Colère noire à Pittsburgh: Sidney Crosby voit rouge

Colère noire à Pittsburgh: Sidney Crosby voit rouge

Par Marc-André Dubois le 2025-06-05

C’est une scène de chaos tranquille. Une révolution sourde. Une colère qui bout dans l’ombre, mais qui s’apprête à exploser.

Depuis que les Penguins de Pittsburgh ont annoncé l’embauche de Dan Muse comme entraîneur-chef, le tapis s’effondre dangereusement sous les pieds de la direction. Et pour la première fois, de manière claire, le mot qu’on évitait depuis des années à Pittsburgh est sur toutes les lèvres : reconstruction.

Et au centre de cette crise identitaire, un nom revient sans cesse, tel un écho insistant dans les rues de Pittsburgh et les salons de Montréal : Sidney Crosby.

Il suffisait de quelques clics sur X pour mesurer l’ampleur de l’indignation :

« Dan Muse? Sérieux? »

« Qui est cet homme? »

« Congédiez Dubas now! ».

Pour la plupart des partisans des Penguins, cette nomination est perçue comme un bras d’honneur. Dan Muse n’a jamais été entraîneur-chef dans la LNH. Il n’a jamais dirigé une supervedette. Il n’a pas de Coupe Stanley. Il n’est pas un ancien joueur vedette. Il est chauve, calme, inconnu… et probablement très compétent. Mais dans un marché à cran, ce n’est pas assez.

Surtout pas alors que l’équipe vient de rater les séries pour une deuxième année consécutive. Et que Kyle Dubas, le président des opérations hockey, refuse toujours d’admettre ce que tout le monde voit : l’ère Crosby-Malkin-Letang est terminée.

Dans les médias de Pittsburgh, le ton est cinglant. Rob Rossi (The Athletic), Josh Yohe, Mark Madden, tous pointent dans la même direction : l’embauche de Muse, c’est le signe d’un virage jeunesse.

Muse a travaillé avec l’équipe américaine de développement. On ne l’embauche pas pour gérer les dernières années de Letang. On l’embauche pour tourner la page.

Et dans cette logique, Sidney Crosby devient soudainement la clé du casse-tête.

Mais qui est Dan Muse, au juste? Pour le partisan moyen des Penguins, c’est un parfait inconnu. Un entraîneur chauve, discret, sans passé glorieux dans la LNH. Un nom qui n’a jamais circulé sur les babillards à TSN ou Sportsnet.

Pourtant, sous cette façade terne se cache un véritable savant du développement. Muse, 42 ans, a fait ses classes dans l’ombre. Ancien coach adjoint à Yale dans la NCAA, il a été promu à titre de spécialiste vidéo pour l’équipe américaine junior en 2013 et 2014. Puis, il est devenu entraîneur-chef dans l’USHL avec le Steel de Chicago, où il a remporté la Coupe Clark en 2017.

Ce n’est pas rien. C’est d’ailleurs cette performance qui lui a valu un poste d’adjoint aux Predators de Nashville de 2017 à 2020, sous Peter Laviolette.

Mais c’est surtout entre 2020 et 2023 que Dan Muse s’est imposé comme un architecte du hockey moderne. À la tête du programme de développement américain (NTDP), il a dirigé une génération dorée : Lane Hutson, Luke Hughes, Logan Cooley, Cutter Gauthier, Frank Nazar, Jimmy Snuggerud, Rutger McGroarty, Will Smith, Zeev Buium…

Tous des futurs ou actuels joueurs d’impact dans la LNH. Muse les a formés, façonnés, préparés à la vitesse et à l’intensité du jeu pro. Il a ensuite rejoint les Rangers de New York comme adjoint, toujours sous Laviolette. Ce CV, bien que discret, en dit long : Muse est un tacticien méthodique, un spécialiste du développement, un homme de terrain, respecté par ceux qui l’ont côtoyé.

Mais pour gérer Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Kris Letang? C’est là que ça coince. Car ce n’est pas un gestionnaire de vedettes. C’est un bâtisseur. Et tout dans son profil indique une seule chose : la reconstruction commence.

À 37 ans, Sidney Crosby entame son nouveau contrat de deux ans à 8,7 M$ par année. Il a été loyal. Il a refusé d’être échangé. Il a traîné cette équipe à bout de bras depuis cinq ans. Mais cette fois, la tempête est trop forte.

Pittsburgh s’en va droit vers une reconstruction. Et Crosby, lui, veut encore gagner. Il a encore le niveau. Il vient de connaître une saison de 94 points, dominant encore en 5 contre 5. Il est toujours une référence, un leader, une machine.

Mais il ne perdra pas ses deux prochaines (et dernières?) saisons à faire de la figuration dans une équipe de bas de classement.

Et qui est là, prêt à tendre la main? Kent Hughes. L’architecte tranquille d’un retour du Canadien vers la gloire. Un DG qui connaît Sidney Crosby depuis l’adolescence. Un DG qui représente son agent Pat Brisson dans ses anciens carnets. Un DG qui sait que pour aller chercher la Coupe… il faut une légende.

Depuis des mois, Kent Hughes prépare le terrain. Il amasse les choix, les jeunes, l’espace sur la masse salariale. Il attend l’opportunité. Et cette opportunité, c’est maintenant.

Pittsburgh est vulnérable. L’équipe va reconstruire. Malkin est en déclin. Letang n’est plus un facteur. Et maintenant, on donne les clés à un entraîneur inexpérimenté.

Dans ce contexte, il serait criminel de ne pas appeler Pat Brisson.

Crosby à Montréal, ce n’est plus un rêve impossible.. C’est un plan de sauvetage. Pour lui. Pour le CH. Pour la LNH.

Ce qui rend tout ça possible, c’est la colère. L’écoeurantite des partisans. La déception face à Dubas. La peur d’assister à une descente aux enfers sans plan clair. Même les plus fidèles partisans des Penguins, ceux qui ont porté le chandail de Crosby depuis 2005, admettent que ça sent la fin.

Et si l’organisation ne veut pas perdre Crosby pour rien, elle devra envisager de l’échanger cet été.

Pas à une équipe de fond de classement.

Mais à une équipe jeune, rapide, bien dirigée, et qui rêve de frapper un coup de circuit.

Imaginez Crosby avec Demidov. Un alignement soudainement sérieux. Une équipe dangereuse. Une organisation respectée.

Crosby serait adulé à Montréal. Il vivrait son dernier chapitre dans la ville qui l’a vu grandir, indirectement, via Rimouski. Il terminerait sa carrière là où Maurice Richard et Jean Béliveau ont écrit l’histoire.

Et Montréal redeviendrait enfin… le centre du monde du hockey.

Kent Hughes n’a plus le choix

Avec la déconfiture à venir sur le marché des agents libres – Brock Nelson à Colorado, Aaron Ekblad attendu à Dallas, Sam Bennett hors de prix qui va rester en Floride – Kent Hughes sait qu’il doit passer par le marché des transactions.

Et Sidney Crosby est là. À portée de main. Si l’offre est bonne. Si la vision est claire. Si l’appel est fait à Pat Brisson.

Avec les choix #16 et #17, avec des jeunes comme Joshua Roy, Jayden Struble, Logan Mailloux, le CH peut bâtir une offre. Il peut absorber le contrat. Il peut offrir un rôle de meneur à Crosby. Il peut le convaincre.

Il faut juste s'arranger pour ne pas sacrifier Michael Hage. 

Parce que cette fois, le timing est parfait.

La situation à Pittsburgh est une bombe à retardement. Si les Penguins annoncent une reconstruction officielle lors de la conférence de presse de Dan Muse, la pression sera immense sur Sidney Crosby.

Rester loyal… ou partir pour gagner une dernière fois.

Et s’il choisit de partir, une seule destination fait sens : Montréal.

C’est maintenant que ça se joue. C’est maintenant que Kent Hughes doit frapper. Sinon, quelqu’un d’autre le fera.

Parce que Sidney Crosby ne finira pas sa carrière dans une cave noire à Pittsburgh.

Il la finira là où la lumière brille encore.

Prions pour que ce soit Montréal.