Commotion à RDS: nos pensées sont avec Louis Jean

Commotion à RDS: nos pensées sont avec Louis Jean

Par David Garel le 2025-05-21

Il y a des nouvelles qui tombent comme des bombes. Et celle-là vient tout juste d’exploser sur les plateaux feutrés de RDS : Yanick Bouchard aurait évité le congédiement selon les informations de Maxime Truman.

Pas parce qu’il est innocent. Pas parce que son geste est excusable. Mais bien parce qu’il a su manoeuvrer à temps pour sauver sa peau.

Le stratagème est aussi simple qu’il est cynique : en démissionnant du 98.5 FM avant d’être officiellement congédié, Bouchard a évité de devenir une patate chaude radioactive pour RDS.

Car si Cogeco avait apposé noir sur blanc le mot « congédiement », le Réseau des sports aurait été obligé, pour l’image, pour l’éthique, pour la cohérence, de le congédier à son tour.

Mais comme la démission est venue en premier, même si elle était visiblement forcée, RDS garde les mains propres.

Pour l’instant. Et Yanick Bouchard, suspendu, mais toujours sur la feuille de paie, reste techniquement un employé du Réseau des sports. Et il sera de retour lundi à l'émission "Le 5 à 7".

C’est là toute l’absurdité de la chose. Un homme qui a envoyé un message odieux à une ministre en deuil, en mélangeant des mots comme « vulves » et « funérailles », en a rajouté avec une excuse encore plus ridicule — celle d’un mystérieux collègue ayant emprunté son téléphone —, et malgré tout, n’a pas encore été congédié. Il a quitté une antenne, oui. Mais il revient dans l'autre.

Et tout cela aurait peut-être été différent si, dès le jour un, Bouchard avait fait ce qu’il fallait : dire la vérité. Pas de détour. Pas d’invention. Pas d’histoire qu'un collègue a pris son téléphone à son insu. Juste un mea culpa clair, sincère, brut. Comme l’a fait Maripier Morin. Comme l’ont fait d’autres. C’est le mensonge qui l’a enfoncé chez Cogeco. 

Il aurait pu garder ses deux emplois s'il avait agi comme un homme.

Parce que le message était ignoble, mais les gens auraient peut-être pardonné. Ils auraient serré les dents, baissé les yeux, grogné de frustration.

Mais ils auraient compris que l’erreur existe. Ce qu’ils n’ont pas supporté, c’est le mensonge. Le refus d’assumer. Le réflexe du déni. La tentative pathétique de sauver la face avec une histoire invraisemblable qui insultait l’intelligence collective.

Et pendant ce temps, RDS refuse de le congédoer. Et RDS ne prend même pas la stratégie "On espère peut-être que l’été fera oublier le scandale", car Bouchard sera de retour lundi, 3 semaines avant la pause estivale.

Au moins, la rentrée ne viendra pas avec une mémoire collective un peu floue. Le Québec passera à autre chose. Reste à voir comment son retour se déroulera.

Le nom de Yanick Bouchard était devenu un malaise. Un mot qu’on évite. Un fantôme dans les corridors. Même les lapsus sont lourds : Denis Gauthier, croyant s’adresser à Frédéric Plante, l’a appelé « Yan » à l’antenne, et le plateau est devenu glacial. Plante, furieux, a figé. Tout le monde a senti la foudre.

Il sera intéressant de voir l'ambiance dans les studios de RDS lundi.

Et c’est là que l’ironie devient insupportable : pendant que Bouchard revient, Louis Jean, lui, est figé dans l’oubli.

Louis Jean, qui a payé le prix fort pour une affaire personnelle. Qui a été puni sans appel pour une relation intime avec une productrice de TVA Sports (elle-même toujours en poste), alors qu'elle était en couple avec son collègue.

Deux personnes impliquées, mais un seul condamné. Et même s’il s’est retiré dignement, même s’il n’a pas tenté de manipuler le public, même s’il a refusé les fausses excuses et les histoires tordues, on lui ferme toujours toutes les portes.

RDS? Fermé. Le 98.5 FM? Fermé, alors qu'on lui donne les miettes que personne ne veut. Même en pleine crise, même quand un poste est vacant, même quand la logique voudrait qu’on rappelle l’un des meilleurs communicateurs sportifs du Québec, on l’ignore.

Louis Jean n’a pas été accusé d’insultes. Il n’a pas menti. Il n’a pas enflammé les réseaux sociaux avec des phrases obscènes envoyées à une ministre. Il a simplement vécu une histoire humaine, imparfaite. Mais on le tient encore à distance comme un moins que rien.

Alors qu’on ménage Yanick Bouchard. Alors qu’on lui permet d’inventer. Qu’on lui laisse le bénéfice du doute. Qu’on l'accueille à nouveau, au lieu de le congédier.

Et pendant que RDS tente de naviguer cette crise avec des silences et des acrobaties de ressources humaines et  le public, lui, voit clair. 

Il voit les choix. Il comprend le deux poids, deux mesures. Il sentira le malaise dans chaque segment du 5 à 7. Il lira dans les silences de Frédéric Plante, dans les regards fuyants, dans les lapsus contrôlés.

Ce que vit RDS, ce n’est pas une simple controverse. C’est une crise de conscience. Un combat entre le confort des habitudes et le courage de la vérité. 

On ne peut pas prétendre défendre l’éthique et garder en poste, même en coulisses, un homme qui n’a jamais vraiment avoué.

Et pendant ce temps-là, Louis Jean regarde. Il ne parle pas. Il ne se plaint pas. Il reste digne. Mais il voit le poste qu’il aurait pu occuper. Il entend les micros qu’il aurait pu rallumer. Il entend les silences. Il comprend.

Et nous aussi. Nous comprenons que dans le monde médiatique québécois, ce n’est pas toujours la faute qui détermine le sort d’un homme. C’est la posture. Le réseau. Le timing. L’apparence. Et que parfois, même dans le scandale, on peut éviter la chute si on sait s’incliner juste à temps.

Mais ce que RDS oublie, c’est qu’il n’y a pas de retour sans vérité. Et tant que Yanick Bouchard ne dira pas clairement : « Oui, c’est moi. J’ai fait une faute. Je suis désolé. », il n’aura aucune légitimité à revenir.

Et tant que Louis Jean, lui, restera dans l’ombre malgré sa compétence, son expérience, et sa discrétion, ce réseau perdra un peu de sa crédibilité.

Alors que faire? Ce que tous les grands médias doivent faire dans un moment de crise : trancher. Réparer. Rééquilibrer.

Parce qu’au fond, ce n’est pas seulement une histoire de micro. C’est une question de justice. De vérité. Et de mémoire collective.

Lundi, Yanick Bouchard doit faire un homme de lui... et tout avouer...