Tourigny rajoute de l'huile sur le feu sur les ondes du 98,5 FM : Arber Xhekaj est désiré en Utah – et Montréal est en feu
On croyait que la saison du Canadien s’était conclue dans la douleur, entre frustration et résignation après l’élimination contre Washington.
On croyait que le dossier Arber Xhekaj allait tranquillement s’endormir jusqu’au repêchage ou au camp d’entraînement.
Mais voilà qu’André Tourigny, entraîneur-chef de la future franchise de l’Utah, vient de jeter un bidon d’essence sur les braises encore chaudes. Et pas n’importe comment.
Sur les ondes du 98,5 FM, Tourigny a lâché une bombe d’une précision chirurgicale, parfaitement consciente de son effet :
« Je trouve qu’il y a de la robustesse en séries et je pense que ça fait partie du hockey. Ça fait partie de ce que les gens aiment. Quand ils rentrent Xhekaj dans la formation à Montréal, la ville vire de bout en bout. »
Il n’y a rien d’anodin dans ces paroles. Ce n’est pas une simple déclaration de goût ou un commentaire général sur le style de jeu d’un défenseur robuste.
C’est une invitation. Un message codé à peine voilé : Arber, tu serais bienvenu chez nous. Ici, tu serais apprécié à ta juste valeur.
Et pour le Canadien de Montréal, c’est une déclaration de guerre douce mais directe.
Ce n’est un secret pour personne : Arber Xhekaj a été utilisé de manière honteuse par Martin St-Louis pendant les séries éliminatoires.
Pendant que les Capitals imposaient leur jeu physique, pendant que le CH se faisait bousculer dans les coins, pendant que les spectateurs criaient pour le retour du Shérif, Xhekaj restait cloué au banc ou dans les gradins. Une situation que plusieurs partisans – et désormais plusieurs organisations adverses – jugent incompréhensible.
André Tourigny n’a pas lancé son commentaire à l’aveuglette. Il savait que Montréal est à cran avec ce dossier. Il savait que les journalistes en parleraient. Il savait que les partisans, déjà frustrés de voir Xhekaj mal utilisé, allaient exploser d’indignation.
Et surtout, il savait que ce genre de déclaration publique serait entendu par Kent Hughes… et par Arber Xhekaj lui-même.
Surtout dans une ville qui s’enflamme quand il joue.
Le plus troublant, c’est que Tourigny dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas dans la LNH : quand Xhekaj est dans l’alignement, Montréal réagit. Pas juste le banc du CH ou l’adversaire. La ville entière. Il y a une tension dans l’air. Une attente. Une énergie unique.
C’est cette réaction populaire, presque maladive, que Tourigny valide. Il donne de la légitimité à l’impact culturel de Xhekaj. Et ce faisant, il envoie un message indirect mais clair comme de l'eau de roche : À Montréal, vous ne le valorisez pas. Chez nous, il serait une pierre angulaire.
Ce genre de support, venant d’un entraîneur-chef respecté, installe une dynamique explosive. Tourigny ne fait pas que s’informer. Il milite. Il ouvre la porte. Il donne même la clé.
Jusqu’ici, les équipes identifiées comme intéressées à Arber Xhekaj étaient déjà nombreuses : les Blackhawks de Chicago, les Flyers de Philadelphie, les Ducks d’Anaheim… toutes des équipes à la recherche de robustesse et de personnalité en défense.
Mais avec l’entrée officielle d’André Tourigny et de l’Utah dans la danse, on sent que le ton monte. On ne parle plus seulement d’équipes à la recherche d’un défenseur. On parle de formations qui font du style Xhekaj un pilier potentiel de leur identité.
Tourigny, qui aura carte blanche pour bâtir une nouvelle culture dans l’Ouest américain, veut des joueurs de caractère. Et il le dit sans filtre : « La robustesse, ça fait partie du hockey. C’est ce que les gens aiment. »
Xhekaj coche toutes les cases. Jeune, physique, spectaculaire, émotif. Il incarne exactement ce que les partisans de l’Utah voudront voir dans une équipe qui devra rapidement s’imposer dans un marché nouveau.
La fracture irréversible avec le CH ?
Ce que cette déclaration rend encore plus clair, c’est à quel point le fossé s’est creusé entre Xhekaj et le Canadien. À Montréal, il est perçu comme un 6e ou 7e défenseur de profondeur.
À l’extérieur ? Comme un électrochoc de passion. Un joueur qui peut renverser un match, ou du moins, une ambiance.
Le paradoxe est cruel : plus le Canadien ignore Xhekaj, plus sa valeur augmente ailleurs.
Martin St-Louis, fidèle à sa philosophie de jeu de possession, semble incapable d’intégrer durablement un joueur comme Xhekaj dans son système.
Malgré les efforts du principal intéressé pour améliorer sa prise de décision, son positionnement et sa discipline, rien n’y fait. Il reste dans l’ombre.
Mais dans des clubs comme l’Utah, Chicago ou Philadelphie, c’est justement son profil brut et son énergie incontrôlée qui font sa valeur. Ce qu’on voit comme un problème à Montréal est perçu comme un atout partout ailleurs.
Si Xhekaj est si désiré, que fera Kent Hughes ? Le DG du Canadien devra trancher. Garder un joueur sous-utilisé et frustré ? Ou capitaliser sur sa popularité en échangeant un actif devenu encombrant dans son propre système ?
Rappelons que plusieurs de ces équipes intéressées – Utah, Chicago, Philadelphie – détiennent des choix élevés ou des jeunes joueurs intéressants. Une transaction incluant Xhekaj et d'autres éléments pourrait permettre au Canadien de s’approcher d’un autre centre top-6 ou d’un défenseur droitier. Tout dépend de l’évaluation de sa valeur et des éléments qui l'accompagnent.
Mais une chose est sûre : chaque minute où Xhekaj reste sur le banc alimente l’idée que son départ est inévitable. Et chaque déclaration publique comme celle de Tourigny rapproche ce scénario.
Quand André Tourigny affirme que la ville vire de bout en bout quand Xhekaj joue, il ne parle pas juste de Montréal. Il parle aussi de sa propre ville. De son propre futur vestiaire. Il parle de ce que lui, comme coach, valorise.
Et ça, c’est un contraste frappant avec la réalité montréalaise. Car en refusant d’assumer pleinement le rôle de Xhekaj, le Canadien ne perd pas seulement un joueur. Il perd un symbole. Un lien direct avec ses partisans.
Ce que Tourigny comprend – et que Martin St-Louis semble refuser de voir – c’est qu’un joueur comme Xhekaj, ce n’est pas juste une case sur une grille de profondeur. C’est une présence. Un mythe en devenir. Un joueur dont la légende naît d’abord dans les gradins, et non dans les tableaux d’analytique.
À force de le maltraiter, Montréal est en train de l’offrir sur un plateau d’argent à une équipe qui saura le mettre en valeur.
Et Utah, visiblement, est prête à le faire.