Transaction Montréal-St-Louis: la Poche Bleue ouvre la porte

Transaction Montréal-St-Louis: la Poche Bleue ouvre la porte

Par David Garel le 2025-12-23

Depuis quelques semaines, une rumeur, revient avec insistance autour du Canadien de Montréal un bruit qui ne concerne ni un centre de transition ni un pari offensif, mais quelque chose de beaucoup plus fondamental: obtenir un vrai défenseur droitier de premier plan.

Et surtout, un défenseur droitier qui frappe. Car Noah Dobson est le défenseur le plus "soft" de la LNH et Alexandre Carrier n'est pas un poids lourd.

David Reinbacher est intouchable sur le marché des transactions, mais on veut le laisser à Laval jusqu'à la saison prochaine. Et encore là, on ne parle pas d'un défenseur qui fait peur physiquement.

On veut ajouter un vrai pilier défensif, un de ceux qui ne disparaissent pas trois semaines par mois à l’infirmerie et qui n’obligent pas un entraîneur à jongler chaque soir avec des pansements et des solutions temporaires.

Et ce bruit-là a pris une ampleur nouvelle lorsque Maxim Lapierre, en discussion publique, a mis un nom précis sur ce besoin criant : Colton Parayko.

Lapierre n’a pas lancé ça à la légère, ni dans un délire de radio d’été. Il a mis le doigt exactement là où ça fait mal à Montréal depuis trop longtemps : la fragilité chronique de la ligne bleue dès que le calendrier se durcit.

Un défenseur droitier de 6 pieds 6, 229 livres, capable d’absorber des minutes lourdes, de jouer méchant sans perdre sa structure, de lancer sur réception en avantage numérique et de rester disponible, année après année.

Pas un projet. Pas une expérience. Pas un « on verra ». Un stud, comme il l’a dit lui-même.

Ce qui rend le dossier fascinant, c’est qu’il ne sort pas de nulle part. Les relations entre le Canadien et les Blues de Saint-Louis sont toujours actives.

Depuis plusieurs saisons, le CH a régulièrement pris le téléphone pour sonder Saint-Louis, notamment lors des discussions entourant des défenseurs établis, et chaque fois, le même mur s’est dressé : Parayko n’était pas disponible.

Même dans les négociations pour la transaction Zachary Bolduc vs Logan Mailloux, Kent Hughes s'était informé de sa disponibilité.

Pas négociable. Intouchable. Le genre de joueur qu’une organisation garde même quand tout brûle autour.

Or, le contexte change. À Saint-Louis, le mot « vente de feu » circule de plus en plus ouvertement. Pas une reconstruction annoncée à grand renfort de communiqués, mais une réévaluation froide d’un noyau qui n’a plus la même fenêtre.

Parayko a maintenant 32 ans. Il lui reste encore plusieurs saisons à son contrat, signé à 8 ans pour 52 millions, soit un impact salarial de 6,5 millions par année jusqu’en 2029-2030.

Avec le plafond salarial qui monte, ce contrat, autrefois perçu comme lourd, devient soudainement gérable, surtout pour une équipe qui n’est plus dans une phase de survie financière.

Et c’est là que Montréal entre dans l’équation avec une logique incroyable. Le Canadien accumule les défenseurs, oui, mais surtout les incertitudes.

Kaiden Guhle est talentueux, mais son historique de blessures inquiète. Jayden Struble est utile, mais on parle d'un défenseur de soutien, voire un défenseur réserviste.

Arber Xhekaj est unique en son genre, mais on parle encore d'un défenseur de soutien.

Adam Engström progresse à vue d’œil, mais il reste jeune. Lane Hutson est un joyau offensif, mais il aura toujours besoin d’un garde-du-corps structuré à ses côtés. Noah Dobson est excellent, mais est mou et a peur de se casser un ongle.

Alexandre Carrier est intelligent et mobile, mais il n’est pas dans la même catégorie physique qu’un Parayko.

C’est exactement ce que Lapierre a illustré en imaginant Hutson à côté d’un colosse droitier capable de faire de la place, de calmer le jeu, d’imposer le respect à la ligne bleue et de libérer le talent autour de lui.

Dans une ligue où les séries se gagnent encore dans les coins de patinoire, ce genre de duo change complètement la géographie d’un match. Ce n’est pas une amélioration marginale. C’est un changement d’identité.

Évidemment, rien de tout ça ne vient sans un prix. Et c’est là que le débat devient inconfortable, mais nécessaire. Lapierre l’a dit sans détour : ça coûterait cher. Très cher.

Un joueur comme Guhle ferait partie de la discussion, surtout que les Blues sont en amour avec lui. Et le CH ne veut pas le sacrifier.

Pourrait-on sacrifier Adam Engström et un choix de 1re ronde?

Clairement le CH va tenter de passer Jayden Struble avant Engström.

Kent Hughes va même tenter de passer Arber Xhekaj, malgré sa popularité chez le public, avant Engströn. Car si le géant Parayko débarque à Montréal, plus besoin du shérif.

Ce ne serait pas un échange « de profondeur », mais un vrai pari stratégique. Sacrifier de la jeunesse pour le présent.

La question n’est donc pas de savoir si Parayko vaut son salaire ou ses statistiques, mais si le Canadien est prêt à changer la nature de son risque.

Car c’est bien de ça qu’il s’agit. Aujourd’hui, Montréal vit avec plusieurs défenseurs talentueux. Mais en ajoutant Parayko, le risque devient concentré : tu investis lourdement dans un joueur plus âgé, mais tu solidifies immédiatement impact immédiat pour les séruies.

Il ne faut pas non plus ignorer la dimension psychologique. Dans un vestiaire jeune, l’arrivée d’un défenseur de ce calibre envoie un message clair : on ne se contente plus de « développer », on commence à protéger ce qu’on développe. Pour des joueurs comme Hutson, Demidov ou même Dobson, qui a peur de son ombre, c’est une assurance. Pour l’adversaire, c’est un avertissement.

Reste la grande inconnue : Saint-Louis acceptera-t-il vraiment de tourner la page sur Parayko ? Et si oui, pourquoi Montréal ?

C’est là que l’historique discret, mais persistant, des discussions entre Kent Hughes, Jeff Gorton et leurs homologues des Blues prend tout son sens.

Le CH a des actifs. Le CH a de la flexibilité salariale. Le CH a surtout une urgence structurelle que Saint-Louis pourrait exploiter pour maximiser le retour sur un joueur qui, aussi bon soit-il, n’est plus aligné sur leur timeline.

Ce dossier-là n’est pas pour demain matin. Il n’est peut-être même pas pour cet hiver. Mais il est réel. Il circule. Il se discute. Et surtout, il révèle quelque chose de fondamental : le Canadien n’est plus seulement à la recherche d’un deuxième centre ou d’un ajout cosmétique. Il commence à regarder sa ligne bleue et à se demander si elle est assez solide pour tenir quand les vraies tempêtes arriveront.

Si Colton Parayko devient réellement disponible, Montréal devra se poser une question simple, mais brutale : préfère-t-on continuer à espérer que tout le monde reste en santé, ou investir massivement pour ne plus dépendre de cet espoir ?

C’est là que les grandes organisations se distinguent. Et c’est là que ce dossier pourrait, silencieusement, devenir l’un des plus importants de la prochaine année pour le Canadien de Montréal.