La honte continie à Pittsburgh, alors que Kyle Dubas collectionne les Québécois déchus et Raphaël Harvey-Pinard croit encore au Père Noël.
L’image est triste, mais remplie de courage. L’ancien petit guerrier du Canadien de Montréal, Raphaël Harvey-Pinard, qui a vu son rêve de LNH s’effondrer dans un silence cruel à Laval, refuse de tourner la page.
À 26 ans, malgré une saison cauchemardesque et une série de blessures qui ont vidé son réservoir d’énergie, Harvey-Pinard croit encore qu’il peut percer un alignement de la LNH. Et quelle équipe choisit-il pour y arriver? Les Penguins de Pittsburgh.
Oui, les Penguins. L’une des équipes les plus dysfonctionnelles du circuit, dirigée par un DG qui a littéralement perdu le nord.
Kyle Dubas n’essaie plus de rebâtir, il recycle. Il ramasse tout ce que les autres équipes jettent. Et dans ce grand ménage de garage, deux Québécois « finis » viennent de trouver refuge : Anthony Mantha… et Raphaël Harvey-Pinard.
Le refuge des oubliés...
Commençons par les faits : Harvey-Pinard a signé un contrat d’un an à deux volets avec les Penguins. Il empochera 775 000 dollars par année dans la LNH; toutefois et une somme astronomique de 525 000 $ dans la ligue américaine. Il se joindra ainsi à l’équipe de Sidney Crosby, qui avait aussi embauché Anthony Mantha sur le marché de l’autonomie.
Autrement dit : un pacte qui garantit 525 000 dollars. Pas de place assurée dans la LNH. Pas de salaire garanti. Juste une autre chance… sur la glace… ou dans le bus vers Wilkes-Barre.
Pendant ce temps, Anthony Mantha, l’autre Québécois largué par la LNH, a touché le gros lot : un an, 2,5 millions de dollars, avec 2 millions supplémentaires en bonis s’il reste en santé.
Parfait, voici la suite exacte à partir de :
On parle ici d’un ailier qui a littéralement traversé les dernières années comme un fantôme. Anthony Mantha, ce colosse aux mains douces et au cœur tiède, n’a plus rien d’un joueur d’impact.
Depuis cinq ans, son nom est devenu synonyme d’espoir déçu, de projet abandonné. Il n’a pas inscrit plus de 20 buts en une saison depuis l’ère pré-COVID, et sa blessure au ligament croisé en novembre dernier, gracieuseté d’un solide contact d’Emil Heineman, aurait pu être le signal final.
Mais Kyle Dubas, dans sa grande sagesse, lui offre un dernier tour de piste. Et pas à rabais : 2,5 millions garantis, avec un potentiel de 2 millions supplémentaires si Mantha « reste en santé ».
C’est risible. Un joueur qui a totalisé 4 buts et 3 passes en 13 matchs l’an passé vient de décrocher une entente qui pourrait lui rapporter le grot lot. Du grand n’importe quoi.
Pendant ce temps, Dubas ramasse Harvey-Pinard. Gratuitement. Parce que Montréal ne lui a même pas offert une offre qualificative. Il ne valait rien, dans le langage administratif de la LNH. Rien. Et maintenant, il devient un atout potentiel sur le quatrième trio des Penguins?
Ce n’est plus un alignement de hockey, c’est la boutique des indésirables.
Sidney Crosby doit se demander ce qu’il a fait pour mériter ça.
Il avait exigé du renfort. Il obtient des naufragés. Il avait espéré une dernière danse. Il reçoit un enterrement de carrière.
Kyle Dubas lui avait promis un "retool". Il lui sert une reconstruction sauvage, à la tronçonneuse, sans anesthésie. Et le plus humiliant dans tout ça? C’est que tout le monde le voit. C’est flagrant. Dubas n’essaie même plus de sauver la face.
Il veut que Crosby demande lui-même à partir.
C’est presque pervers, comme stratégie.
Il bloque l’alignement avec des joueurs du fond de la Ligue américaine. Il sabote la compétitivité du club. Il donne des contrats à des Québécois rejetés. Tout ça pour pousser #87 dans ses derniers retranchements.
Et selon les rumeurs qui courent dans les coulisses, le plan fonctionne.
Sidney Crosby serait furieux. Pat Brisson, son agent, est déjà prêt à sonder quelques destinations. (Montréal, Colorado, Los Angeles). Montréal est sur cette courte liste. Et Dubas, lui, attend. Il attend que le capitaine vienne cogner à sa porte. Qu’il prononce les mots magiques :
« Je veux partir. »
Ce jour-là, Dubas n’aura pas besoin de justifications. Il dira simplement :
« On l’a fait pour lui. »
Mais ce n’est pas pour Crosby qu’il le fait. C’est pour lui-même. Pour effacer l’ombre du passé. Pour tourner la page sur une ère glorieuse qu’il n’a jamais bâtie.
Crosby est l’héritage de Rutherford et Shero.
Dubas, lui, veut ses gars. Ses projets. Ses expériences ratées. Comme Raphaël Harvey-Pinard.
Et pendant ce temps, Harvey-Pinard s’accroche.
Il refuse l’Europe. Pourtant, les offres viables n’étaient pas inexistantes. Mais lui veut encore croire. Malgré les blessures. Malgré la jambe fracassée dans une partie de balle molle. Malgré l’épaule qui ne tient plus. Malgré les 19 points en 40 matchs à Laval.
Il croit.
Mais croit-il à la bonne chose?
Parce qu’en ce moment, dans le vestiaire des Penguins, personne ne le voit comme un joueur de LNH. Pas même ses propres coéquipiers.
Il est là parce que le club a besoin de remplir des trous. Il est là parce que Kyle Dubas a besoin d’une stratégie pour faire craquer Crosby. Il est là pour donner l’illusion qu’il y a un plan.
Mais il n’y en a pas.
Et si Raphaël Harvey-Pinard avait écouté son entourage, il serait en Suisse aujourd’hui. À jouer dans une ligue où on lui aurait offert une voiture, un appartement, aucun impôt, un salaire net de 250 000 à 350 000 dollars, un mode de vie paisible, un avenir pour sa famille. À Genève, Fribourg, Lausanne ou Bienne.
Mais non.
Il a choisi Pittsburgh.
Une ville en décrépitude hockey. Un club en ruine. Une direction en panique. Et un avenir bouché. Simplement parce qu'il pense que c'est le meilleur endroit pour toucher à son rêve.
Est-ce qu’on peut lui en vouloir? Pas vraiment. Au contraire.
Harvey-Pinard a toujours été ainsi. Têtu. Fier. Habité d’une foi naïve mais admirable. Il a livré des pizzas pendant la pandémie pour survivre. Il a surmonté les refus, les blessures, les assignations. Il a gravi la montagne à mains nues. Et maintenant, il retombe, sans parachute, mais avec la même flamme dans les yeux.
Le problème, c’est que cette fois-ci… il n’y a plus de corde. Plus de main tendue. Plus de contrat garanti.
Ses 2,2 millions de dollars garantis de Montréal? Ils sont déjà presque tous partis. Après les impôts, les cotisations à l’agent, les dépenses d’entraînement, les assurances, le loyer à Laval et le coût de la vie au Québec… il lui reste quoi? Une leçon. Un rêve fracassé. Et une entente à deux volets avec un club qui ne gagnera pas 30 matchs.
Kyle Dubas, lui, ne s’en cache même plus. Il veut faire table rase.
Il veut se débarrasser de Letang, Karlsson, Malkin, Rakell… et possiblement, Sidney Crosby.
Et plus le monde regarde la situation, plus le lien avec Montréal devient évident.
Le CH a les choix 2026 et 2027. Le CH a les espoirs. Le CH a Pat Brisson. Le CH a le timing.
Et Crosby, lui, a compris.
Compris que cette signature de Harvey-Pinard, c’était une goutte de plus dans l’océan de l’humiliation.
Compris que si les Penguins offrent encore des contrats, ce n’est pas pour gagner.
C’est pour perdre. Perdre lentement. Perdre sans honneur. Perdre pendant qu’on encaisse encore quelques billets en vendant des chandails de Crosby.
Mais le #87 est plus grand que ça. Il ne terminera pas dans un cirque.
Il partira. Et si le CH est prêt, Montréal deviendra peut-être sa dernière grande scène.
Et Raphaël Harvey-Pinard, dans tout ça?
Il aura été un pion. Une anecdote. Le signal que tout était fini.
Et dans quelques mois, quand il comprendra que même Wilkes-Barre ne veut plus de lui, il prendra peut-être enfin l’appel d’un club de Suisse, d'Allemagne, de France, de Suède ou de Finlande.
Parce qu’en Amérique du Nord, son rêve est terminé. Il ne l'a juste pas encore compris.