Commotion à Montréal: Claude Giroux rend sa décision

Commotion à Montréal: Claude Giroux rend sa décision

Par Marc-André Dubois le 2025-06-29

C’était le plan A de Kent Hughes sur le marché des agents libres.

C'était la vision la plus crédible. L’option qui ralliait le vestiaire, les partisans et les dirigeants. Claude Giroux à Montréal, pour deux ans, pour encadrer Ivan Demidov, pour offrir une présence francophone dans un vestiaire jeune et instable. Mais c’est terminé.

Claude Giroux a choisi de rester à Ottawa.

Il a accepté une prolongation de contrat avec des bonis, dans une entente structurée autour de son rôle de leader. Montréal ne sera donc jamais la destination de Giroux.

Claude Giroux a signé à rabais, point final. Montréal lui aurait donné deux ans. Montréal aurait payé plus, avec moins de conditions. Mais malgré tout, le vétéran a choisi de rester à Ottawa, acceptant une prolongation d’un an à seulement 2 millions $ de salaire garanti, assortie d’un maximum de 2,75 millions $ en bonis de performance.

Un contrat qui reflète à la fois le côté "cheap" des Sénateurs et le désir absolu de Giroux de rester dans son “chez-soi d’adoption”, peu importe le prix.

Le détail du contrat est révélateur : 250 000 $ pour chaque 20, 30 et 60 matchs joués, 250 000 $ si Ottawa fait les séries et qu’il joue 50 matchs, puis une série de bonis liés aux performances éliminatoires: 500 000 $ pour une victoire en première ronde, 250 000 $ pour une en deuxième, et 500 000 $ pour la finale d’association, 500 000 $ pour une Coupe Stanley. 

Des bonis qu’il n’atteindra probablement jamais. Et surtout, des bonis conditionnels : il doit participer à 50 % des matchs en séries pour qu’ils soient versés. 

En somme, c’est le contrat le plus “team-friendly” signé par un vétéran de ce calibre depuis des années. Et pendant ce temps, à Montréal, on reste convaincu que Kent Hughes lui aurait offert deux ans, avec au moins 3 à 3,5 M$ garantis par saison. 

Ce n’est pas Giroux qui a rejeté Montréal. C’est Giroux qui a choisi le confort… et Ottawa qui a obtenu une aubaine.

Et dans le bureau de Kent Hughes, on doit se revirer de bord. Car le marché des centres se vide à vue d’œil.

Avec Matt Duchene qui a signé pour quatre ans à Dallas, John Tavares qui refuse de quitter Toronto, Sam Bennett qui reste en Floride à rabais (8 ans, 8 M$ par année), et maintenant Claude Giroux qui retourne à Ottawa, le marché des centres autonomes s’est effondré.

Il ne reste plus que deux noms sur la table : Mikael Granlund et Pius Suter.

Et soudainement, des joueurs qui étaient encore à peine visibles dans l’angle mort du marché deviennent essentiels pour la survie offensive du CH.

À 33 ans, Mikael Granlund a signé une renaissance spectaculaire à Dallas. 66 points en saison régulière entre San Jose et le Texas. 10 points en 18 matchs éliminatoires. Un tour du chapeau. Une polyvalence exemplaire. Un calme olympien. Un QI hockey supérieur.

Et surtout, un profil parfait pour Montréal.

Granlund, c’est le centre intelligent, discret, fiable, capable de jouer sur un deuxième ou un troisième trio. Il peut soutenir Suzuki, guider Ivan Demidov, et même stabiliser Patrik Laine si celui-ci est toujours dans les plans.

Il est responsable défensivement, habile en relance, excellent en avantage numérique et utilisable en désavantage. C’est exactement ce que recherche Hughes.

Et contrairement à d’autres options surpayées, Granlund coûterait entre 4,5 et 5,5 millions $ pour deux ou trois ans.Un pari raisonnable. Sans risque. Avec un potentiel de gros rendement immédiat.

Un trio Laine–Granlund–Demidov?

Ce qui semblait farfelu il y a un mois devient aujourd’hui l’objectif logique. Granlund au centre. Laine à gauche. Demidov à droite. Trois nationalités. Trois styles. Une seule mission : relancer le CH.

Avec un joueur comme Granlund pour stabiliser l’attaque, Suzuki pourrait respirer, et les jeunes ne seraient plus obligés de porter l’équipe à eux seuls. C’est une structure gagnante, dans un contexte économique raisonnable.

Et si Granlund échappe au CH?

C’est là que le nom de Pius Suter entre dans l’équation.

Suter n’est pas Granlund. Il n’a pas la même vision, le même niveau élite, ni le même historique. Mais il est efficace. Solide. Et productif. Il a inscrit 46 points la saison dernière avec les Canucks, dont 25 buts, en jouant de grosses minutes contre les meilleurs trios adverses.

C’est un centre two-way. Un joueur défensivement responsable, mais qui peut créer offensivement dans un bon système.

Il serait une bonne solution comme troisième centre capable de dépanner sur un top-6. Moins cher, moins risqué, mais aussi avec un plafond plus bas.

Le Suisse réclamerait un contrat de 4 à 4,5 millions $ par année, un prix jugé raisonnable par plusieurs dirigeants, surtout dans un marché où les options crédibles au centre fondent comme neige au soleil.

Pendant ce temps, le marché des transactions est devenu un terrain miné. Hughes le sait : tous les DG sentent qu’il est désespéré. Ils demandent Michael Hage, Logan Mailloux et/ou le choix de première ronde en 2026 en échange d’un simple deuxième centre.

Mais Hughes ne veut pas hypothéquer Hage, alors que Mailloux est clairement sur le marché. Mais cela ne sera pas assez pour aller chercher un 2e centre.

Anton Lundell? Intouchable.

Matty Beniers? Il coûte la lune

Michael Hage? L’avenir du CH. Intouchable.

Alors que reste-t-il? Mikael Granlund. Ou le vide.

« Tu veux pas payer un prix de fou pour un centre top-6 dans un échange? Tu veux pas overpayer Sam Bennett? Tu signes Granlund. » affirme Tony Marinaro

TVA Sports en a parlé. Les "insiders" commencent à réagir. Granlund n’est plus un nom sur la liste-B. C’est maintenant la cible numéro un.

Et dans un contexte où Dallas est étranglée par le plafond salarial, Granlund testera le marché.

Granlund était invisible en mars. Aujourd’hui, il est la seule bouée de sauvetage du CH.

Et Kent Hughes le sait. Il doit frapper vite. Il doit présenter un projet sérieux. Il doit vendre Montréal à Granlund comme un tremplin vers une dernière grande aventure.

Parce que si Granlund signe ailleurs, il ne restera que Suter...ou rien du tout (Kirby Dach).

Et le CH ne peut plus se permettre une autre saison sans vrai deuxième centre. Kirby Dach est un flop. Newhook, une déception. Pendant ce temps, Suzuki est brûlé.

Ce qui rend l’échec du dossier Claude Giroux encore plus amer, c’est tout ce qu’on avait osé espérer. Rappelons que l’ancien homme fort, André Roy, avait confié sur RDS avoir discuté avec un ami d’enfance très proche de Giroux, et que ce dernier lui avait dit clairement que jouer pour le Canadien de Montréal serait un rêve encore bien vivant.

Et maintenant que Giroux a finalement choisi de rester à Ottawa, c’est une véritable claque au visage pour ceux qui espéraient le voir finir sa carrière au Centre Bell. La déception est immense, précisément parce qu’il avait lui-même laissé entrevoir une autre fin possible.

Claude Giroux dit non. Kent Hughes doit dire oui à Granlund...ou Suter..

Hughes n’a plus d’excuse. Plus de plan B. Plus de luxe de patienter.

Parce que la prochaine occasion de bâtir une ligne de centre crédible pourrait ne pas revenir avant longtemps.