Commotion dans le vestiaire des Islanders : Patrick Roy est dans l'eau chaude

Commotion dans le vestiaire des Islanders : Patrick Roy est dans l'eau chaude

Par André Soueidan le 2025-09-09

Patrick Roy croyait avoir tout vu.

Après les Jeux olympiques, les Coupes Stanley, les caméras, les crises, les conférences de presse qui tournent au carnage… il pensait peut-être qu’à 58 ans, il avait déjà traversé le feu.

Mais la vérité, c’est que le brasier commence à peine. Et cette fois, il n’est pas à l’origine de l’incendie. Il est pris dedans.

Deux signatures. Deux joueurs. Deux noms qui, seuls, pourraient passer sous le radar.

Mais mis ensemble, ils transforment le vestiaire des Islanders en champ de mines.

Parce que ces deux joueurs ont un passé commun. Un lien indéfectible.

Une histoire de fraternité qui remonte à l’âge de 10 ans.

Une coupe Jimmy-Ferrari remportée ensemble avec les Lions du Lac St-Louis. Une relation fusionnelle. Et un passif lourd avec le hockey professionnel.

Jonathan Drouin. Anthony Duclair.

Deux anciens prodiges qu’on a encensés trop tôt.

Deux carrières qui ont déraillé. Deux joueurs qu’on a trop vite traités comme des déceptions.

Deux hommes qui reviennent ensemble, dans le même vestiaire, sous les ordres d’un entraîneur qui n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pense.

Patrick Roy.

Et là, tout dérape.

Parce que l’an dernier, Duclair a mangé une volée publique.

Une humiliation en règle. Roy avait lancé aux médias que son joueur était « franchement mauvais ».

Pas un mot de trop. Pas un dérapage. Juste une déclaration clinique, froide, destructrice. Et tout le monde l’avait entendu.

Duclair avait quitté l’équipe pour prendre une pause.

Plus personne ne s’attendait à le revoir sous les ordres de Roy. Mais il est revenu.

Officiellement, la hache de guerre est enterrée. Officieusement, tout le monde sent que la terre est encore chaude.

Et voilà que Drouin s’ajoute à l’équation.

Drouin, le frère d’âme de Duclair. Drouin, qui a lui aussi connu la descente aux enfers, notamment à Montréal.

Drouin, qui a vu sa vie virer au cauchemar dans un marché qui attendait trop de lui, trop vite.

Drouin, qui a vu son numéro 27 être retiré au midget AAA quinze ans après avoir régné avec Duclair.

Aujourd’hui, les deux se retrouvent. Même uniforme. Même organisation. Même coach.

Et ce coach, c’est Patrick Roy. Le volcan.

Tout est prêt pour une explosion.

Ce n’est pas une question d’attitude.

Ce n’est pas une question de talent.

C’est une question de dynamique humaine.

Roy est reconnu pour sa franchise brutale.

Il n’a pas de filtre. Et tant mieux, c’est ce qu’on aime chez lui.

Mais Duclair n’a jamais oublié le traitement qu’il a subi.

Et maintenant qu’il revient, qu’il est plus fort, plus mature, il ne viendra pas s’écraser.

Et surtout, il ne revient pas seul.

Drouin, dans sa version 2025, n’est plus l’enfant perdu du Canadien.

Il revient de deux années solides au Colorado. 93 points en 122 matchs.

Un contrat de deux ans, huit millions.

Une sécurité. Une stabilité. Et un aplomb qu’il n’avait jamais montré à Montréal.

Il sait qui il est. Et il sait d’où il vient.

Il vient des Lions du Lac St-Louis.

Il vient du même vestiaire que Duclair.

Il vient d’une époque où le plaisir de jouer était plus fort que la peur de se faire réduire en miettes dans les médias.

Et c’est ce qu’il vient chercher à New York.

Mais Patrick Roy n’est pas MacKinnon. Il n’est pas Rantanen. Il n’est pas Darche. Il est Patrick Roy.

Il n’a pas changé. Et il devra composer avec deux hommes qui, même s’ils le respectent, ne se laisseront pas écraser.

Et Roy, dans tout ça?

Il hérite d’un duo solidaire, indélogeable, imperméable à la pression interne.

Deux gars qui, ensemble, peuvent faire des flammèches. Mais qui, mal gérés, peuvent aussi s’éteindre et contaminer un vestiaire.

Le passé est là, en filigrane. Les anciennes blessures. Les vieilles déceptions. Les jugements expéditifs. Et la mémoire du hockey est très longue.

Les journalistes new-yorkais attendent déjà le premier mot de travers.

Le premier accrochage en conférence de presse. Le premier regard noir. Le premier match où Roy cloue Duclair au banc. Le premier match où Drouin se fait réprimander publiquement.

Et là, tout peut sauter.

Ce n’est pas du sensationnalisme.

C’est une réalité délicate. Patrick Roy est dans l’eau chaude parce qu’il devra faire ce qu’il n’a jamais réussi à faire comme entraîneur : gérer les émotions.

Pas les siennes. Celles des autres.

Il ne pourra pas brusquer. Il ne pourra pas provoquer. Il devra composer. Nuancer. Prendre sur lui.

Et c’est exactement là où il est le plus vulnérable.

Le Patrick Roy version joueur brisait des bâtons.

Le Patrick Roy version Colorado brisait des caméras. Le Patrick Roy version Islanders devra briser le cercle vicieux de la tension interpersonnelle.

Sinon, ce ne sera pas seulement une saison compliquée.

Ce sera une commotion interne.

Et cette fois, elle ne viendra pas de l’adversaire. Elle viendra de l’intérieur.

Patrick Roy est dans l’eau chaude. Parce que les fantômes du passé ont mis un chandail des Islanders.

Et cette fois, ils parlent tous les deux français.

À suivre ...