Commotion à Brossard : Michael Hage expose la peur de Kent Hughes

Commotion à Brossard : Michael Hage expose la peur de Kent Hughes

Par André Soueidan le 2025-07-02

Michael Hage est trop poli. Trop bien élevé. Trop respectueux.

Mais ce matin à Brossard, entre deux phrases polies, un sourire calme et une posture parfaite, il a lancé une bombe qui aurait dû résonner jusqu’au bureau de Kent Hughes :

« J’essaie juste d’avoir une bonne année au Michigan. C’est là-dessus que je suis concentré. On verra ce qui arrivera ensuite. »

Un discours lisse? Peut-être. Mais derrière cette réponse se cache un malaise, un non-dit, une vérité qui dérange : pourquoi le Canadien accepte-t-il si facilement que son meilleur espoir au centre ne vise même pas à faire le club dès cette année?

Hage a tout ce qu’il faut pour bousculer l’organigramme. Et pourtant, on dirait qu’on l’encourage à prendre son temps. À ne pas déranger. À rentrer dans le moule. Hage aurait dû signer contrat d'entrée au lieu de revenir dans la NCAA.

« Je veux juste continuer à bâtir sur ce que j’ai fait cette année, me concentrer sur moi-même, continuer à m'améliorer. »

Cette phrase dit tout. Il ne parle pas de compétitionner pour un poste. Il ne parle pas de venir forcer la main de la direction. Il parle de se développer tranquillement. Et ça, dans le contexte actuel du Canadien, c’est troublant.

Parce que pendant que Hage parle de développement, le CH n’a toujours pas de deuxième centre.

Pendant que Hage s’imagine une autre année dans la NCAA, les partisans s’arrachent les cheveux à l’idée de voir Alex Newhook ou Jake Evans pivoter le deuxième trio.

Et pourtant, à le voir jouer à Brossard, on sait qu’il est déjà meilleur que plusieurs options internes.

« L’an dernier, c’était la première fois que je jouais une saison complète dans le hockey universitaire. J’ai adoré l’expérience. »

Oui, mais c’est fini le tourisme. T’es maintenant un choix de première ronde du CH. T’es maintenant le gars que tout le monde regarde. Le problème numéro un de l’équipe... le deuxième centre... c’est ton poste à gagner.

« J’ai trouvé que c’était vraiment plaisant de jouer dans ce genre d’environnement, et je pense que ça m’a beaucoup aidé. »

Parfait. T’es aidé. T’es prêt. T’es gros. Tu patines. Tu tires comme un pro. Viens au camp, défonce tout, puis impose-toi.

Mais non. On dirait que le message, c’est « Prends ton temps. »

« Cet été, j’ai mis l’accent sur ma vitesse et ma force physique. J’essaie toujours de gagner en rapidité, en explosivité, puis je sens que je progresse bien là-dedans. »

Et ça paraît. À Brossard, il était une coche au-dessus. Son tir, son relâchement, sa mobilité latérale… tout crie LNH.

Et pourtant, on le prépare pour une autre saison d’université.

C’est légitime, oui. Mais c’est aussi révélateur. Hage n’ose pas rêver tout haut.

Il ne veut pas provoquer la hiérarchie. Et c’est là qu’on sent la peur de Kent Hughes : la peur de brusquer le développement, la peur de reproduire les erreurs du passé.

« C’est vraiment plaisant de rencontrer d’autres gars ici. Je les regardais quand j’étais plus jeune. Et maintenant, j’ai la chance de partager la glace avec eux. »

Pas de doute : Hage a les pieds sur terre. Mais si on veut qu’il prenne son envol, il faudra qu’il arrête de se voir comme un enfant parmi les grands. Il est un des grands.

« J’essaie de rester calme. C’est excitant, mais je dois garder mon focus. »

Et on le respecte pour ça. Mais dans une organisation où l’urgence de performer grandit chaque jour, il faut plus qu’un bon soldat. Il faut un leader, un conquérant, un joueur qui dit : « Je suis prêt, maintenant. »

« Je pense que c’est juste une question de continuer à bâtir et garder le cap. »

Et pendant ce temps, Kent Hughes reste immobile. Il voit son deuxième centre potentiel se ranger sagement dans la file. Et il ne le pousse pas. Il l’encourage même.

Pourquoi? Parce qu’il a peur de le brûler? Parce qu’il se rappelle Juraj Slafkovsky? Jesperi Kotkaniemi? Peut-être.

Mais dans une LNH où les clubs gagnants sont ceux qui prennent des risques calculés, où les jeunes qui veulent dominer prennent les devants, le CH ne peut pas éternellement cacher ses talents.

« C’est ma deuxième fois ici, alors je sais un peu plus à quoi m’attendre. »

Exactement. Alors cette fois, viens prendre ce qui t’appartient. Ce poste-là, il est à toi. Ce trou-là, il crie ton nom. Et si tu ne le prends pas, qui le fera?

Michael Hage est peut-être trop respectueux pour le dire, mais nous, on va le faire à sa place : Kent, il est prêt.

Donne-lui une vraie chance. Pas juste un camp de développement. Donne-lui un vrai camp d’entraînement. Mets-le dans des vraies conditions. Et laisse-le te surprendre.

Parce qu’à Brossard, ce matin, on a vu un centre top-6. On a vu un gars qui pourrait, d’ici un an, relancer toute la hiérarchie du CH.

Et si Kent Hughes ne le voit pas encore… peut-être que la commotion, c’est lui qui va la subir.

Amen