C’est un nom que plus personne n’ose prononcer. Un prénom devenu tabou. Un mot qui, dès qu’il franchit la barrière des lèvres, déclenche malaises, tensions et regards fuyants.
Ce prénom, c’est « Yanick ». Ou plutôt... Yan...
Et au moment où Denis Gauthierl’a laissé échapper sur le plateau de RDS, un frisson glacé a parcouru le studio.
« Bon, alors Yan… Fréd, pardon », a-t-il lancé, en parlant à Frédéric Plante. Un lapsus? Peut-être. Mais un lapsus qui a créé une véritable commotion dans le studio:
@michaellachance71♬ original sound - michaellachance71
Un dérapage verbal qui en a dit long sur le poids du silence, sur le fantôme de Yanick Bouchard, suspendu de ses fonctions à RDS, écarté définitivement du 98.5 FM, mais encore trop présent dans les mémoires.
Le malaise a été instantané. Frédéric Plante a figé. Les traits se sont durcis. Aucun sourire. Aucun mot. Juste un regard noir, presque furieux.
La tension était palpable. Denis Gauthier, visiblement gêné, a poursuivi comme si de rien n’était, mais tout le monde avait senti le choc.
Le plateau n’était plus un lieu de discussion sportive. C’était devenu une scène de théâtre inconfortable où les non-dits hurlaient plus fort que tout.
Depuis le scandale de la ministre Caroline Proulx, le nom de Yanick Bouchard est interdit de séjour à RDS. Il n’y a pas eu de communiqué officiel de Bell. Pas de condamnation. Pas d’annonce claire sur son avenir.
Seulement un long silence et une disparition progressive des ondes. Et maintenant, chaque mention involontaire de son prénom agit comme un malaise ambulant dans un studio où la tension est déjà à son comble.
D’autant plus que les propos tenus par Yanick Bouchard étaient inacceptables. Le message publié sur le compte Instagram de la ministre Caroline Proulx — « Deux vulves aux funérailles » — est devenu un marqueur de chute.
Une phrase ignoble, transmise selon lui par erreur, qu’il a tenté de justifier d’abord en parlant d’un collègue qui aurait emprunté son téléphone. Avant, plus tard, de s’excuser publiquement, d’assumer, et de démissionner du 98.5 FM. Mais le mal était fait. Et à RDS, ce message continue de résonner comme un coup de tonnerre.
Frédéric Plante, l’homme fort du 5 à 7, ne veut surtout pas être associé à Bouchard. Ils ont longtemps partagé l’antenne, la complicité, les matchs de hockey, les échanges à la télé.
Mais aujourd’hui, cette association est toxique. Plante fait tout pour se distancier. Sa colère au moment du lapsus de Gauthier en disait long : l’ère Bouchard est terminée et il n’est pas question qu’elle laisse des traces sur sa réputation.
Et il faut le dire : ce n’est pas qu’une question d’image. Depuis des mois, il se murmurait dans les couloirs de RDS que la direction souhaitait recentrer l’émission Le 5 à 7 autour d’un seul animateur.
Des essais avaient été faits avec Jérémie Rainville, des tests avec segments plus courts. L’idée flottait déjà : réduire le duo à une seule voix.
Et dans cette course discrète au fauteuil unique, Frédéric Plante veut le poste. Entier. Exclusif. Définitif. Le scandale de Bouchard est venu comme une bombe… mais aussi comme une aubaine. Plante n’a pas l’intention de voir l’ancien coanimateur revenir s’asseoir à ses côtés. Il veut cette chaise. Et il l’a démontré sans équivoque.
Le pire dans tout ça, c’est que malgré sa disparition médiatique, Bouchard rôde encore. Il espère un retour. Il vise toujours sa place au 5 à 7.
Il n’a pas été congédié formellement de RDS. Il est suspendu. Et ça suffit pour faire planer le doute, pour entretenir une atmosphère d’incertitude insupportable sur le plateau. Chaque chronique, chaque échange est accompagné de cette question silencieuse : « Et s’il revenait? »
Pendant ce temps-là, au 98.5 FM, c’est Jérémie Rainville qui a hérité du poste. Pas Louis Jean. Pas celui qui aurait dû.
Louis Jean, malgré son immense talent et son expérience, reste sur les lignes de côté. Le même Louis Jean qu’on a écarté pour des raisons personnelles, qu’on a puni pour une histoire privée, qu’on garde encore à distance comme s’il avait la peste.
Et donc, le Québec se retrouve avec deux absents. Deux hommes effacés pour des raisons très différentes. L’un pour avoir insulté une femme en deuil. L’autre pour avoir vécu une relation extra-conjugale avec une collègue... qui était la blonde d'un autre collègue. Mais dans les deux cas, le résultat est le même : des micros en moins, des malaises en plus.
Ce que l’incident du « Yan… Frédéric » a révélé, c’est que RDS ne sait pas comment gérer ses fantômes. On cache. On évite. On espère que le temps effacera tout. Mais le temps ne guérit pas l’évitement. Il le rend plus visible. Et ce jour-là, sur le plateau, tout le monde a vu.
Gauthier, un ancien joueur devenu analyste, a fait ce que tout le monde redoute : il a cassé le mur du silence. Par accident, bien sûr.
Mais ce genre d’accident, dans une salle où tout le monde marche sur des œufs, est un électrochoc. Et Plante, en refusant le moindre sourire, en bloquant toute complicité, a envoyé un message : Yanick Bouchard n’est plus un ami. Il est un fardeau.
Le monde médiatique sportif québécois est fracturé. Des décisions non assumées. Des congédiements par omission. Des carrières suspendues dans le vide. Et un malaise permanent.
Ce que tout cela exige, ce n’est pas seulement du silence ou de la discrétion. C’est du courage. Le courage de Bell de dire si Bouchard reviendra ou non. Le courage de donner à Louis Jean la tribune qu’il mérite. Le courage de reconnaître les erreurs et de faire table rase.
Parce qu’un plateau télé n’est pas un lieu de fantômes. C’est un espace de vérité. Et tant que le nom de Yanick Bouchard fera trembler les lèvres, le malaise ne disparaîtra pas. Il s’intensifiera.
Il faut trancher. Il faut assumer. Il faut replacer les bons visages aux bons micros.
Et surtout, il faut que le prochain lapsus ne soit pas encore le malaise de l'année.