C’est la fin pour Pierre-Karl Péladeau ou la renaissance de TVA Sports

C’est la fin pour Pierre-Karl Péladeau ou la renaissance de TVA Sports

Par David Garel le 2024-10-18

Le rideau tombe doucement sur TVA Sports, une chaîne qui a accumulé près de 300 millions de dollars de pertes depuis sa création en 2011.

Les cotes d’écoute désastreuses, une fuite continue d’abonnés et une compétition féroce de RDS ont poussé Pierre Karl Péladeau, président de Québecor, à sortir une dernière carte de sa manche. 

Le match du Canadien de Montréal le 9 novembre contre les Maple Leafs de Toronto sera diffusé exceptionnellement sur le réseau généraliste TVA.

Il sera aussi diffusé sur TVA Sports, mais Péladeau veut donner la chance aux gens qui ont le simple câble de pouvoir regarder le CH.

Voilà un pari risqué. C’est la manœuvre désespérée d’un homme qui a déjà échoué à ramener les Nordiques de Québec, mais qui refuse de perdre la bataille pour les cotes d’écoute du hockey au Québec.

Cette diffusion hors du cadre habituel, sur une chaîne généraliste accessible à tous, n’est pas qu’un simple coup de poker. 

Péladeau se prépare pour la guerre des droits télé, avec un œil sur la fin imminente du contrat de diffusion exclusif de la LNH en 2026.

C'est l'occasion pour Québecor de prouver à la Ligue nationale de hockey qu'elle peut offrir une portée plus large et une visibilité accrue, surpassant les performances de RDS, limité à un réseau câblé et à Prime Vidéo.

Le défi est immense. RDS, avec son duo légendaire, Pierre Houde et Marc Denis, a déjà remporté une victoire décisive lors du match du CH face aux Penguins un lundi soir.

Plus de 650 000 téléspectateurs ont choisi de syntoniser RDS ce soir-là, tandis que TVA Sports peinait à attirer 524 000 personnes lors du match d'ouverture contre les Leafs un samedi soir, malgré ses efforts désespérés.

Même le match des Alouettes de Montréal, pourtant diffusé un lundi, a attiré 320 000 spectateurs, un chiffre impressionnant qui illustre à quel point RDS s’est imposé comme la référence incontournable du sport au Québec.

Le public québécois, fidèle à Pierre Houde et Marc Denis, a fait son choix. Les critiques envers TVA Sports sont féroces, notamment à l’encontre de Jean-Charles Lajoie, dont le salaire de 400 000 dollars a choqué, et de Félix Séguin, qui n'a pas réussi à se faire aimer du Québec.

TVA Sports est perçu comme désorganisé et dépassé, incapable de rivaliser avec l’expertise et la fluidité de la couverture de RDS.

La décision de Péladeau de diffuser un match du Canadien sur TVA, une chaîne grand public, est un geste audacieux.

En rendant le hockey accessible à tous, même à ceux qui ne sont pas abonnés au câble, Péladeau espère capter une nouvelle audience et montrer à la LNH qu’il peut offrir une plateforme puissante et universelle.

C’est une démonstration de force destinée à convaincre la ligue de revoir ses ententes avec Rogers, Bell et Prime, et de permettre à Québecor de s’imposer comme un joueur clé pour l'avenir des droits de diffusion au Québec.

Mais cette stratégie comporte des risques énormes. Si cette tentative échoue, ce sera la preuve ultime que TVA Sports n’a plus sa place dans le paysage sportif québécois.

Péladeau mise tout sur une carte unique : la capacité d’un réseau généraliste à rivaliser avec un canal spécialisé, un pari que peu de diffuseurs ont osé tenter.

Si les audiences ne sont pas au rendez-vous, ce sera une humiliation publique, un échec retentissant qui pourrait sceller le sort de TVA Sports une fois pour toutes.

La pression sur Félix Séguin, Patrick Lalime, Élizabeth Rancourt, Renaud Lavoie et compagnie est immense. Chaque faux pas est amplifié par les réseaux sociaux, chaque erreur devient une raison de plus pour le public de se détourner de la chaîne. 

Les critiques à l’encontre de Lajoie et de son salaire mirobolant continuent de diviser les employés, qui voient leurs collègues se faire licencier tandis que d'autres perçoivent des rémunérations exorbitantes sans livrer les résultats attendus.

Pour Élizabeth Rancourt, cette situation est particulièrement délicate. Après avoir pris la relève de Louis Jean, elle a dû faire face à une audience en déclin et à des attaques misogynes virulentes.

Ses déclarations controversées sur Carey Price et Marc Denis ont amplifié le mécontentement, fragilisant davantage l'image de TVA Sports.

Le pari de Péladeau met une pression supplémentaire sur ses épaules : cette diffusion sur le réseau TVA est l'une des dernières chances de regagner la confiance du public.

Le geste de Péladeau est aussi un acte de défiance envers RDS et Bell. Il veut prouver qu’il peut réussir là où ses concurrents ne peuvent pas : offrir une diffusion large et sans barrière d’accès, sur une chaîne généraliste.

Pour Bell, qui mise sur la solidité de RDS et la fidélité de ses téléspectateurs, cette manœuvre est une attaque frontale.

C’est la dernière chance de TVA Sports de reprendre l’avantage, et Péladeau le sait. Après avoir échoué à ramener les Nordiques, il refuse de perdre une fois de plus.

Le contrat de diffusion de la LNH est un enjeu de taille, et Péladeau veut prouver qu'il est prêt à tout pour obtenir une part du gâteau.

S'il réussit, TVA Sports pourrait non seulement survivre, mais aussi se redéfinir comme un acteur majeur du sport au Québec.

Mais s'il échoue, ce sera la fin d’une aventure marquée par des pertes financières et des promesses non tenues.

La diffusion du match du CH sur TVA n’est pas qu’un simple test. C'est le dernier acte d’un combat acharné pour la survie.

 Pierre Karl Péladeau joue son va-tout, conscient que l’avenir de TVA Sports dépend du succès ou de l’échec de cette tentative.

Si les cotes d'écoute sont au rendez-vous, il pourra revendiquer une nouvelle approche, montrant à la LNH et au public québécois que TVA peut encore être un diffuseur pertinent.

Mais s'il échoue, ce sera une défaite définitive, et le rêve de rivaliser avec RDS s’évanouira pour de bon.

Ce sera alors la fin de TVA Sports.

Quoi qu’il arrive, cette diffusion restera dans l’histoire comme le dernier grand pari d’un homme déterminé à ne pas sombrer sans se battre. 

Pierre Karl Péladeau, après avoir perdu la bataille des Nordiques, ne peut se permettre d’échouer une fois de plus. C’est la dernière bagarre des cotes d’écoute, et Péladeau est prêt à tout pour en sortir victorieux.

La guerre est lancée. Le public décidera de l'issue.