Choc dans les négociations : Les 66 points de Lane Hutson sont biaisés

Choc dans les négociations : Les 66 points de Lane Hutson sont biaisés

Par André Soueidan le 2025-08-15

Il y a des vérités qui font mal, même quand elles sont dites avec un grand sourire.

Celle qui risque de résonner le plus fort autour de Lane Hutson cette saison n’a rien à voir avec son talent ... il est phénoménal ... mais avec la manière dont il a accumulé ses points.

Et ce détail-là, Kent Hughes n’a aucune intention de le laisser passer quand viendra le temps de parler gros chiffres.

Parce que oui, 66 points à sa première saison dans la LNH, c’est monstrueux. 6 buts, 60 passes.

De quoi se faire imprimer des chandails par camion et se faire offrir des drinks gratuits sur Crescent pour les cinq prochaines années.

Mais il y a un petit astérisque qui flotte au-dessus de cette fiche : Patrik Laine.

La vérité, c’est qu’une portion très généreuse des passes de Hutson sont directement liées à l’arme nucléaire qu’est Laine sur l’avantage numérique.

On ne parle pas de passes banales, ou de deuxième aide chanceuse qui rebondit sur trois patins.

Non. On parle du schéma qu’on a tous vu cent fois : Hutson à la ligne bleue, rondelle sur la palette, une passe millimétrée, et BOOM, Laine fait parler son canon côté gauche.

Une séquence tellement télégraphiée qu’on pourrait la reproduire en Lego… et pourtant, personne n’arrive à l’arrêter.

Et c’est là que la beauté du hockey se transforme en science froide.

Dans le bureau de Kent Hughes, ce n’est pas vu comme une coïncidence. C’est un fait statistique.

Sur 60 passes, combien se sont transformées en point grâce à un seul et même tir sur réception signé Patrik Laine? 15? 12? 10? Chaque fois que Laine décochait en avantage numérique, les chances que Hutson ramasse un point grimpaient en flèche.

Et dans une négociation, ce genre de dépendance statistique, ça vaut son pesant d’or… pour le DG, pas pour l’agent.

Car Hughes, il connaît la game. Il sait que les partisans ne vont pas disséquer les séquences.

Ils voient juste les chiffres : « Wow, notre jeune défenseur a produit comme un vétéran élite! » Mais un DG, lui, regarde comment ces chiffres sont produits.

Et quand il voit que presque un tiers des points proviennent d’un seul scénario, avec un seul joueur clé, il se dit que la valeur réelle pourrait être différente si la donne change.

Et ce n’est pas la première fois que cette discussion surgit dans la LNH. On a vu des passeurs prolifiques perdre 15 à 20 points par saison quand leur sniper favori quittait le navire.

Dans une ligue où la marge entre “élite” et “très bon” se chiffre parfois en 10 points par saison, ce genre de changement peut redessiner une carrière… et un chèque de paie.

C’est là où ça devient croustillant.

Parce que tout le monde sait que Laine est une bête sur l’avantage numérique, le genre de gars qui te change un match en deux coups de bâton.

Mais si Laine n’est pas là… est-ce que Hutson produit autant?

Est-ce qu’il trouve d’autres solutions aussi payantes?

Probablement, parce qu’il est brillant. Mais la réponse n’est pas encore sur papier.

Et tant qu’elle ne l’est pas, Hughes a un argument béton pour refroidir les ardeurs du clan Hutson à la table des négociations.

Et le pire, c’est que ce contexte n’est pas près de disparaître.

La formule fonctionne, alors pourquoi la changer? Laine est installé dans son bureau comme un fonctionnaire avec un café et un dossier à remplir.

Hutson sait exactement où l’envoyer. Résultat : les points pleuvent. Mais plus cette dépendance dure, plus elle devient un “point faible” exploitable par la direction.

Dans la tête d’un directeur général, ça devient une équation froide : “Est-ce que ce joueur peut produire autant sans cet atout précis?”

Tant que la réponse reste floue, on peut justifier un montant plus bas.

Et c’est là que la psychologie entre en jeu. Hughes sait que son rôle n’est pas de récompenser un joueur pour ses émotions ou ses belles histoires, mais de protéger la masse salariale comme un coffre-fort.

C’est un peu le même débat qu’on a vu avec d’autres grands passeurs dans la LNH.

Quand un gars joue avec un sniper d’élite, ses chiffres grimpent naturellement.

Mais enlève le sniper, et tout à coup, la courbe ralentit.

Pas toujours parce que le passeur est moins bon, mais parce que le contexte a changé. Dans la Ligue nationale, le contexte, c’est presque tout.

Et là, imagine la scène. À la table de négociation, l’agent sort la carte magique : « 66 points à 20 ans, record de franchise pour une recrue à la défense, production digne d’un Makar ou d’un Hughes (l’autre Hughes, celui du New Jersey) ».

Kent Hughes, imperturbable, lève les yeux et répond : « Oui… mais combien de ces passes sont sur des buts de Patrik Laine en power play? »

Silence dans la salle. Parce qu’on sait que la réponse n’est pas 2 ou 3. C’est un chiffre qui pique.

Dans le fond, la situation est simple : Hutson a été brillant, mais il a aussi eu un partenaire qui transforme de bonnes passes en buts automatiques.

Et ça, dans la LNH, ça gonfle une fiche plus vite qu’une série de matchs contre San Jose.

Et attention : ce n’est pas une critique de Hutson. Au contraire.

C’est même un signe d’intelligence hockey. Savoir reconnaître où est ton arme fatale, l’utiliser à répétition et capitaliser dessus, c’est ce que font les meilleurs.

Crosby a eu Malkin. McDavid a Draisaitl. Les dynasties se bâtissent sur ces connexions. Mais quand vient le temps de parler dollars, ces mêmes connexions deviennent des munitions dans le camp adverse.

Alors oui, Lane Hutson est un phénomène. Oui, il mérite une paie qui reflète son impact. Mais si Patrik Laine disparaît du tableau ... blessure, échange, baisse de régime ... on va voir si la machine continue de tourner aussi vite.

Et ça, c’est un test que tout le monde attend.

En attendant, Hughes garde son joker dans sa manche. Et à chaque fois que Hutson alimente Laine pour un autre missile en avantage numérique, quelque part, dans un bureau du Centre Bell, quelqu’un coche une petite case sur un rapport interne.

Parce que dans la jungle des négociations NHL, chaque passe compte… mais certaines comptent plus que d’autres.

Bref, si Lane Hutson veut faire taire les sceptiques et forcer Kent Hughes à sortir le chéquier sans chipoter, il n’aura pas le choix : prouver qu’il peut produire à la même cadence, peu importe qui est posté à gauche en avantage numérique.

Jusqu’à ce moment-là, ses 66 points resteront un chef-d’œuvre… avec un petit coin de la toile signé Patrik Laine.

Ouch...