Il y a des phrases qui traversent une salle comme une gifle.
Des mots prononcés avec l’innocence d’un adolescent, mais qui résonnent comme une insulte dans le monde du hockey.
À Long Island, Matthew Schaefer a provoqué exactement ça.
C’est lors de la Vitrine des recrues de l’AJLNH ...un événement organisé en collaboration avec Upper Deck, où les meilleurs espoirs de la LNH se présentent devant les caméras pour leur première capsule officielle... que Matthew Schaefer s’est exprimé publiquement pour la première fois depuis son repêchage.
Vêtu de l’uniforme des Islanders pour la toute première fois et immortalisé pour sa première carte Upper Deck de sa future carrière, il s’est confié sur la pression du camp, sa clavicule cassée l’hiver passé, le fait de devoir « mériter chaque minute », tout ça en gardant le sourire.
C’est en marge de cet événement, au cœur de l’Upper Deck Rookie Showcase, qu’on lui a posé la question sur son entraineur, Patrick Roy ... et qu’il a lâché ce fameux :
« J’ai entendu dire que ça avait été un très bon gardien. »
Un moment censé être célébratoire, devenu instantanément tendu face à une légende du coaching.
Schaefer, qui est né en 2007, a résumé la carrière de l’un des plus grands gardiens de l’histoire de la LNH à… une rumeur.
Comme si Patrick Roy était une légende urbaine, une vieille cassette VHS que les boomers se repassent entre eux pour prouver que le hockey existait avant Ovechkin.
Pour les partisans, pour les anciens joueurs, pour les médias, ça frôle l’ignorance.
Roy, c’est 551 victoires, quatre Coupes Stanley, un Conn Smythe à 20 ans, et surtout une réputation d’orgueil, de feu sacré et de coups de gueule qui ont marqué l’histoire de la ligue.
Le gars a non seulement révolutionné la position de gardien avec son style papillon, il a aussi imposé une mentalité de gagnant à chaque vestiaire qu’il a croisé.
Ne pas connaître Patrick Roy, c’est comme débarquer dans l’Église sans savoir qui est Jésus-Christ.
Et là, tu as Matthew Schaefer, 18 ans, qui débarque à Long Island avec ses 6 pieds 2, 183 livres, un sourire de kid et des phrases de vestiaire comme si tout allait de soi.
Sur Spittin’ Chiclets cet été, il s’est même permis de blaguer avec Paul Bissonnette et Ryan Whitney comme si c’était ses chums de classe.
Pas de filtre, pas de recul, juste l’assurance candide d’un gars qui se croit déjà dans la game.
Les fans ont adoré son côté relax… mais d’autres y voient un signe inquiétant : parle-t-il un peu trop pour quelqu’un qui n’a encore rien prouvé?
Parce que voilà : Schaefer, pour l’instant, c’est zéro match dans la LNH.
Zéro présence.
Zéro mise en échec.
Et malgré ça, il arrive avec une attitude qui laisse déjà certains perplexes.
Le kid a du talent, ça personne ne le nie.
Premier choix des Islanders par la main de Mathieu Darche, il a été repêché pour son patin, son instinct offensif, son flair défensif malgré une fracture à la clavicule qui l’a limité à 17 matchs l’an dernier avec Érié.
On le compare déjà à des défenseurs modernes, capables de jouer des deux côtés de la glace et d’animer un power play. Mais attention : le talent ne pardonne pas l’arrogance.
Et c’est là que Patrick Roy entre en scène.
Parce que Roy n’est pas un coach comme les autres.
C’est un monument.
Et surtout, c’est un monument qui n’a jamais eu peur de dire les vraies affaires.
On se souvient tous de son coup d’éclat à Montréal, lorsqu’il avait crié à Ronald Corey de l’échanger immédiatement après une humiliation au Forum en 1995.
On se souvient de ses joutes verbales à Colorado, de ses colères légendaires derrière le banc des Remparts. Roy, c’est un volcan
. Et tu crois vraiment qu’il va laisser passer un jeune qui dit de lui : « J’ai entendu dire que ça avait été un bon gardien »?
Ce commentaire, ce n’est pas seulement une maladresse.
C’est une claque symbolique. Comme si Schaefer venait dire à Roy : « Ton époque est révolue, tu n’es qu’un nom sur une carte Upper Deck. »
D’ailleurs, le kid lui-même a raconté qu’il avait pris conscience de l’importance de Roy seulement en voyant du stock à son effigie dans les bureaux d’Upper Deck.
Pas sur YouTube. Pas dans les archives de la LNH. Dans un bureau de cartes de hockey. L’ironie est brutale.
Et les partisans n’ont pas manqué de réagir.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs ont accusé Schaefer d’être « inculte », « arrogant » ou carrément « déconnecté de la réalité ».
Certains l’ont défendu en disant qu’il n’était pas né à l’époque de Roy et qu’on ne peut pas reprocher à un ado de 18 ans de ne pas connaître le passé.
Mais d’autres répliquent : « Quand tu es drafté #1 et que tu débarques dans une ligue remplie de légendes vivantes, tu fais tes devoirs. Tu respectes l’histoire. »
Et Patrick Roy, dans tout ça? Silence radio.
Pas de déclaration publique. Pas de réaction officielle.
Mais ceux qui le connaissent savent que Roy n’oublie rien.
Que chaque mot est noté dans sa mémoire de compétiteur.
Et que Schaefer, dès le camp d’entraînement, risque de goûter à une leçon maison.
Pas besoin de cris, pas besoin de clash médiatique. Roy sait comment envoyer un message : glace réduite, banc prolongé, remarques piquantes.
Bref, Schaefer pourrait apprendre rapidement que l’histoire du hockey, ça ne s’ignore pas.
Le problème, c’est que ce n’est pas la première fois que le jeune donne l’impression d’en dire trop.
Sur Chiclets, il avait déjà lancé des blagues sur des vétérans, se permettant de taquiner des gars qu’il n’avait jamais affrontés.
C’était drôle, mais c’était aussi révélateur : le kid a une grande gueule.
Dans une ligue où les recrues doivent souvent « manger leurs croûtes » avant de parler, Schaefer a choisi une autre voie. Et ça peut mal finir.
Parce que oui, il y a une différence entre être confiant et être arrogant. Entre se montrer à l’aise devant les caméras et manquer de respect à une légende vivante.
Et Patrick Roy, lui, n’a jamais toléré le manque de respect.
Ceux qui ont joué pour lui à Québec le disent : tu pouvais te tromper, mais tu ne pouvais pas tricher.
Tu pouvais faire une erreur, mais tu devais au moins montrer que tu connaissais et respectais la game.
Alors, imaginez la scène : Roy, dans le vestiaire, face à Schaefer.
Le coach Hall of Famer, triple champion, ancien capitaine émotionnel, qui regarde son jeune défenseur droit dans les yeux.
On peut presque entendre sa voix grave : « Tu veux jouer dans ma ligue, kid? Apprends d’abord qui je suis. »
Et c’est là que l’histoire devient fascinante.
Parce qu’au fond, ce clash générationnel pourrait être exactement ce dont Schaefer a besoin.
Un reality check. Un baptême du feu.
Être pris en main par Roy, ce n’est pas juste apprendre des systèmes de jeu, c’est apprendre à être un professionnel.
Et si Schaefer a vraiment du caractère, il saura encaisser le coup et rebondir.
Mais en attendant, à Long Island, le malaise reste palpable.
Parce que peu importe les excuses, peu importe la candeur du kid, les mots sont sortis. Et Roy, lui, n’oubliera pas.
Le choc est lancé.
Misère...