Les femmes de Cole Caufield: la pire raison de Bill Guerin

Les femmes de Cole Caufield: la pire raison de Bill Guerin

Par David Garel le 2025-12-31

Aujourd'hui, les fédérations nationales doivent déposer leurs alignements olympiques finaux. C’est le moment des vérités. Le moment où des carrières internationales basculent sur un oui ou un non. Et à Montréal, il y a un dossier qui monopolise toutes les discussions : celui de Cole Caufield et de Team USA.

Sur la glace, Caufield fait exactement ce qu’on demande à un marqueur d’élite. Il marque. Il décide des matchs. Et hier encore, il a répondu exactement là où ça compte le plus : avec un but spectaculaire, au moment précis où son nom circule comme un joueur qu’on s’apprête à laisser de côté.

Ce but-là, ce n’était pas juste un highlight. C’était un message. Direct. En pleine face de Bill Guérin.

Parce que depuis des semaines, le discours est clair. le DG du Wild, patron de l’équipe américaine, ne se cache même plus. Il l’a dit publiquement, et Pierre LeBrun l’a rapporté sans ambiguïté :

« Peu importe tes dons offensifs, si tu ne frappes pas, si tu ne peux pas jouer un hockey de vérification, les Jeux olympiques ne sont probablement pas le tournoi pour toi. »

C’est cette phrase qui colle maintenant à la peau de Caufield. Pas son rendement. Pas ses buts. Son profil.

Et c’est là que l’histoire devient franchement dérangeante.

Parce que ce que Guérin reproche à Caufield aujourd’hui ne concerne pas uniquement ce qu’il fait, ou ne fait pas, sur la glace.

Ça touche à une perception qui remonte à Prague, au Championnat du monde. À cette période où Caufield, jeune, célibataire, adulé, fait le party toute la nuite et ramenait des femmes à son hôtel.

Oui. Il faisait la fête. Comme des dizaines d’autres joueurs avant lui. Comme des dizaines d’autres joueurs depuis.

Le championnat du monde est un tournoi en carton qui sert de vacances pour les joueurs éliminés des séries. Le fait que Caufield soit puni aujourd'hui pour avoir profité des nuits nocturnes tchèques est ridicule.

Et il faut le dire clairement : ça n’a jamais été illégal, jamais interdit, jamais sanctionné par USA Hockey.

Mais dans la tête de Guérin, cet épisode est resté. Il a nourri une image. Celle d’un joueur qu’on juge moins fiable, moins discipliné, moins « olympique ».

Peu importe qu’il ait mûri depuis. Peu importe qu’il soit aujourd’hui en couple, beaucoup plus discret, centré sur son hockey. Peu importe qu’il ait amélioré son jeu sans la rondelle.

Ce passé-là continue de peser plus lourd que ses buts d’aujourd’hui.

Et pourtant, tout le monde n’est pas aligné avec cette lecture rigide de "has been".

Le journaliste, John Buccigross, l’a dit sans détour : lui, il voit Caufield dans un rôle important avec les États-Unis. Mieux encore, il le voit avec Auston Matthews, sur un deuxième trio offensif, aux côtés de Matt Boldy.

Buccigross parle d’un fit naturel, d’une énergie capable de faire sortir Matthews de sa coquille, d’un duo qui pourrait faire mal dans un tournoi court.

Mais cette vision-là est minoritaire dans les cercles décisionnels.

Frank Seravalli, lui, ne met pas Caufield sur sa liste. Pas plus que Lane Hutson. Et quand on regarde les projections qui circulent, on comprend vite pourquoi : la majorité des sièges sont déjà réservés. Matthews.

Les frères Tkachuk. Jack Eichel. Dylan Larkin. J.T. Miller. Jake Guentzel. Tage Thompson. Brock Nelson, adoré par le staff pour son jeu complet.

Il reste deux places. Et pour ces deux places, on oppose Caufield à des profils que Guérin adore : Vincent Trocheck, par exemple.

Un joueur qui frappe, qui gagne des mises au jeu, qui tue des punitions. Pas plus talentueux offensivement que Caufield. Mais plus conforme à la philosophie du boss. Et c’est exactement là que l’injustice nous pue au nez.

Parce qu’on ne parle pas d’un joueur marginal. On parle d’un des marqueurs les plus électrisants de la LNH. D’un gars qui décide des matchs en prolongation, qui excelle en tirs de barrage, qui peut changer un tournoi sur une seule présence. Mais dans l’esprit de Guérin, le tournoi olympique n’est pas un concours de buts. C’est une guerre d’usure.

Et hier, pendant que tout ça se décidait dans des bureaux, Cole Caufield a répondu de la seule façon qu’il connaît : sur la glace.

Avec un but magnifique. Un but qui rappelle que, quand le match est serré et qu’il faut une étincelle, il est encore l’un des meilleurs au monde pour la produire.

Alors oui, on peut débattre du style. Oui, on peut parler de robustesse. Mais à un moment donné, il faut poser la vraie question : depuis quand la vie intime d’un joueur à Prague devrait peser plus lourd que ses buts dans la LNH?

Cole Caufield n’a rien fait de mal. Il a vécu. Il a grandi. Et aujourd’hui, il paie encore pour une image qui ne correspond plus à ce qu’il est.

Demain, les listes seront déposées. (ce sera annoncé le 2 janvier pour les États-Unis ). Et si son nom n’y est pas, ce ne sera pas parce qu’il n’est pas assez bon. Ce sera parce qu’il ne correspond pas au moule d’un homme qui, manifestement, ne lui a jamais vraiment pardonné d’être lui-même.

Et ça, peu importe comment on l’enrobe, c’est une claque.