C'est terminé pour Patrick Roy

C'est terminé pour Patrick Roy

Par David Garel le 2025-04-26

C’est dans une profonde tristesse que Patrick Roy vit, ces jours-ci, ce que plusieurs de ses proches n’osent même plus appeler une fin de parcours, mais bien une capitulation.

L’annonce officielle du non-renouvellement du contrat de Lou Lamoriello avec les Islanders de New York aurait pu apparaître comme une lueur d’espoir pour Roy.

Pendant une fraction de seconde, certains ont imaginé un scénario où le légendaire gardien deviendrait enfin maître de son propre destin.

Mais la réalité, brutale et sans pitié, s’est rapidement imposée : le départ de Lamoriello n’a fait qu’accélérer le compte à rebours vers la sortie pour Patrick Roy.

Le président John Collins l’a confirmé sans détour : c’est le nouveau directeur général, et non Roy lui-même, qui décidera de son avenir.

Et déjà, les principaux noms qui circulent, la jeune femme de 32 ans, Kate Madigan (adjointe au DG chez les Devils), Ken Holland et Marc Bergevin en tête, ne laissent aucun doute. Roy n’aura pas son mot à dire. Il n’aura pas son entrevue. Il n’aura même pas le respect symbolique d’un au revoir digne de son nom.

Dans l’intimité de sa famille, Patrick Roy n’a plus la force de faire semblant. Selon les informations obtenues par le journaliste Maxime Truman, très bien connecté dans les cercles québécois, Roy a averti ses proches : c’est fini. Il a prévenu ses amis, ses confidents, sa famille : il faut se préparer à tourner la page.

Pendant que les rumeurs s’intensifient, à Québec, plusieurs témoins affirment déjà que Patrick Roy est en "mode retraite". Disons qu'on va le voir tout l'été sur les terrains de golf en Floride.

C’est triste. Ceux qui le croisent sentent la lourdeur dans ses épaules, la résignation dans son regard. Sa famille est inquiète. 

Et nous, collectivement, on ne peut que ressentir une immense tristesse à l’idée que tout pourrait se terminer ainsi. 

S’il doit vraiment quitter la scène, il n’aura jamais eu la chance de réaliser son autre rêve : coacher le Canadien de Montréal.

Et à bientôt 60 ans, il faut aussi se demander si ce n’est pas, malgré tout, la meilleure chose pour sa santé, tant le métier l’a usé jusqu’à la corde.

Après tant d’années à espérer un dernier grand chapitre, Roy voit son rêve s’effondrer en direct, sans pouvoir rien y changer.

Ouch. Patrick Roy avait dû attendre près de dix ans pour obtenir une deuxième chance dans la LNH, après son départ controversé du Colorado. Souvenons-nous : en 2016, il avait quitté les Avalanche dans des circonstances chaotiques, claquant la porte un mois avant le camp d’entraînement en raison d’un conflit irréconciliable avec Joe Sakic.

Ce départ précipité avait laissé des traces. Dans les bureaux de la LNH, nombreux sont ceux qui n’ont jamais pardonné à Roy cette trahison perçue. Ils n’ont jamais oublié cette image d’un Roy impulsif, ingérable, impossible à contrôler.

Quand les Islanders sont venus le chercher en janvier 2024, c’était presque un miracle. Mais quel miracle empoisonné!

 Un club vieillissant, désorganisé, sans avenir à court terme, aux mains d’un dirigeant autoritaire avec qui Roy allait inévitablement entrer en collision. 

Lamoriello et Roy, deux bulldozers incapables de coexister, étaient condamnés d’avance à s’écraser l’un contre l’autre.

Et maintenant que Lamoriello est parti, il n’y a aucune justice pour Roy. Bien au contraire : la chasse aux sorcières est lancée, et Roy sera probablement la première victime expiatoire d’un renouveau organisationnel qui ne veut pas de lui.

Le sentiment de fin de règne est évident  jusque dans son entourage. Sa famille s’inquiète. Ses amis, qui le voient vieilli, fatigué, cerné, savent que le métier d’entraîneur est devenu pour lui un fardeau insupportable. 

Le stress l’a ravagé. La pression constante de justifier ses décisions, de survivre dans un environnement cynique et impitoyable, a laissé des cicatrices profondes.

Et le pire est peut-être cette nouvelle qui sème la panique dans son cœur : le nom de Marc Bergevin circule avec insistance pour devenir le nouveau DG des Islanders. Pour Patrick Roy, c’est un cauchemar éveillé.

Il faut rappeler que Bergevin, lorsqu’il dirigeait le Canadien de Montréal, a refusé Patrick Roy à trois reprises. Trois fois, Roy s’est porté candidat pour devenir entraîneur du CH. 

Trois fois, Bergevin lui a préféré d’autres hommes : Michel Therrien en 2012, Claude Julien en 2017, puis Dominique Ducharme en 2021. Trois humiliations cuisantes, gravées à jamais dans la mémoire de Roy.

Le mépris entre les deux hommes est connu. Ils ne s’inviteraient pas aux mêmes soupers. Et si Marc Bergevin devient DG à Long Island, il ne fera aucun cadeau.

Il montrera sans hésiter la porte à Patrick Roy, refermant sans appel l’un des derniers chapitres possibles de sa carrière dans la LNH.

Le tableau est sombre, mais il devient encore plus cruel si l’on considère les autres options qui ferment une à une devant Roy.

Il espérait, peut-être, un miracle à Anaheim, où un poste de DG semblait aussi vacant. Mais tout indique que Joel Quenneville sera prochainement confirmé comme le choix des Ducks. Un autre mur. Un autre rêve qui meurt.

Quant à l’idée de se recaser à Philadelphie aux côtés de Daniel Brière, elle relève de l’illusion. Ceux qui se souviennent du passage de Roy au Colorado savent que sa relation avec Brière, alors joueur des Avalanche, s’était terminée dans une tension glaciale.

Leurs chemins se sont croisés avec fracas. Ils ne se recroiseront pas pour rebâtir ensemble.

Et que dire de Boston, ce rêve fou de finir en beauté dans une organisation historique? L’organisation pilotée par Don Sweeney n’a pas l’intention de bouleverser sa hiérarchie pour faire une fleur à Patrick Roy.

À Chicago? Ils sont en reconstruction complète autour de Connor Bedard. Pourquoi iraient-ils chercher un entraîneur à l’ancienne, au tempérament volcanique, pour accompagner la jeunesse?

Non, partout où l’on regarde, les portes se ferment. Les options s’évaporent. Le rêve s’effondre.

La vérité brutale, c’est que le hockey moderne n’a plus de place pour Patrick Roy.

Son approche colérique, passionnée, dictée par l’intuition plus que par les statistiques avancées, est perçue aujourd’hui comme archaïque par une génération de dirigeants obsédés par les chiffres, les modèles de projection et les KPI.

Ce n’est pas seulement une question d’âge. C’est une question de culture. Patrick Roy appartient à une époque révolue, à un hockey de sang, de sueur et de larmes que la LNH contemporaine cherche désormais à effacer derrière ses tablettes, ses laptops et ses analyses prédictives.

Et c’est sans doute ce qui est le plus tragique dans cette histoire : Roy a changé. Il a tenté de s’adapter. Il a tenté de laisser de côté ses sautes d’humeur, ses explosions publiques.

Mais il a changé trop tard. Et le monde du hockey, lui, a continué d’avancer sans l’attendre.

Aujourd’hui, alors qu’il voit son dernier espoir brûler en fumée, Patrick Roy doit affronter l’ultime épreuve : celle d’accepter que son temps est passé.

La légende s’éteint, non pas dans la gloire, mais dans la douleur sourde de l’oubli.