C’est un véritable coup de massue pour tout le Québec.
Un choc brutal. Une déception nationale. Alors que toute la province rêvait à un retour glorieux de Jonathan Toews sous les couleurs du Canadien de Montréal, le réputé informateur Darren Dreger a jeté un froid glacial sur ce rêve collectif.
Selon ses informations révélées à TSN 1050, les quatre finalistes dans le dossier Toews sont désormais connus : Winnipeg, Colorado, Toronto et Tampa Bay. Montréal? Rejeté. Rayé de la carte. Ignoré.
Ce n’est pas seulement une organisation qui se fait rejeter ici. C’est un peuple. C’est une culture. C’est une province entière qui y voyait là une forme de rédemption, une bouée d’émotion après des années de reconstructions interminables.
Jonathan Toews, avec sa mère originaire de Sainte-Marie en Beauce, son français plus que fonctionnel, et sa carrure de leader tranquille, était l’incarnation parfaite du chaînon manquant.
Il aurait pu devenir le grand frère d’Ivan Demidov, l’éclaireur d’Owen Beck, le mentor silencieux de Juraj Slafkovsky. Il aurait pu transformer le vestiaire du Canadien par sa seule présence. Mais non. Il a dit non.
La décision fait mal. D’autant plus qu’elle survient alors que Martin St-Louis aurait été le coach idéal pour lui. Les deux hommes partagent une vision du jeu fondée sur l’intuition, la responsabilisation, le respect du joueur et l’éthique de travail.
Toews, qui a passé les deux dernières années à se reconstruire physiquement et mentalement après des années d’enfer liées à la COVID longue et au syndrome inflammatoire chronique, avait besoin d’un encadrement humain, authentique. Montréal lui offrait cela sur un plateau d’argent. Il a dit non.
La pression. C’est ce que certains avancent en coulisses. Trop de projecteurs. Trop d’attentes. Trop d’intensité. Trop de rêves à gérer.
Ouin. Si tel est le cas, pourquoi considère-t-il Toronto? Peut-être car l'intensité médiatique se fait seulement en anglais et non de façon bilingue. On doit avouer que pour les joueurs qui parlent français, Montréal est une différente bête, surtout pour un gars qui est parti en Inde pour se ressourcer.
Mais est-ce vraiment une raison valable pour quelqu’un qui a été capitaine des Blackhawks pendant 15 saisons, soulevé trois Coupes Stanley, deux médailles d’or olympiques et qui a joué sous la loupe de Chicago toute sa carrière?
Peut-être que oui. Car Toews, dans ses récentes déclarations, a souvent parlé de sa volonté de "retrouver le plaisir de jouer", de "jouer pour le fun", et de ne plus porter une équipe sur ses épaules.
Et à Montréal, que le veuille ou non, il aurait été celui qui incarne l’espoir. Celui qu’on regarde. Celui dont on attend les miracles silencieux.
Toews a donc choisi de s’orienter vers des destinations plus familières, plus tranquilles, ou plus structurées. Winnipeg, sa ville natale, lui offrirait la réconciliation.
Le Colorado, un groupe de champions bien huilés, pourrait lui offrir la compétition sans responsabilité excessive. Tampa Bay, grâce à son climat, son groupe expérimenté et son système stable, demeure un environnement idéal pour un retour progressif.
Et Toronto, enfin, présente une alternative plus mûrie de talent, mais avec un risque de pression similaire à Montréal, bien que plus "corporate" dans son approche. En bon québécois, un environnement moins "colon".
Avant même de prendre sa décision de revemir, Jonathan Toews avait amorcé une quête personnelle loin des arénas et des caméras.
Il a passé plusieurs mois au Costa Rica, à surfer, méditer et reconstruire son lien avec son corps, brisé par la maladie.
Puis, il a poursuivi sa route en Inde, où il a entamé ce qu’il a lui-même appelé un « chemin de guérison spirituelle ».
Ces voyages l’ont transformé. Il a redécouvert la joie simple de l’instant présent, loin de la pression des attentes médiatiques. C’est là-bas, entre deux vagues et deux temples, que Toews a compris qu’il ne voulait plus être un sauveur. Juste un joueur. Juste un homme en paix.
Voilà pourquoi il a dit non à Montréal.
Ce rejet, ce n’est pas simplement une décision sportive. C’est un symbole. Le refus de Toews de considérer le CH parmi ses options confirme que, pour certains grands noms, la destination québécoise n’a plus le pouvoir d’attraction qu’elle avait jadis. Trop de chaos. Trop d’instabilité. Trop d’histoires autour de l’équipe. Pas assez de garanties.
Ce rejet est d’autant plus douloureux que son propre entraîneur, Boris Dorozhenko, l’a publiquement confirmé : Jonathan Toews est prêt. Physiquement. Mentalement. Et selon lui, il aurait été parfait pour un marché comme Montréal.
« Il a le coup de patin d’un gagnant de trois coupes Stanley », a déclaré Dorozhenko à TVA Sports.
« Il a l’air d’un gars qui n’a jamais arrêté. C’est vraiment impressionnant. »
Pour un coach qui a vu passer Auston Matthews à l’âge de 6 ans et qui a bâti le système de développement mexicain à partir de rien, ce genre de déclaration veut tout dire.
Et le coach ajoute :
« Ces gars-là ont une mentalité différente. »
Montréal n’aurait pas eu à le former. Juste à le laisser être ce qu’il est déjà : un professionnel exemplaire. Un joueur en paix. Et un guide.
Le mix était parfait. Toews aurait joué un rôle secondaire, dans une ville qui l’aurait adulé. Il n’aurait pas eu à affronter la pression d’être le joueur de 60 points. Juste à être lui-même. À guider, à aider, à servir de pont entre deux générations. Mais il a dit non.
Darren Dreger a livré l’information comme une claque. Brutale. Sèche. Claire.
Montréal n’est pas dans le mix. Le coeur du Québec est brisé.
Peut-être est-il temps, justement, pour les journalistes sportifs du Québec de faire leur propre introspection. De se demander si leur intensité, leur passion, leur obsession du moindre geste, ne repoussent pas davantage qu’elles n’attirent.
Quand des joueurs comme Jonathan Toews, avec une mère québécoise et une culture francophone, refusent catégoriquement de s’associer à Montréal, il faut se poser des questions.
Trop de pression? Trop de micros? Trop d’interprétations? Ce n’est pas seulement l’équipe qui doit évoluer. C’est aussi l’écosystème médiatique qui l’entoure.
Parce qu’à force de scruter chaque respiration, on finit par étouffer ceux qu’on veut célébrer.