Comme Victor Frankenstein : l’œuvre de Martin St-Louis prend vie sous les yeux de la LNH

Comme Victor Frankenstein : l’œuvre de Martin St-Louis prend vie sous les yeux de la LNH

Par André Soueidan le 2025-12-29

Parfois, le hockey ressemble moins à un sport qu’à une expérience de laboratoire.

Des essais, des erreurs, des ajustements, des ratés visibles… jusqu’au moment où tout clique en même temps.

Comme Victor Frankenstein, Martin St-Louis a passé des mois à assembler, tester, corriger.

Et là, sous les yeux de la LNH, son œuvre vient de prendre vie.

Ce qui s’est passé contre le Lightning de Tampa Bay n’a rien d’anodin.

Mené 3-0, puis 4-1, le Canadien ne revient pas dans ce match-là sans Juraj Slafkovský.

Pas avec cette intensité-là. Pas avec cette domination-là.

Quand le CH a appuyé sur l’accélérateur, c’est lui qui tenait le volant.

Rondelle collée au bâton, entrées de zone en puissance, jeux intelligents sous pression, présence physique qui change l’équilibre de la glace.

Le genre de performance qui fait dire à l’adversaire : « OK, lui, c’est rendu un problème. »

Depuis quelques semaines, quelque chose a basculé.

Les chiffres le confirment, mais surtout, l’œil le voit.

Treize buts, quinze passes, vingt-huit points en trente-huit matchs, après un début de saison où le rythme pointait dangereusement vers une projection de 35 points.

Quatre derniers matchs : huit points.

La machine est officiellement en marche. Et ce qui est frappant, c’est que ce réveil arrive avec moins de temps de glace, autour de 17:54 par match. Moins de volume, plus d’impact. C’est rarement un hasard.

Après la rencontre, Martin St-Louis a mis des mots très précis sur ce que tout le monde commençait à ressentir. « La game a ralenti pour lui », a-t-il expliqué.

Pas une phrase en l’air.

Une lecture d’entraîneur qui sait exactement ce que ça veut dire.

Des lectures plus claires.

Des décisions plus rapides.

Un corps utilisé non plus comme une arme brute, mais comme un outil stratégique.

Slafkovský n’improvise plus. Il comprend.

Et c’est là que la comparaison avec Frankenstein devient fascinante.

La créature n’est pas née dominante. Elle a appris. Lentement.

Par observation, par essais, par erreurs.

Elle a développé une intelligence qui a fini par amplifier sa force physique.

Slafkovský est exactement dans cette phase.

La force a toujours été là. Le gabarit aussi.

Ce qui manquait, c’était le timing, la lecture, la compréhension du chaos de la LNH.

Aujourd’hui, tout ça commence à se synchroniser.

Dans cette évolution, un détail stratégique change complètement la dynamique : Slafkovský n’affronte plus systématiquement les meilleurs défenseurs adverses.

Cette tâche-là revient au trio Suzuki–Caufield.

Résultat? Les équipes doivent choisir.

Surveiller la ligne numéro un… ou contenir le monstre qui grandit sur la deuxième.

Et plus elles hésitent, plus le Canadien devient difficile à gérer.

Deux vagues offensives crédibles, ça transforme un club. Ça force les coachs adverses à sortir de leur zone de confort.

Les coéquipiers le sentent aussi.

Dans le vestiaire, le discours est clair. Slafkovský tient la rondelle, protège le jeu, crée du temps et de l’espace.

Lane Hutson l’a dit sans détour : ce n’est rien de nouveau, sauf que maintenant, l’exécution est à un niveau élite.

« Il est massif, fort sur la rondelle, et quand tu ajoutes la vision et les habiletés, c’est tough à gérer », a-t-il résumé.

En langage hockey : bonne chance.

Ce qui rend cette métamorphose encore plus inquiétante pour la ligue, c’est qu’on est loin du plafond.

Slafkovský commence à comprendre comment imposer son tempo.

Quand il allume complètement la machine, le rythme devient celui d’un joueur à un ou deux points par match.

Pas un complément. Pas un projet. Un moteur offensif.

Longtemps, le débat a tourné autour de la patience.

Trop lent, trop discret, trop irrégulier.... toujours sur le cul.

Aujourd’hui, la discussion change de ton.

La créature de St-Louis ne fait plus peur par ce qu’elle pourrait devenir.

Elle commence à faire peur par ce qu’elle est déjà.

Et comme dans toute bonne histoire de Frankenstein, le moment le plus troublant n’est pas la naissance… c’est celui où la création dépasse tranquillement les attentes de son créateur.

La LNH est prévenue. Le Canadien aussi.

Quand deux lignes fonctionnent et qu’un power forward commence à penser le jeu avant de l’écraser physiquement, l’équation devient dangereuse.

Très dangereuse.

Et ce n’est que le début.

À suivre...