Chandail retiré au Centre Bell ou 2 millions de dollars: Carey Price perd patience

Chandail retiré au Centre Bell ou 2 millions de dollars: Carey Price perd patience

Par David Garel le 2025-05-27

Il n’a pas disputé un match depuis avril 2022. Il vit en retrait, entre Colombie-Britannique et silence volontaire. Et pourtant, Carey Price est toujours au cœur de toutes les conversations à Montréal.

À chaque émission de radio, à chaque match du Canadien, à chaque débat sur les ondes de TVA Sports ou du 98.5 : son nom revient. Toujours. Encore.

Et là, Carey Price en a assez.

De passage à Montréal dimanche dernier, il a réalisé, une fois de plus, qu’il ne serait jamais totalement libre du poids de son propre héritage.

On lui parle du Temple de la renommée – auquel il devrait accéder dès novembre 2025. On lui parle du retrait potentiel de son célèbre chandail #31. On lui parle de ses millions. De sa clause de non-échange. De son contrat. De ses deux derniers millions qu’il refuse de laisser sur la table.

Mais lui, il n’en peut plus. Parce qu’il entend tout. Et il commence à être écœuré.

La patience qui s’effrite

Lors d’une discussion avec Tony Marinaro, animée ce week-end en marge de son passage à Montréal, Price a été clair. Quand Marinaro lui a demandé ce qu’il ressentirait si le Canadien décidait un jour de retirer son chandail, Price a répondu, les yeux dans les yeux :

« Chaque fois que quelqu’un me demande ce dont je suis le plus fier, ou mon plus grand accomplissement, je leur réponds : avoir été le gardien de but des Canadiens de Montréal pendant 15 ans. Pour moi, c’est suffisant. »

Suffisant. Comme dans : pas besoin de cérémonie. Pas besoin de lever le chandail. Pas besoin de grand cirque.

Et il faut dire que la réponse ne sort pas de nulle part. Carey Price a toujours été un homme de peu de mots, mais la tempête actuelle autour de son nom semble le rattraper. Le débat sur le retrait de son numéro 31 divise les amateurs, les chroniqueurs et même… Geoff Molson.

Le propriétaire du Canadien a été on ne peut plus froid sur le sujet. Ce n’est pas dans les plans à court terme. Ce n’est pas non plus dans les plans à moyen terme. Et ça, Carey Price l’a très bien compris.

Geoff Molson, questionné la semaine dernière sur la possibilité de retirer le chandail #31 de Carey Price, a carrément mis fin au débat.

« En ce moment, on ne parle pas de ça. On se concentre sur l’équipe actuelle. Peut-être que ça viendra un jour, mais pour le moment, non. »

Une déclaration sèche, presque détachée, qui tranche avec l’admiration encore vive des partisans. Molson semble vouloir tourner la page – et vite. Et cette absence d’enthousiasme, Price la perçoit. Il l’entend. Et ça le blesse, même s’il ne le dira jamais ouvertement.

Il est difficile de ne pas sentir une certaine crispation dans les propos de Geoff Molson. Le propriétaire, toujours affable en public, semble de plus en plus distant lorsqu’on évoque Carey Price.

La froideur avec laquelle Molson a ignoré la présence de la famille Price lors de sa dernière visite au Centre Bell en dit long. Rien sur le Jumbotron. Aucune mention officielle. Juste un silence. Le genre de silence qui en dit plus long qu’un discours. Pour plusieurs, c’était une forme de représailles silencieuses, un message codé :

« Merci pour le passé, mais nous, on regarde vers l’avenir. »

Et pendant ce temps, il y a cette autre controverse, bien plus toxique : celle de son contrat. Encore aujourd’hui, de nombreux partisans – et même certains anciens joueurs devenus chroniqueurs – lui reprochent de ne pas avoir pris sa retraite en 2025. Tout ça pour deux millions de dollars.

On le rappelle : Carey Price a touché la quasi-totalité de son contrat de 84 millions $. Le 1er septembre prochain, il recevra son dernier boni à la signature : 5,5 millions $. Ensuite, il ne lui restera que 2 millions $ de salaire de base à toucher durant la saison 2025-2026. Deux millions, qui le retiennent sur la LTIR et qui limitent les mouvements de Kent Hughes à la date limite des échanges.

On lui reproche de ne pas les avoir laissés sur la table. De ne pas avoir fait « un geste de classe » pour aider l’équipe.

Mais Price, dans son entourage, répète la même chose : un contrat est un contrat. Et le Canadien savait exactement dans quoi il s’embarquait quand il a offert cette entente. Il n’a jamais rien volé à personne.

D’ailleurs, il continue de dire qu’il est prêt à lever sa clause de non-mouvement pour faciliter une transaction. Il l’a fait pour le repêchage d’expansion du Kraken en 2021, il est encore prêt à le faire aujourd’hui. Pour lui, ça ne change rien. Mais qu’on cesse de le traîner dans la boue.

Price n’a jamais demandé que son chandail soit hissé au plafond du Centre Bell. Il n’a jamais milité pour être reconnu comme une légende. Il n’a jamais réclamé d’hommage. Et maintenant qu’il voit ce que ça implique – les critiques, les spéculations, les insinuations – il semble ne rien souhaiter de plus que le silence.

Le même silence qu’il cultive depuis des mois. Le même retrait volontaire. Il élève ses enfants, il pêche, il vit simplement. Et malgré tout, chaque semaine, il est ramené au centre du débat public.

Mais l’été 2025 pourrait tout changer

Il n’est plus qu’à une transaction d’être enfin libre. Kent Hughes travaille fort pour refiler son contrat à une équipe qui cherche à atteindre le plancher salarial. Chicago? San Jose? Anaheim?

Plusieurs formations ont l’espace nécessaire. Et comme les assurances couvrent une bonne portion du salaire de Price, les coûts réels seraient faibles.

Un contrat à 10,5 millions $ sur la masse salariale, pour un salaire réel de 2 millions $ – un montant couvert en grande partie. Une aubaine comptable.

Une fois ce contrat échangé, Carey Price pourra vraiment tourner la page. Et Montréal aussi.

Mais d’ici là, qu’on le laisse tranquille.

Il a gardé les buts du CH pendant 15 ans. Il a tout donné. Il a traîné des équipes médiocres sur ses épaules. Il a tout gagné en 2015. Il a été le héros d’un printemps magique en 2021.

Et maintenant qu’il est fatigué, qu’il est loin, qu’il ne demande rien… on continue de le juger. De parler de lui. De le disséquer.

Carey Price est tanné.

Et franchement, qui peut lui en vouloir?