau quitteront ensemble pour ouvrir un nouveau chapitre.

Et si tout cela devait arriver, une autre conséquence, plus subtile mais tout aussi réelle, se fera sentir à Montréal : Martin St-Louis pourra enfin respirer.

Depuis des mois, voire depuis sa nomination, St-Louis vit sous l’ombre sourde mais persistante de Pascal Vincent. À chaque mauvaise séquence, à chaque décision contestée, bon nombre de partisans pointait du doigt le banc du Rocket, comme pour dire : « Voilà le vrai coach. » Le tacticien réfléchi. Le pédagogue structuré. L’alternative crédible.

Avec le départ inévitable de Vincent, cette pression parallèle va enfin s’atténuer.

St-Louis ne pourra plus être comparé en coulisses à celui qui dirigeait à quelques kilomètres au nord. Il ne sera plus défini à travers l’aura d’un entraîneur considéré par plusieurs comme le successeur idéal.

En clair, Martin St-Louis ne pourra plus se faire dire que le bon coach... c’est à Laval qu’il se trouve.

Pour une fois, St-Louis aura le banc pour lui seul. Sans écho. Sans ombre.

Et c’est peut-être ça, sa plus grande victoire de l’été.