Claude Giroux à Montréal : un professeur de luxe pour Ivan Demidov

Claude Giroux à Montréal : un professeur de luxe pour Ivan Demidov

Par André Soueidan le 2025-05-03
canadiens

Il faut parfois être complètement aveugle pour ne pas voir que la réponse est juste là, devant nous, avec un chandail numéro 28 sur le dos.

Claude Giroux, l’enfant chéri de l’Outaouais, vient d’annoncer qu’il n’en avait pas fini avec le hockey, et encore moins avec son rêve de gagner pour vrai.

À 37 ans, avec un contrat expiré, il devient joueur autonome sans compensation et, dans un monde juste, il serait déjà en route vers le vestiaire du Canadien de Montréal.

Pas parce qu’il va marquer 30 buts, pas parce qu’il va remplacer Kirby Dach, mais parce qu’Ivan Demidov a besoin de lui comme le feu a besoin d’oxygène.

Giroux n’est pas seulement un vétéran, il est le pont parfait entre une génération qui a tout vu et une qui veut tout apprendre, sans brûler les étapes.

Avec 1228 matchs dans le corps, 71 buts marqués avec Ottawa en trois saisons et une réputation de guerrier exemplaire, Giroux n’a plus rien à prouver, sauf qu’il peut encore aider.

Ce qu’il veut, ce qu’il répète, ce qu’il martèle, c’est qu’il se sent encore capable d’avoir un réel impact dans un vestiaire qui veut gagner.

À Montréal, où l’on chérit les talents maison, on a trop souvent négligé le rôle de ces vétérans capables de protéger, de guider, de tempérer la tempête.

Mais cette fois, ce serait une faute professionnelle de ne pas donner à Ivan Demidov un mentor qui comprend ce que c’est d’avoir les caméras plantées dans la face chaque soir.

Demidov arrive avec tout le poids du monde sur les épaules : premier choix de l’équipe, hype international, statut de sauveur et zéro expérience dans la jungle montréalaise.

Il ne pourra pas s’appuyer sur Juraj Slafkovsky, encore en train de dompter ses propres démons, ni sur Cole Caufield, qui doit lui-même apprendre à devenir un vrai leader.

Et ce n’est certainement pas Brendan Gallagher qui va pouvoir lui expliquer comment gérer une présence sur l’avantage numérique quand tes genoux veulent t’envoyer à la retraite prématurément.

Giroux, lui, est calme, posé, stratège et respecté de tout le monde, peu importe la langue, le poste, le pedigree ou le pays d’origine de celui qui l’écoute.

Quand il parle, on l’écoute.

Quand il agit, on le suit.

Quand il prend une mise en jeu critique en fin de match, on respire mieux collectivement, même en prolongation des séries.

Demidov, s’il veut devenir une légende dans cette ville, devra apprendre non seulement à produire, mais à survivre, et c’est là que Giroux devient une arme inestimable.

Tu veux que ton jeune prodige devienne une version russe de Claude Giroux.

Commence par lui coller Claude Giroux à côté pendant un an, dans chaque déplacement, dans chaque vestiaire, dans chaque matinée de caféine avant la pratique.

On ne demande pas à Giroux de marquer trente buts ni de jouer sur le premier trio, mais simplement d’être le phare dans la nuit montréalaise de Demidov.

Il faut un homme qui peut lui expliquer comment affronter les médias sans se perdre, comment gérer la pression d’une foule bipolaire, comment vivre sans se faire écraser.

Giroux vit à Ottawa à l’année, sa famille est établie, il aime le coin, il aime les partisans, il aime la rivalité… et maintenant, il veut gagner.

Et c’est là que Montréal entre en jeu, car pour la première fois depuis des années, le CH n’est plus une équipe de bas de classement, mais une destination plausible.

Martin St-Louis connaît le rôle de mentor, il l’a joué pour des gars comme Steven Stamkos et Nikita Kucherov, et aujourd’hui, il a la chance d’en offrir un à Demidov.

Claude Giroux pour une saison à trois millions?

Tu fais ce move-là les yeux fermés.

Tu gagnes du leadership, du respect, de l’expérience, une conscience professionnelle et un gars qui a déjà prouvé qu’il peut transformer un vestiaire.

Tu gagnes aussi la communauté francophone au complet, qui réclame depuis des années une figure locale qui parle leur langue sans Google Translate ni conférence de presse robotique.

Tu gagnes la crédibilité, tu gagnes une figure paternelle, tu gagnes un passeur de flambeau, tu gagnes un gars qui a toujours mis l’équipe avant ses statistiques personnelles.

Ivan Demidov ne sera jamais Connor Bedard, mais il peut devenir quelque chose d’unique si on lui offre les bons outils, les bonnes influences et un vrai modèle de constance.

Et ce modèle, ce n’est pas Nick Suzuki, ni Sean Monahan, ni Jake Evans, ni Owen Beck, aussi bons soient-ils.

C’est Claude Giroux.

Maintenant.

Pas dans six mois, pas quand Ottawa aura bougé, pas quand un autre GM aura flairé l’opportunité que Kent Hughes aura bêtement ignorée.

Claude Giroux à Montréal.

Pour Demidov.

Pour le vestiaire.

Pour la ville.

Et pour que la culture d’élite que Martin St-Louis rêve de construire ait enfin un visage qu’on peut respecter sans condition.

À toi de jouer, Kent.

Parce qu’il n’y aura pas deux chances de créer ce genre de passerelle générationnelle entre l’un des joueurs francophones les plus respectés de sa génération…

…et un phénomène russe de 19 ans qui risque de se noyer dans la marée médiatique montréalaise s’il n’est pas correctement entouré dès le jour un.

Giroux, ce n’est pas juste un bon vétéran. C’est un ambassadeur, un ciment, un gars qui parle la langue du vestiaire comme celle du peuple dans les gradins.

Il comprend ce que c’est d’être scruté à chaque présence, chaque chiffre, chaque erreur, chaque entrevue de 12 secondes qui devient un scandale sur les réseaux sociaux.

Et surtout, il est capable d’en parler. De calmer un jeune qui pense que le monde est en train de lui tomber sur la tête parce qu’il n’a pas marqué depuis trois matchs.

Ivan Demidov ne sera jamais tranquille à Montréal, mais avec un gars comme Claude Giroux dans le vestiaire, il ne sera jamais seul.

Et ça, ça n’a pas de prix.

Encore moins si ce mentor-là coûte 3 millions pour un an, dans une équipe qui a de l’espace sous le plafond et qui vise enfin les grands honneurs.

Claude Giroux ne viendra pas ici pour finir sa carrière. Il viendra pour transmettre, inspirer, encadrer, et peut-être, pour vivre son dernier grand frisson au Centre Bell.

Avec une ovation debout.

Et Demidov, à ses côtés, en train d’apprendre à devenir un tueur… mais un tueur intelligent, discipliné, à la Giroux.

Le genre de duo qu’on n’aurait jamais osé imaginer, mais qu’il faut absolument créer.

Parce qu’à un moment donné, si tu veux être une vraie organisation gagnante… tu fais ce genre de move.

Et tu ne regardes jamais en arrière.