Une page d’histoire s’apprête à se tourner à Manhattan.
Ce n’est pas encore officiel, mais tout pointe dans la même direction : Mika Zibanejad a bel et bien disputé ses derniers matchs sous les couleurs des Rangers de New York.
Et dans un été déjà marqué par des mouvements énormes à travers la LNH, ce divorce programmé entre le centre et la franchise new-yorkaise risque de faire trembler plus qu’une seule organisation.
Le journaliste Arthur Staple de The Athletic l’a confirmé : les deux clans sont d’accord pour dire qu’un échange est dans le meilleur intérêt de chacun. Zibanejad, 32 ans, en est à la mi-chemin d’un contrat colossal de 8 ans, 8,5 millions $ par saison, assorti d’une clause de non-mouvement complète. En d’autres mots : il décide où il va. Et c’est justement là où se complique.
Zibanejad n’est plus l’homme flamboyant qui inscrivait 41 buts en 57 matchs en 2019-2020. L'an dernier, malgré une récolte honnête de 62 points (20 buts, 42 passes), il a clairement ralenti. Trop lent, trop passif, accuse une partie des partisans qui n'ont pas digéré une autre exclusion des séries.
Et au sein même de l’organisation, le vent a tourné. On ne veut plus d’un contrat aussi lourd, aussi long, aussi rigide. Avec encore 4 ans à courir, le pacte de Zibanejad est aujourd’hui perçu comme un boulet. Un « salary dump » pur et dur. Et dans la nouvelle ère de flexibilité prônée par le DG Chris Drury, ce contrat n’a plus sa place. L’objectif est clair : faire disparaître son salaire. Sans retenir un seul sou.
Mais attention : on parle d’un joueur avec une clause de non-mouvement complète. Aucun échange ne pourra se faire sans son aval. Or, le Suédois semble prêt à tourner la page. Il a récemment mis en vente sa maison de New York pour la somme faramineuse de 13 millions $. Un geste symbolique, mais sans équivoque.
Zibanejad n’est pas le seul à être poussé vers la sortie. Chris Kreider, son grand complice, a déjà été échangé aux Ducks d’Anaheim. Un autre pilier de l’époque Gorton quitte le navire.
Car les Rangers sont en mode réinitialisation. Mike Sullivan a été engagé comme nouvel entraîneur. Des rumeurs entourent Alexis Lafrenière. K’Andre Miller est sur le marché. Will Cuylle est en attente de contrat. Et au milieu de ce raz-de-marée, Zibanejad devient un luxe que l’équipe ne peut plus se permettre.
Drury cherche de la robustesse, de la jeunesse, et de la flexibilité salariale. Et dans ce contexte, un joueur de centre à 8,5 millions $ jusqu’en 2031 devient indésirable.
Selon certaines sources, les Maple Leafs de Toronto seraient intéressés à Zibanejad. Pas le Canadien de Montréal, et avec raison.
À Montréal, on ne veut pas de ce contrat. Et ce, même si les Rangers seraient ouverts à l’échanger contre un salaire moindre, comme celui de Josh Anderson (5,5 millions $ jusqu’en 2027). Même dans ce scénario, le CH refuse. Trop cher. Trop long. Trop risqué.
C’est quand même fou d’y penser : Mika Zibanejad, un centre numéro un établi, est aujourd’hui si difficile à échanger que les Rangers pourraient devoir ajouter un choix de repêchage ou un espoir pour convaincre une équipe de l’accepter.
On parle ici d’un ancien premier centre, porteur d’un "C" virtuel pendant plusieurs saisons, que New York serait prêt à donner, ou presque, pour s’en débarrasser.
Le parallèle est frappant : Kent Hughes a obtenu un choix de première ronde pour absorber le contrat de Sean Monahan. Il a obtenu un choix de deuxième ronde en acceptant le contrat de Patrik Laine. Le directeur général du Canadien sait flairer les opportunités quand une équipe veut se libérer d’un contrat. Mais Zibanejad? Trop pesant.
Les vraies priorités de Montréal : Miller et Lafrenière
Pendant que le nom de Zibanejad circule, le véritable champ de bataille entre Montréal et New York se situe ailleurs : K’Andre Miller et Alexis Lafrenière.
Dans le cas de Miller, le CH est très intéressé. Mais les négociations viennent de prendre une tournure amère. Les Sabres de Buffalo offriraient Bowen Byram pour Miller. Les Kings, eux, proposent Jordan Spence et un choix de 1ère ronde. (pas assez) Résultat : les Rangers exigent un défenseur établi en retour.
Pour Montréal, cela voudrait dire sacrifier Kaiden Guhle. Et c’est un non catégorique. Kent Hughes voulait plutôt offrir ses choix 16 et 17, mais ce ne sera pas suffisant. Les Rangers veulent du prêt-à-jouer.
Ajoutez à cela un autre casse-tête : les Rangers doivent encore décider s’ils envoient leur 12e choix au total de 2025 aux Penguins… ou s’ils gardent ce choix et cèdent un choix non protégé en 2026, une classe de repêchage nettement plus relevée. Ce dilemme pourrait avoir un effet domino sur leur volonté d’ajouter ou non des choix dans le dossier Miller.
Et pendant ce temps, le nom de Lafrenière ne quitte jamais les coulisses. Montréal continue de surveiller son dossier de près, sachant qu’un mouvement de cap comme une offre hostile à JJ Peterka pourrait forcer les Rangers à faire un choix déchirant.
Le problème pour Drury, c’est que chaque jour où Zibanejad est encore dans son alignement est un jour perdu. Son contrat est un frein à toute manœuvre d’offre hostile, à l’embauche d’un agent libre comme Vladislav Gavrikov, ou même à la signature des jeunes Rempe, Cuylle et Edström.
Drury veut du changement. Il a lancé le bal avec Kreider. Il doit maintenant se libérer de Zibanejad s’il veut réellement transformer son équipe. Mais à force de garder l’attaquant trop longtemps, il perd en effet de levier. Le message envoyé aux autres DG est clair : « Aidez-moi à le sortir d’ici. » Ce n’est plus un joueur vedette qu’on échange. C’est un contrat qu’on expulse.
Mika Zibanejad est le symbole d’une époque révolue chez les Rangers. Une époque de constance, mais pas de conquête. Une époque de gros contrats et de loyauté… mais pas de résultats. À mesure que les Rangers tentent de se réinventer, le Suédois est devenu le dernier vétéran indésirable d’un château qui s’écroule.
Le seul problème? Ce château coûte 8,5 millions $ par année. Pour quatre. autres années.
Et maintenant, tout le monde dans la LNH le sait.