Commotion au marché Jean-Talon: Valérie Plante escortée par des gardes du corps

Commotion au marché Jean-Talon: Valérie Plante escortée par des gardes du corps

Par David Garel le 2025-06-22

C’est une image digne d’un sommet du G7 ou d’un concert de Taylor Swift.

Une demi-douzaine de policiers, des gardes du corps, des regards nerveux, des bousculades de citoyens surpris et tendus.

Pourtant, ce n’était ni une rockstar, ni une chef d’État, ni même une ministre en fonction. C’était Valérie Plante. Une mairesse en fin de règne, discréditée, qui tentait désespérément de sauver ce qui reste de son image, à coups de mise en scène malhabile et surtout...d'une entrevue honteuse qui passera à l'histoire.

La scène se passait au marché Jean-Talon. Lieu populaire, lieu symbolique. Mais ce n’est pas l’odeur des fraises du Québec ni la fraîcheur des légumes qui dominait l’air ambiant. Non.

C’était l’irritation. La colère. La stupeur. Car Valérie Plante, flanquée de sa garde rapprochée, y faisait une tournée aussi choregraphiée que dérangeante.

Escortée comme une vedette menacée, elle s’est installée pour une entrevue exclusive avec La Presse. Une entrevue qu’on pourrait résumer ainsi : glorification malaisante d’un règne qui s’effondre.

Une sécurité surréaliste… pour une élue désavouée..

Comment expliquer cette démonstration musclée de sécurité autour d’une mairesse municipale, censée représenter le peuple?

Pourquoi cette armée de policiers? Parce que, soyons honnêtes, Valérie Plante est aujourd’hui l’élue la plus haïe de la métropole.

Et la Ville le sait. Chaque apparition publique de la mairesse entraîne désormais des commentaires cinglants, des huées, des citoyens furieux qui veulent des réponses sur les taxes, la saleté, les chantiers, la criminalité, ses pistes cyclabes qui valent des centaines de millions de dollars alors que les gens ont de la misère à se loger.

C’est donc dans cette atmosphère tendue qu’on a vu Plante entourée de gardes du corps pour une simple entrevue avec la journaliste Isabelle Hachey.

Comme si elle était menacée. En vérité, elle l’est : pas physiquement, mais politiquement. Elle fuit les questions, elle fuit les journalistes indépendants, elle fuit les débats publics. Elle ne se montre que dans des contextes parfaitement contrôlés, avec des journalistes acquis à sa cause.

La Presse est aussi coupable, complice jusqu’à la dernière page.

Car cette entrevue, soyons francs, était une gifle à l’intelligence des Montréalais. La Presse, financée directement par l’argent public, a signé un papier pro-Plante indécent.

On y lit que Valérie Plante est acclamée, saluée, adorée. Un vendeur lui offre une pomme. Un passant veut une photo. Un autre s’émerveille de la rencontrer.

« Des fois, tu as les cheveux tout croches, peut-être que tu viens de te chicaner avec ton chum ou que tu es de mauvaise humeur, puis tu t’en vas chercher ta pinte de lait au dépanneur et tu rencontres du monde. »

Voilà comment Valérie Plante décrit son quotidien à la journaliste Isabelle Hachey. comme si elle se faisait demander des autographes et des photos à chaque fois qu'elle sort de chez elle.

Une anecdote présentée comme un fardeau de la célébrité, mais qui, dans le contexte actuel, a fait lever bien des sourcils.

Ce n’est pas une actrice hollywoodienne. Ce n’est pas Céline Dion. C’est la pire mairesse de l'histoire de Montréal. Et la voir ainsi se comparer à une star constamment assaillie par des admirateurs ajoute une couche d’arrogance à une image déjà entachée.

Et ce malaise était omniprésent dans le ton de l’entrevue. La journaliste a décrit la mairesse comme si elle entrevoyait en elle une figure mythique, une rockstar politique. 

Mais le moment le plus troublant de cette mise en scène reste sans doute la présence massive des forces de l’ordre.

Une demi-douzaine de policiers et de gardes du corps postés autour d’une table à pique-nique, en plein marché Jean-Talon, juste pour protéger une mairesse qui, officiellement, vient saluer les Montréalais.

L’image est puissante. Et dérangeante. Parce qu’elle cristallise la rupture totale entre Valérie Plante et les citoyens qu’elle est censée représenter. Elle ne se promène plus. Elle se fait escorter. Elle ne rencontre plus le peuple. Elle est protégée du peuple.

La mise en scène est d’autant plus choquante que La Presse tente de la transformer en glorification. On veut nous faire croire que la foule était en liesse. Que les marchands s’extasiaient. Que les citoyens s’agglutinaient autour d’elle comme devant une idole.

Mais sur le terrain, ce n’est pas de la ferveur qu’on sentait : c’était de l’incompréhension. Du malaise. De la gêne. Voir une élue municipale encadrée par des policiers pour une simple entrevue publique est un aveu d’échec. Le peuple ne l’applaudit plus. Le peuple s’en méfie.

Ce portrait féérique contredit totalement la réalité. La colère populaire est énorme.. Les commentaires sous les publications de la Ville sont si enflammés que les réseaux sociaux de la mairesse ont dû désactiver les commentaires.

Mais dans La Presse, tout baigne. On nous parle de sa robe blanche, de ses cheveux noués, de son sourire, de ses souvenirs d’ancienne vendeuse au marché Jean-Talon. Une héroïne, dit-on. Une légende vivante.

Une blague. Une vénération médiatique grotesque, déplacée, qui contraste violemment avec le sentiment généralisé de rejet et de désillusion dans la population.

Valérie Plante ne part pas au sommet, comme on veut nous le faire croire. Elle quitte une mairie en ruines avec un taux de satisfaction en chute libre.

Depuis l’annonce de son retrait en octobre, elle a raté 15 des 29 réunions du comité exécutif, son propre conseil des ministres municipal.

La moitié. Et même lorsqu’elle y était présente, plusieurs élus et fonctionnaires l’ont décrite comme « déconnectée », absorbée par son téléphone, absente mentalement, incapable de suivre les discussions.

Elle touche pourtant 207 000 dollars par année, payés par les citoyens. Cela équivaut à près de 17 000 dollars par mois. Si elle ne se présente qu’à la moitié des réunions, ne devrait-elle pas en rembourser la moitié? Une somme de plus de 100 000 $ pourrait logiquement être réclamée.

Elle s’absente, elle ne répond plus, elle ne dirige plus. Mais elle encaisse, elle consomme, elle se protège, et elle parade comme si de rien n’était.

Rappelons qu’au plus fort d’une tempête de neige historique qui a paralysé la métropole, Valérie Plante était… en Colombie. Non, pas pour représenter la ville. Pour une mission touristique et diplomatique, certes, mais surtout pour visiter des parcs et publier des vidéos ensoleillées alors que Montréal suffoquait sous 72 centimètres de neige.

La vidéo, jugée insultante par des milliers d’internautes, a été rapidement supprimée. Trop tard.

On se souvient aussi de son escapade en Autriche, à Vienne, où elle a facturé huit bouteilles de vin aux citoyens de Montréal. Une facture de plus de 500 dollars pour un souper bien arrosé, en compagnie de promoteurs immobiliers.

Une dérive qui a provoqué l’indignation, et une excuse embarrassée de la mairesse. « Erreur de bonne foi », disait-elle. Mais la répétition de ces erreurs indique autre chose : un mépris systématique.

Pendant que la mairesse joue les héroïnes dans La Presse, les services municipaux s’écroulent. Le métro est en crise, les rues sont défoncées, les déchets s’empilent, la STM réclame plus de ressources, les cols bleus dénoncent un manque de direction.

La mairesse est invisible lors des grèves, muette pendant les épisodes de smog, silencieuse devant les médias qui osent poser des vraies questions.

Les hausses de taxes, les tarifs de stationnement faramineux, les tickets à n'en plus finir, tout cela sert à payer quoi? Son salaire? Ses voyages? Ses gardes du corps?

On parle d'une rockstar protégée de la réalité

Voir Valérie Plante au marché Jean-Talon, avec ses policiers et ses gardes du corps, c’est comme voir une chanteuse pop sous escorte après un scandale.

Sauf qu’ici, l’artiste n’a plus de succès. Elle est huée hors de scène. Et c’est ce qui rend la scène encore plus choquante.

Certes, on peut comprendre que la sécurité soit renforcée. Les menaces sont réelles. Mais ce n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat direct de la fracture qu’elle a elle-même créée avec les citoyens.

En refusant de rendre les comptes sur ses dépenses, en refusant de remboursant l'argent qu'elle a encaissé des citoyens sans remplir son devoir de mairesse. En gouvernant par idéologie. En méprisant les préoccupations quotidiennes des Montréalais. Elle a alimenté la colère. Et maintenant, elle récolte la peur.

Pendant ce temps, les médias traditionnels sont ses fidèles serviteurs

Patrick Lagacé au 98,5 FM a offert à la mairesse une tribune douce, léchée, sans une once de critique.

« Vous avez les deux mains sur le volant », lui a-t-il soufflé, comme pour mieux répéter son slogan. Mario Dumont a été tout aussi complaisant. Rien sur ses absences. Rien sur son train de vie. Rien sur sa gouvernance déconnectée.

Le peuple, lui, n’a pas oublié.

Valérie Plante veut partir libre, forte, intacte. Elle rêve d’un chapitre glorieux dans les livres d’histoire. Mais l’histoire ne s’écrit pas dans les pages de La Presse.

Elle s’écrit dans les rues défoncées de Montréal, dans les sacs de poubelle empilés, dans les arrêts de bus désertés et les citoyens furieux. Elle s’écrit dans les files d’attente pour des logements sociaux qui n’existent pas.

Elle s’écrit surtout dans les silences. Ceux d’une mairesse qui n’est plus là.

Et si vraiment elle veut partir proprement, qu’elle le fasse en laissant un chèque : 100 000 dollars pour service non rendu. Une facture symbolique. Une dette morale.

Parce qu’à la fin, malgré les robes blanches, les sourires de façade et les entrevues scénarisées, les Montréalais n'ont pas de poignée dans le dos.

Et ils n’oublient pas.