Colère à Montréal: Jacob Fowler renvoyé à Laval par La Presse

Colère à Montréal: Jacob Fowler renvoyé à Laval par La Presse

Par David Garel le 2025-12-21

La Presse veut renvoyer Jacob Fowler à Laval? Le Québec, lui, vient d’en faire son gardien numéro un.

Il existe parfois, dans ce marché survolté qu’est Montréal, un fossé impossible à ignorer entre ce que les gens vivent et ce que certains journalistes persistent à interpréter.

Le texte de Guillaume Lefrançois publié dans La Presse en est devenu l’exemple parfait. Quelques heures seulement après l’un des moments les plus vibrants de la saison, un blanchissage magistral contre Sidney Crosby, un Centre Bell déchaîné, une première étoile scandée par vingt mille personnes, une entrevue qui a fait trembler une province entière, voilà qu’on nous explique avec un sérieux déconcertant que Jacob Fowler devrait être rétrogradé à Laval « bientôt », que son rappel est « éphémère », que tout cela n’est qu’un « moment », et qu’il retournera logiquement sur l’autocar Utica–Belleville où, selon eux, un gardien de 21 ans « devrait normalement se trouver ».

Montréal a sauté au plafond.

Parce que cette lecture n’est pas simplement déconnectée. Elle est aveuglante. Elle refuse de voir ce que tout un peuple a vu, senti, crié, vécu samedi soir : le CH n’a plus un problème de gardien. Il a enfin trouvé son gardien.

Mais pour La Presse, Fowler retournera perdre son temps dans la ligue américaine.

Pour le public, le prodige n'est pas seulement l'avenir. Il est aussi le présent.

Et c’est là que l’indignation éclate.

Le Centre Bell a parlé plus fort que n’importe quelle chronique.

Guillaume Lefrançois peut bien aligner les lignes prudentes sur le fait que « les gardiens de son âge sont habituellement sur les bancs d’école », que son rappel est « voué à être temporaire », que Samuel Montembeault « doit rejoindre l’équipe à Pittsburgh », mais ce langage-là appartient à un autre moment de l’histoire.

Il ne correspond plus à ce que la ville réclame. Il ne correspond plus à ce que Martin St-Louis a vu. Il ne correspond plus à ce que Fowler a démontré.

Trois arrêts contre Sidney Crosby.

Une lecture du jeu implacable.

Un calme glacial dans les moments chauds.

Une maturité qui dépasse celle de gardiens de 28 ans.

Un blanchissage dans son quatrième match seulement.

Une foule incapable de le laisser quitter la glace.

Et surtout : une entrevue qui a changé la perception collective.

Car quand un jeune de 21 ans dit, les yeux droits, la voix stable :

« Je devais être meilleur. »

« Je dois toujours être meilleur. »

« Les gars se sont sacrifiés, je voulais leur donner une chance de gagner. »

… cette attitude devient immédiatement incompatible avec l’idée qu’il doit retourner dans l’autobus de la Ligue américaine.

Montréal n’est pas stupide. Montréal reconnaît la trempe d’un gardien. Et Fowler en a davantage démontré en quatre matchs que certains vétérans en quatre ans.

La Presse insiste : Montembeault « doit rejoindre le Tricolore à Pittsburgh ». En théorie, oui. En pratique, personne, pas même Martin St-Louis, n’est capable d’expliquer le sens de ce retour précipité.

On ne le fera pas jouer.

On ne veut pas revenir au ménage à trois.

On ne veut pas couper le momentum de Dobeš.

On ne veut pas toucher à Fowler.

Alors pourquoi? Pour remplir l’avion? Pour dire que le plan initial tient encore la route, même s’il s’est effondré sous nos yeux?

Et c’est là que la réaction populaire devient un élément central : le Centre Bell a démontré sans ambiguïté qu’il ne veut plus de ce scénario-là. 

Le public ne veut plus que Fowler retourne à Laval. Le public ne veut plus voir Montembeault comme priorité. Le public ne veut plus qu’on invente des mécanismes administratifs pour retarder la réalité : Fowler est prêt. Et Montréal le sait.

Le texte de La Presse ignore complètement l’effet Fowler, et c’est là que le malaise commence

Là où l’article déraille, c’est dans son incapacité totale à saisir ce que ce match représentait réellement. On y parle de Fowler comme d’un joueur « sur du temps emprunté ». 

C’est l'expression qu’on utilise pour un joueur de bas-étage.

Pas pour un gardien qu’une ville entière réclame comme sauveur.

Guillaume Lefrançois s’accroche à une théorie administrative, la fin temporaire du conditionnement de Montembeault, pendant que Montréal s’accroche à une vérité émotionnelle, sportive et intuitive : ce club est meilleur quand Fowler est dans le filet.

Martin St-Louis a contredit La Presse sans même le vouloir.

Quand le coach dit :

« Tu ne peux pas acheter cette expérience-là. Tu dois la vivre. Fowler l’a vécue. Il semblait prêt pour ça depuis longtemps. »

… il dit exactement le contraire de l’argument central de La Presse.

Alors quand on lit que le rappel « est voué à être éphémère », on comprend pourquoi le Québec est furieux.

Si le Canadien renvoie Fowler à Laval, il commet une faute symbolique majeure. Et il va y avoir une émeute émotionnelle à Montréal.

Et ça, La Presse ne semble pas le mesurer.

On ne coupe pas le lien qui vient de naître entre une ville et un joueur.

Montreal a parlé.

Et ce que Montréal a dit, c’est :

Fowler reste en haut. Point.

On peut avancer mille justifications administratives, mille logiques de gestion d’effectifs, mille phrases prudentes sur la patience, le développement, le tempo.

Mais parfois, une équipe doit écouter quelque chose de plus fort que son propre plan.

Elle doit écouter sa ville.

Montréal veut Fowler comme gardien numéro un. La Presse peut aller se coucher.