Commotion au gala des Gémeaux: Pierre-Karl Péladeau commet l'irréparable

Commotion au gala des Gémeaux: Pierre-Karl Péladeau commet l'irréparable

Par David Garel le 2025-06-19

Il y a des absences qui crient plus fort que des présences.

Cette année, TVA Sports a tout simplement choisi de ne pas participer au 40e Gala des prix Gémeaux. Pas de soumission, pas de nomination, pas de reconnaissance. Rien. Zéro.

Et le plus effrayant dans tout ça? C’est que cette décision, aussi incompréhensible que dramatique, aurait été motivée par une simple question de budget selon le journaliste Maxime Truman.

Alors que TVA Sports a brûlé près de 300 millions de dollars depuis sa création, voilà qu’on nous sert l’excuse que quelques centaines de dollars de frais d’inscription aux Gémeaux, c’était trop.

Il faut dire que participer aux Gémeaux, ce n’est pas gratuit. Il faut d’abord débourser pour l’adhésion annuelle à l’Académie (180 $), puis pour inscrire chaque émission au concours, un coût qui varie entre 180 $ et 1390 $ selon la catégorie.

Ajoutez à cela le prix des billets pour assister aux galas (entre 400 $ et 600 $ chacun), et même, dans certains cas, les frais de fabrication des trophées, facturés à 460 $ l’unité lorsque plusieurs membres d’une équipe veulent leur propre statuette.

Autrement dit, célébrer l’excellence coûte cher. Mais est-ce une raison suffisante pour fuir, surtout quand on prétend valoriser la production d’ici?

Mais que se passe-t-il derrière les murs de Québecor pour que le navire TVA Sports prenne feu en pleine mer… et que personne ne saute à l’eau?

Ce désistement des Gémeaux, en plein effondrement de l’engouement pour la télé québécoise, est une gifle. Un abandon retentissant. Un aveu de défaite.

Car soyons clairs : si TVA Sports ne s’est pas présenté, ce n’est pas seulement par manque d’argent. C’est par peur. Peur de perdre. Peur de l’humiliation. Peur de RDS. Peur de voir, noir sur blanc, que les amateurs préfèrent le réseau des sports.

Dans la catégorie des émissions sportives,RDS écrase la compétition avec plusieurs nominations : Le football de la NFL à RDSLe hockey des Canadiens à RDS, et la deuxième saison de Les Crinqués sont nominés.

À cela s’ajoutent les Jeux olympiques de Paris 2024, production de Radio-Canada Sports, qui fait rayonner le diffuseur public avec un contenu d’envergure internationale. L’émission Victorieux à deux de Productions J complète les finalistes. 

Avec des productions sportives aussi fortes du côté de RDS et de Radio-Canada (favori avec les Jeux Olympiques), la défaite était presque garantie pour TVA Sports, et ce, même avant l’ouverture des enveloppes.

Pendant ce temps, dans un autre coin de l’empire Quebecor, le succès de la télésérie Sorcières explose tout. 16 nominations aux Gémeaux. 

Une série adorée du public, acclamée par la critique, portée par des actrices de renom, dont Céline Bonnier. Une série qui, en toute logique, aurait dû trôner au sommet des priorités de la programmation.

Et pourtant, Québecor l’a annulée de façon honteuse, sans offrir de fin, sans avertissement. Pourquoi? Pour économiser. Pour faire de la place à… rien. Car pendant que les Sorcières volaient sur leur balai vers la gloire, TVA les a laissées s’écraser en pleine ascension. La série la plus aimée de l’année, sacrifiée.

Et pourquoi? Pour continuer de financer TVA Sports. Une chaîne que même ses créateurs semblent vouloir fuir. Une chaîne où aucun projet ne se distingue, où aucune production originale ne retient l’attention, et où les visages de vedettes déchues comme Jean-Charles Lajoie s’enfoncent dans la controverse, les cotes d'écoute désastreuses et l’isolement.

Pendant qu’on coupe dans la culture, qu’on sacrifie le patrimoine télévisuel québécois, TVA Sports continue de siphonner l’argent de l’empire Quebecor… sans résultats.

Et maintenant, ajoutons l’ingrédient final à ce cocktail explosif : les salaires. Pierre Karl Péladeau s’est versé en 2024 une rémunération dépassant 20 millions de dollars, alors que les autres dirigeants de Quebecor ont aussi encaissé des montants faramineux.

Pendant que des techniciens sont mis à pied, que les productions culturelles sont arrêtées, que les artistes québécois doivent supplier pour boucler leurs saisons, les patrons se payent des palaces à Paris, des hôtels cinq étoiles à New York, et des primes de performance pour des divisions en ruine.

On coupe Les Sorcières, mais on garde Jean-Charles Lajoie. On abandonne les Gémeaux, mais on continue d’injecter des millions dans une station sportive qui n’a jamais été rentable.

On justifie tout ça en invoquant la rigueur budgétaire. Et pendant ce temps, les artistes crient à l’injustice, les employés se taisent par peur, et le public assiste à l’effondrement en direct d’un empire devenu grotesque.

Soyons lucides : TVA Sports s’est expulsé lui-même du Gala des Gémeaux. Par orgueil. Par peur. Par aveuglement.

Ce n’est pas le jury qui l’a écarté. C’est la direction. Ce sont les grands stratèges de Quebecor, qui ont décidé que ça ne valait pas la peine. Que ça ne servait à rien. Que les efforts de leurs journalistes, leurs monteurs, leurs caméramans, ne méritaient pas la lumière des projecteurs.

C’est une claque dans la face à tous ceux qui se battent encore pour maintenir TVA Sports en vie. Et c’est surtout une annonce non officielle mais définitive : TVA Sports ne passera pas l’été 2026.

Car rappelons-le : le contrat de diffusion de la LNH prend fin à l’été 2026. Il ne sera pas renouvelé. Pas dans l’état actuel des choses. Pas avec les pertes financières sans fin. Pas avec des actionnaires qui, désormais, souhaitent sa fermeture pour faire grimper le cours de l’action TVA. Le verdict est tombé. La sentence aussi. Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est une lente agonie maquillée en programmation.

L’ironie ultime ? Quebecor-TVA domine les Gémeaux avec ses productions dramatiques. Le réseau explose en qualité et en créativité. Des séries comme IndéfendableIXE-13, Le temps des framboisesSociété distincte… toutes acclamées. Toutes produites par les artisans de TVA.

Et pourtant, c’est TVA Sports qui absorbe le peu d’oxygène qu’il reste. On empêche les créateurs de créer, les sorcières de voler, pour subventionner la machine sportive rouillée. Un choix de gestion aussi honteux que catastrophique.

Dans le milieu artistique, la colère gronde. Car chacun comprend ce que cela signifie. Les artisans de la télé se battent avec passion pour des budgets réduits, pendant que TVA Sports boit du champagne sur le Titanic. L’impression est réelle, palpable : le sport tue la culture, et Québecor en est l’assassin désigné.

En refusant de se présenter aux Gémeaux, TVA Sports a signé son propre avis de décès. Ce n’est pas une question de budget. C’est une question de valeur. On ne veut plus de vous. Ni dans les cérémonies, ni dans les audiences, ni dans les plans d’affaires.

C’est une vérité brutale, mais nécessaire. Il aurait fallu du courage pour affronter la compétition. Il aurait fallu de l’humilité pour reconnaître ses erreurs. Il aurait fallu du respect pour honorer le travail de ses artisans.

Au lieu de cela, on a choisi le silence. Et dans ce silence, c’est tout le Québec télévisuel qui entend la fin approcher. Pour Les Sorcières, pour les artisans, pour TVA Sports, pour Québecor lui-même.

Et peut-être, dans quelques mois, dans quelques Gémeaux, on regardera cette absence comme un tournant historique.

Le jour où TVA Sports a admis, sans le dire, que le rideau venait de tomber.